mardi 31 mars 2009

Colette Braeckman à propos de l’opération conjointe menée par Kabila et Kagame en RDC

Source Rédaction IWACU 25-03-2009

Spécialiste de la Région des Grands Lacs au quotidien belge « Le soir », Colette Braeckman analyse les derniers développements dans la crise qui secoue l’Est de la RDC.

Pourquoi Kagame a lâché Nkunda ?

On ne connaît pas tout à fait le fond de l’histoire. Il faudrait que les langues se délient. C’était une opération assez secrète dont la soudaineté a surpris tout le monde. Je crois que ce qui a beaucoup joué pour Kagame, c’est que les pays importants comme la Norvège, la Suède et les Pays-Bas avaient suspendu leur coopération. Les Anglais qui étaient des bailleurs influents avaient menacé de faire la même chose. Du point de vue financier, il y avait déjà cette pression des bailleurs, ensuite est venu le rapport des experts de l’ONU. Le Rwanda avait toujours dit qu’il n’avait aucun lien avec Nkunda, que celui-ci était autonome. Or, dans ce rapport, les experts ont démontré avec des exemples précis que ces liens existaient, que des démobilisés du Rwanda allaient combattre dans les rangs de Nkunda et que ce dernier recrutait au Rwanda et que la frontière était ouverte, etc. Les Américains sont entrés en jeu et ont dit qu’ils ne pouvaient pas continuer à les aider. C’est au moment où Kagame recevait Louis Michel - moi-même j’étais présente - que le président rwandais a déclaré que Nkunda faisait du tort à l’image de son pays. Alors, à ce moment là, Nkunda devenait nocif pour le Rwanda.

Qu’est-ce qui aurait motivé le président rwandais à placer sa confiance en la personne de Jean Bosco Ntaganda?

Ce sont des instruments. Kagame a placé Bosco parce que lui-même a combattu dans les rangs de l’armée rwandaise et Ntaganda est un homme plus docile. Peut- être pas par son caractère, mais c’est un homme menacé car il y a un mandat d’arrêt de la Cour pénale contre sa personne. Il avait tout à gagner à se réconcilier avec Kinshasa et à marchander le fait de ne pas être livré à cette Cour et donc de faire entrer le CNDP dans les forces gouvernementales congolaises.

Pourquoi Kagame a lâché Nkunda ?

On ne connaît pas tout à fait le fond de l’histoire. Il faudrait que les langues se délient. C’était une opération assez secrète dont la soudaineté a surpris tout le monde. Je crois que ce qui a beaucoup joué pour Kagame, c’est que les pays importants comme la Norvège, la Suède et les Pays-Bas avaient suspendu leur coopération. Les Anglais qui étaient des bailleurs influents avaient menacé de faire la même chose. Du point de vue financier, il y avait déjà cette pression des bailleurs, ensuite est venu le rapport des experts de l’ONU. Le Rwanda avait toujours dit qu’il n’avait aucun lien avec Nkunda, que celui-ci était autonome. Or, dans ce rapport, les experts ont démontré avec des exemples précis que ces liens existaient, que des démobilisés du Rwanda allaient combattre dans les rangs de Nkunda et que ce dernier recrutait au Rwanda et que la frontière était ouverte, etc. Les Américains sont entrés en jeu et ont dit qu’ils ne pouvaient pas continuer à les aider. C’est au moment où Kagame recevait Louis Michel - moi-même j’étais présente - que le président rwandais a déclaré que Nkunda faisait du tort à l’image de son pays. Alors, à ce moment là, Nkunda devenait nocif pour le Rwanda.

Qu’est-ce qui aurait motivé le président rwandais à placer sa confiance en la personne de Jean Bosco Ntaganda?

Ce sont des instruments. Kagame a placé Bosco parce que lui-même a combattu dans les rangs de l’armée rwandaise et Ntaganda est un homme plus docile. Peut- être pas par son caractère, mais c’est un homme menacé car il y a un mandat d’arrêt de la Cour pénale contre sa personne. Il avait tout à gagner à se réconcilier avec Kinshasa et à marchander le fait de ne pas être livré à cette Cour et donc de faire entrer le CNDP dans les forces gouvernementales congolaises.

Comment jugez-vous cette opération conjointe du Rwanda et du Congo?

Personne n’a réussi à neutraliser les FDLR. La MONUC a échoué, et même le RCD qui était puissant au Kivu et l’armée rwandaise ont tous échoué. Si l’armée rwandaise et le RCD faisaient une opération contre les FDLR, les Maï Maï disaient qu’il s’agit d’une invasion rwandaise. Ils soutenaient les FDLR et l’opération échouait. Inversement, si c’était le Gouvernement qui entamait l’opération alors le Rwanda n’était pas content parce qu’il y avait un déploiement militaire et ils le faisaient échouer. La seule façon de réussir, c’était de travailler ensemble. La seule force militaire qui connaît le terrain et assez motivé pour combattre les FDLR, c’est l’armée rwandaise. Personne d’autre ne va risquer sa vie dans les forêts du Kivu. Ni les Indiens de la MONUC ni les Congolais. Techniquement, je trouve que c’est une bonne idée. Maintenant au niveau des résultats, c’est qu’il n’y a pas d’informations. On ne sait pas ce qui se passe dans les forêts du Nord et du Sud Kivu.

Pourquoi ces deux pays ont tant attendu pour se mettre ensemble?
Il y avait une méfiance énorme entre les deux. C’est une longue histoire de trahison, de guerre et d’agression. Les Congolais se méfiaient fortement du Rwanda parce qu’ils dénonçaient les infiltrations et le pillage des ressources. Le Rwanda se méfiait du Congo en estimant que certains FDLR ont combattu contre lui et ont été incorporés dans l’armée congolaise. Si Kabila collabore avec nos ennemis, il est aussi un ennemi. Maintenant, j’ai l’impression qu’il s’agit d’un mariage de raison. Et j’ai plus tendance à faire confiance au mariage de raison qu’au mariage de sentiment. Parce que le premier est fondé sur des intérêts réciproques. C’est donc une démarche réaliste et raisonnable.

L’opération vous inspire-t-elle confiance ?

J’ai assez d’espoir. Ce n’est pas une opinion majoritaire. L’opinion internationale est d’une manière générale assez critique. Elle a tendance à dire que si c’est pas elle qui organise, ça n’ira pas du tout. Je suis optimiste pour une raison inverse. Si ce sont les forces africaines qui décident elles-mêmes de faire la paix et d’avancer, cela a plus de chance de réussir que si c’est une paix imposée de l’extérieur.

Comment expliquez-vous aujourd’hui que l’armée rwandaise commence à se retirer du Congo alors que l’objectif de cette opération n’est pas encore atteint ?
Là, il y a des problèmes politiques. Pour le Président Kabila, c’est une opération politiquement très risquée. Tout le monde le critique car il a fait entrer l’armée rwandaise. Il doit montrer que cette dernière n’est pas là pour rester et qu’elle va sortir de façon très spectaculaire. J’ai quand même l’impression que certains vont rester. L’opération a été un succès car ils ont réussi à démanteler surtout les bases. Ils ne vont peut être pas faire rentrer tous les Hutus mais ils ont cassé les bases de commandement. Le signal politique qui a été donné est que ces gens n’ont plus d’avenir comme organisation politico-militaire et qu’ils doivent désormais rentrer.

par Elyse Ngabire
Guibert Mbonimpa

Dernière mise à jour : ( 25-03-2009 )

RDC: nouveaux combats dans le district de l'Ituri

31/03/2009
Des combats opposent depuis samedi des miliciens du Front populaire pour la Justice au Congo (FPJC) et l'armée congolaise dans le district toujours troublé de l'Ituri, dans le nord-est de la République démocratique du Congo (RDC), et ont provoqué d'importants déplacements de population, selon l'agence de presse associée (APA), reçue mardi à Bruxelles.

Ces affrontements se déroulent dans la collectivité de Walendu-Bindi, à une quarantaine de kilomètres au sud de Bunia, chef-lieu du district de l'Ituri, en province Orientale. Le leader du groupe armé FPJC, Sharif Manda, a annoncé la conquête de plusieurs localités jadis sous contrôle des Forces armées de la RDC (FAARDC) notamment Tchey, Gety et Bavi, a précisé la radio onusienne Okapi. De son côté, un officier des FARDC a affirmé que l'armée nationale avait chassé depuis dimanche ces miliciens qui occupent actuellement leurs anciennes positions. Aucun bilan de ces affrontements n'était disponible lundi. Mais ils ont provoqué d'importants mouvements de population, selon l'APA et Radio Okapi, parrainée par l'ONU. (GFR)

lundi 30 mars 2009

Grâce au "Garage Cardok", une voiture peut en cacher une autre!


Grâce au garage Cardok, une voiture peut en cacher une autre

Paru le 2009-03-27 16:21:00 | 11347 lectures

Pour maximiser l'espace, les Anglais sont de plus en plus nombreux à faire construire un garage Cardok, une plate-forme qui se cache dans le sol. Un système qui protège également le véhicule des intempéries.

Crédits Photos : DR

dimanche 29 mars 2009

Une coalition des partis politiques serait en voie de conception pour faire face au CNDD FDD aux présidentielles de 2010

Burundi Tribune
Bujumbura, 2009-03-27 (www.burunditribune.com)

Depuis quelques temps, des informations qui circulent dans les coulisses font état d’une éventuelle coalition des partis politiques en cours de préparation pour faire face au parti au pouvoir lors des élections de 2010. Décidément, ces rumeurs risquent de devenir réalité. En effet, des sources bien informées indiquent que des délégations du parti FRODEBU et du mouvement MSD en instance d’agrément se seraient rendues à Dar-es Salaam, en Tanzanie, en vue de s’entendre sur cette question. Dans cette rencontre, le FRODEBU aurait été représenté par trois de ses responsables, en l’occurrence, Léonce NGENDAKUMANA, le président de ce parti, Pancrace CIMPAYE, son pote parole, ainsi que Domitien NDAYIZEYE, le candidat déjà choisi pour représenter ce parti aux élections de 2010. Le MSD quant à lui aurait été représenté par son président Monsieur Alexis SINDUHIJE. Bien que certains disent que ces personnalités seraient parties pour des raisons personnelles et privées, il est difficile de croire comment une telle coïncidence puisse être gratuite. Faisons remarquer que d’autres formations politiques sont soupçonnées comme étant des candidats potentiels à cette coalition ; c’est notamment le FNL d’Agathon RWASA ainsi que le parti UPD Zigamibanga. En effet, tous ces partis ont des avantages qui, mis en complémentarité, constitueraient une force plus que redoutable.

BURUNDI : CONSTITUTION ET DU CODE ELECTORAL: Conférence Nyangoma

CONFERENCE DE PRESSE SUR LA NECESSITE D’UN AMENDEMENT DE LA CONSTITUTION ET DU CODE ELECTORAL DE LA REPUBLIQUE DU BURUNDI POUR LE TENUE DES ELECTIONS LIBRES ET IMPARTIALES



Par Léonard NYANGOMA

Député et Président du Parti CNDD



Bujumbura le 27 Mars 2009



0. Introduction



Excellence…

Honorables parlementaires

Mesdames, Messieurs les journalistes

Distingués invités,



Je vous remercie d’être venus assister à cette conférence. Votre présence témoigne de votre grand intérêt pour le débat nécessaire autour des textes fondateurs de notre jeune démocratie. Aujourd’hui je me propose d’exposer les motifs majeurs qui justifient l’amendement de la constitution et de notre code électoral de notre pays.



A. A propos de la constitution



1. L’amendement de la constitution est envisageable parce que toute loi est susceptible de révision : la constitution elle-même prévoit en son titre XIV, les conditions de sa révision ; mais surtout parce qu’il y a dans la constitution des insuffisances et des imperfections qu’il convient de corriger pour enraciner davantage notre démocratie.



2. En général, on peut distinguer deux types de révision constitutionnelle : d’une part celle destinée à corriger les lacunes et les insuffisances observées dans le fonctionnement des institutions et l’application de la constitution, et d’autre part celle qui marque un tournant décisif dans l’orientation du régime. Celle que nous proposons relève de la première catégorie.



3. Le premier motif est politique et concerne la Commission Electorale Nationale Indépendante-CENI. Organe clé dans la compétition politique, la commission électorale est souvent, et c’est normal, l’objet de disputes, parce que sa partialité peut fausser le jeu démocratique. C’est pourquoi les textes la régissant doivent être à la fois clairs, complets et surtout prévoir des dispositions garantissant son honnêteté, son équilibre, sa compétence et son efficience. Or, nous pensons que ce n’est pas le cas pour notre CENI, aussi bien au niveau de la loi fondamentale qu’à celui du code électoral.



4. Certes nous avons enregistré une avancée avec le décret rendant la CENI permanente, mais il faut aller encore plus loin. Pour la rendre plus efficace, il faut augmenter le nombre de ses membres. Notre demande d’augmentation du nombre de membres est fondée sur le volume élevé des tâches dévolues à cet organe.



5. Dans les pays francophones, les CEI sont nommés par le Président de la République : au Sénégal, au Cameroun, en Guinée ou désignés par l’Assemblée Nationale au Togo et en Côte d’Ivoire. Mais dans la plupart des cas c’est une large concertation qui précède la nomination ; soit des principaux acteurs politiques, soit des associations ou organisations de la société civile ou des deux.



6. Ce qui est essentiel à nos yeux, c’est le souci d’avoir une CENI politiquement impartiale. Cela ne saurait être garanti si une seule famille politique, fût-ce celle du chef de l’Etat, avait le monopole de la désignation des membres de la CENI. La postulation d’une CENI indépendante sera respectée, à notre humble avis, s’il y a une large concertation, mieux, s’il y a une parité entre les membres désignés par la majorité et ceux désignés par l’opposition parlementaire.



7. Ce souci d’équilibre nous pousse donc à proposer l’amendement de l’article 90 afin que la CENI comprenne 5 personnalités désignées par le parti ou la coalition au pouvoir, 5 par les membres de l’opposition parlementaire, 2 membres de la société civile et un magistrat, tous connus pour leur intégrité morale, leur indépendance et leur impartialité.



8. L’autre changement majeur que nous jugeons nécessaire concerne la création du poste de Premier Ministre à la place d’un des deux vice-Présidents. En effet, la situation actuelle dilue le leadership gouvernemental avec un président et deux vice-Présidents. Qui exactement engage la responsabilité gouvernementale devant le Parlement ? Pour mettre fin à cette situation pour le moins confuse, nous pensons qu’il faut revoir notamment les articles 92 et 108 et instaurer un Premier Ministre chef du gouvernement, issu de la majorité parlementaire, qui peut engager sa responsabilité en posant la question de confiance et éventuellement essuyer une motion de censure. De plus l’article 129 pourrait être modifié pour que n’entrent au gouvernement que les partis ayant réuni 10% au moins des votes. Cela évitera ou limitera la cacophonie au gouvernement.



9. Outre ces amendements, nous proposons des dispositions visant notamment à :



- Prévenir le régionalisme

- Donner plus de clarté et de précision à certains articles

- Sanctionner le non-respect de la disposition relative à la déclaration du patrimoine, nécessaire pour la prévention de l’enrichissement illicite

- Donner à la CENI un délai suffisant pour préparer les élections

- Prévenir les risques de conflit en cas de cohabitation entre un Président de la République et un Premier Ministre issus de deux familles politiques

- Donner plus de précision à l’article relatif à la déclaration de patrimoine

- Prévenir d’éventuels engagements irréalistes du gouvernement ou du chef de l’Etat en cours d’exercice budgétaire.

- Encadrer les finances en cas d’augmentation subite des recettes de l’Etat

- Soumettre le CNC, un organe important de régulation de la démocratie, à l’approbation du Sénat pour s’assurer de la qualité de ses membres (187).

- Ajouter un article pour : Préciser les modalités et les effets d’une motion de censure ; Renforcer le contrôle de l’action gouvernementale par le Législatif (après l’article 203)

- Ajouter un article pour : Donner au Premier Ministre les moyens de jauger la confiance dont jouit son gouvernement par la question de confiance et d’en tirer les conséquences politiquement (après le précédent)

- Ajouter un article pour renforcer les pouvoirs et l’indépendance de la magistrature

- Relativiser le poids du Gouvernement dans la désignation des membres du Conseil Supérieur de la Magistrature, ce qui renforce l’indépendance du pouvoir Judiciaire ; Equilibrer au sein du Conseil Supérieur de la Magistrature la représentativité des divers secteurs du Judiciaire (217)

- Donner à l’Ombudsman, institution constitutionnelle, et aux partis politiques, animateurs clés de la vie politique de la nation, la latitude de saisir la cour constitutionnelle aux fins d’interpréter la constitution (228)

- Supprimer le caractère irrévocable au premier degré des décisions de la Cour constitutionnelle. Sauvegarder une possibilité de recours devant la Haute Cour de justice au nom du principe de double juridiction (231)



Voilà, Excellences, Mesdames et Messieurs, les motifs qui justifient notre désir de voir amendée notre constitution.



B. Au sujet du Code électoral



0. La loi N° 1/ 015 du 20 avril 2005 portant code électoral de la République du Burundi a besoin d’être amendée pour de nombreuses raisons. L’objectif est de combler les multiples lacunes constatées. Les ajouts et modifications proposés visent principalement les buts importants résumés ci-après.



1. Il s’agit notamment d’expliciter et clarifier la nature, la composition et les attributions de la Commission électorale Nationale indépendante ce qui nous a amené à proposer près de vingt articles nouveaux la concernant.



2. Véritable centre névralgique des élections, cet organe est généralement l’objet de conflits. Pour prévenir les récriminations, il est souhaitable qu’elle soit politiquement paritaire, afin de garantir son équilibre et son impartialité.



4. Le renouvellement partiel de ses membres permettra la rotation en évitant une déperdition de l’expérience acquise.



5. L’autonomie et la budgétisation des charges de la CENI sont nécessaires pour lui donner l’indépendance et la capacité d’anticipation nécessaires à ses missions.

7. Il faut veiller à donner le temps suffisant aux électeurs et aux organisateurs de prendre toutes les dispositions pour être prêts le jour J. La CE NI doit s’assurer que l’organisation connaît des avancées dans les préparatifs avant de convoquer le corps électoral.



8. Le fichier électoral est fondamental. Il faut s’assurer qu’il ne sera pas truqué. Il serait important que la composition des commissions chargées du fichier électoral soit précisée dans le Code Electoral. Les modalités de son élaboration ne peuvent être du seul ressort de la CENI. La présence des membres des partis pourrait contribuer à l’engouement de la population à se faire inscrire.



9. Un fichier électoral permanent est plus fiable et moins onéreux qu’un fichier ponctuel et propre à chaque élection. Cette permanence est un gain de temps et d’argent.



10. Un contrôle avant la délivrance de la carte d’électeur est nécessaire. Elle ne peut donc pas être délivrée sur place et avant de donner la carte définitive il faut s’assurer qu’il n’y a pas de doublons, d’inscription frauduleuse d’étrangers ou de mineurs.



11. Les règles relatives à la tenue du fichier électoral doivent être spécifiées dans le Code électoral. On ne saurait laisser la CENI faire comme bon lui semble sans garde-fous.



12. Il faut que les électeurs et les partis politiques aient le temps de prendre connaissance des listes électorales et d’introduire des recours s’il y a lieu.



18. Le Bulletin unique : Il est absolument nécessaire pour éviter la violation du secret électoral marquée par la sortie des bulletins des candidats non choisis comme l’atteste le rapport de la CENI de déc. 2005 : « En effet, il a été constaté certaines pratiques de nature à refléter des irrégularités comme le fait de rentrer avec des bulletins comme témoignage sur les partis pour lesquels on n'a pas voté ce qui pouvait donner lieu à un contrôle en dehors des enceintes directes des lieux de vote. »



19. L’insuffisance des bulletins de vote dans des bastions de l’opposition est un des trucs utilisés pour frauder. Il faut donc poser des balises contre cette éventualité.



20. Garantir l’équilibre politique des bureaux de vote permet de prévenir toutes sortes de fraude et la manipulation des résultats électoraux.



21. Il faut préciser les délais de transmission et les modalités de répartition des procès verbaux.



22. Il est important de renforcer le pouvoir de contrôle de tous les protagonistes impliqués dans les élections et de leurs donner les moyens de leurs recours éventuels car en cas de recours, seuls les écrits sont pris en compte.



Excellences, Honorables, Mesdames Messieurs les journalistes,

Nos propositions d’amendement du code électoral, que ce soit la série d’articles ajoutés ou les modifications, n’ont d’autre but que d’aller vers des élections libres, transparentes, équitables pour tous. Le désaccord sur les fondements de notre démocratie ne saurait être ignoré. Et c’est en discutant, franchement, logiquement, en visant l’intérêt général, que nous finirons par accorder nos points de vue



Conclusion



Nous en convenons, on ne doit penser à modifier la constitution qu’avec une extrême prudence. Mais la loi, même fondamentale, est faite pour les hommes, pour le bon fonctionnement des institutions. C’est donc dans ce but que nous proposons des amendements. Une CENI fiable et équilibrée, justifie une révision de la loi fondamentale et de la loi électorale.

Au sujet de cette dernière, de nombreux aménagements sont, nous l’avons souligné, d’une urgente nécessité. De la liste électorale au bulletin unique de vote, de l’observation des élections à la répartition des procès-verbaux, aucune précaution ne pourrait être de trop.

En outre et parce que tout ce que nous faisons doit être compris par le peuple burundais et en particulier les acteurs politiques, tous les textes et autres documents en particulier à caractère législatif doivent avoir une version en langue nationale le Kirundi. Les pouvoirs publics ont notamment le devoir de vulgariser ces textes et se donner le temps nécessaire pour que la population puissent les assimiler.

Voilà pourquoi mon parti, le CNDD, entend se joindre aux autres partis et organisations de la société civile soucieux de garantir des bases solides à notre démocratie multipartite, afin qu’ensemble nous prenions les initiatives nécessaires pour faire aboutir ces amendements tant souhaités.



Je vous remercie.



BUJUMBURA, le 27 Mars 2009

Député, Léonard NYANGOMA

La semaine du développement durable 2009 commence mercredi

Maxisciences
L'édition 2009 de la semaine du développement durable, consacrée cette année à la consommation durable, se tiendra du 1er au 7 avril prochains. Lire la suite l'article
Photos/Vidéos liées La semaine du développement durable 2009 commence mercredi
Avec près de 3 000 manifestations partout en France, cette 7e édition est d'ores et déjà un succès, preuve de l'intérêt croissant des Français pour le développement durable. Entreprises, associations, collectivités territoriales, administrations, établissements scolaires... tous se mobilisent pour sensibiliser le grand public à la consommation durable.

Afin d'aider le consommateur à mieux repérer les produits les plus respectueux de l'environnement, le ministère de l'Environnement a annoncé, en parallèle de la manifestation, le lancement d'une grande campagne d'information et de sensibilisation aux écolabels.

Dans un communiqué, le ministre de l'Écologie Jean-Louis Borloo déclarait : "Nos habitudes de consommation ont un impact direct sur les problématiques de développement durable. Adopter une consommation responsable, c'est agir au quotidien pour réduire les émissions de gaz à effet de serre, protéger la biodiversité, favoriser les économies d'énergie.... La semaine du développement durable est essentielle pour sensibiliser le plus grand nombre à ces enjeux".

samedi 28 mars 2009

Se faire payer aide à arrêter de fumer

Les pouvoirs publics, les médecins, les bons amis... tout le monde est prêt à tout pour convaincre les fumeurs de renoncer à la cigarette. Et pourtant, l'une des méthodes les plus efficaces pour arrêter consiste froidement à se faire payer. C'est en tout cas la conclusion tirée par un étude récente.

De l'argent pour arrêter de fumer?

Quand une personne arrête de fumer, la première à économiser de l'argent, c'est bien sûr elle-même. Mais ça ne s'arrête pas là! L'entreprise où les fumeurs travaillent a tout à gagner à ce qu'ils renoncent à la cigarette à cause de la productivité augmentée, et la société entière aurait moins de malades à prendre en charge si plus personne ne fumait. C'est de là que vient l'idée de donner des incitations financières à l'arrêt du tabac.

Combien pour renoncer à la cigarette?

Dans une étude publiée le mois dernier dans le New England Journal of Medicine, une grande entreprise a lancé une étude comparative. Un groupe se ses salariés a reçu une information concernant des programmes d'aide pour arrêter de fumer. Un autre groupe équivalent a reçu la même information, mais aussi une incitation financière à suivre ces programmes, et à arrêter de fumer: l'entreprise offrait 100$ (l'équivalent de 76€ environ) à ses salariés pour suivre dans son entièreté un programme consacré à l'arrêt du tabac, 250$ pour un sevrage de 6 mois, et 400$ pour un sevrage de six mois de plus. La durée de la période sans cigarette était confirmée par un test scientifique, pour éviter les tricheurs… Résultat? Les taux de cessation tabagique à toutes les périodes étaient significativement plus importants dans le groupe qui recevait de l'argent pour arrêter que dans le groupe qui avait simplement reçu l'information. Le taux de participation au programme d'aide au sevrage était lui aussi plus important.

Comment profiter de l'argent pour arrêter de fumer

Vous voulez arrêter de fumer, mais vous n'osez pas demander à votre patron de vous sponsoriser? ça peut se comprendre. Si la simple idée de l'argent que vous ne dépenserez plus une fois que vous aurez arrêté de fumer ne vous suffit pas, vous pouvez passer un contrat avec votre partenaire ou vos proches: il, elle ou ils mettront de côté l'argent que vous ne dépenserez pas en cigarettes, et ils vous le remettront, en tout ou en partie, au bout de trois, six ou neuf mois d'abstinence. L'incitation peut aussi se faire au jour le jour: en Ecosse et en Grande-Bretagne, la sécurité sociale a mené des tests qui consistaient à donner une quinzaine d'euros par semaine aux personnes ayant arrêté de fumer (en général, cette somme était donnée sous forme de bons pouvant servir à acheter de la nourriture). Là encore, la vérité du sevrage était vérifiée par des tests. Alors, une petite somme par semaine vous aidera-t-elle mieux qu'une grosse somme au bout de quelques mois? A vous de voir. Tant que vous trouvez la solution pour vous arrêter…

23/03/2009
Marion Garteiser, journaliste santé

K. Volpp, new England Journal of Medicine, février 2009

vendredi 27 mars 2009

Alexis Sinduhije, Portrait réalisé par Marc Kravetz, France culture.

Burundi : Note consultative conjointe, au rapport d'avancement annuel sur l'application du document de stratégie pour la réduction de la pauvreté

Source: International Monetary Fund (IMF)

Date: 10 Mar 2009

Rapport des services du FMI sur les économies nationales 09/91

I. INTRODUCTION

1. Le gouvernement du Burundi a approuvé son premier document de stratégie pour la réduction de la pauvreté (DSRP) en septembre 2006. Ce document a été examiné par les Conseils d'administration de la Banque mondiale et du FMI en mars 2007. Préparé avec la participation de toutes les parties concernées, le DSRP énonce quatre priorités : i) renforcer la gouvernance et la sécurité ; ii) promouvoir une croissance équitable et durable ; iii) mettre en valeur le capital humain en améliorant les services sociaux ; et iv) combattre le VIH/sida. Le premier rapport d'étape annuel, dont l'élaboration a fait l'objet d'une participation tout aussi importante que pour le DSRP de 2006, a été reçu par le FMI et la Banque le 6 novembre 2008.

2. L'évaluation des résultats économiques du Burundi dans le rapport correspond pour l'essentiel aux évaluations récentes des services. La lenteur observée dans la mise en oeuvre des réformes structurelles, la forte baisse de la production de café et la situation instable en matière de sécurité sont largement responsables de la croissance économique inférieure aux prévisions, surtout en 2007. Les mauvaises conditions météorologiques et le renchérissement du pétrole et des denrées alimentaires à l'échelle mondiale sont les principaux facteurs qui sous-tendent l'augmentation plus rapide que prévu des prix intérieurs à la consommation.

3. Les dépenses publiques sont en hausse depuis quelques années, reflétant la hausse des dépenses d'éducation et des autres dépenses sociales, ainsi que la croissance rapide de la masse salariale. La part des dépenses de lutte contre la pauvreté s'est accrue en 2007 grâce à la mise à disposition des ressources PPTE et à l'accroissement des recettes publiques. De plus, le gouvernement a révisé sa classification des dépenses anti-pauvreté afin de mieux suivre l'incidence des dépenses publiques programmées et effectives sur la pauvreté. Une forte hausse des taux de scolarisation au primaire et d'utilisation des services de santé a été possible grâce à l'augmentation des ressources allouées à ces secteurs et à la décision de l'État d'assurer la gratuité de l'enseignement primaire et des soins de santé pour les accouchements et pour les enfants de moins de cinq ans. L'accroissement de la masse salariale tient dans une large mesure à l'expansion des secteurs sociaux pour atteindre ces objectifs et aux effets de l'insécurité, qui a retardé le processus de démobilisation et la compression connexe de la masse salariale des administrations publiques.

4. Le rapport n'examine pas en détail les raisons du progrès plus lent que prévu des réformes structurelles, en particulier dans la filière café. Le vieillissement des plantations et le manque d'investissements dans les infrastructures et les unités de traitement sont les causes principales du récent déclin et des fortes fluctuations conjoncturelles de la production caféière, mais la lenteur dans la mise en place d'une stratégie efficace de restructuration explique aussi largement les contre-performances de ce secteur. Le gouvernement a désormais adopté un plan d'action global pour la réforme de la filière.

5. Les paragraphes suivants examinent de façon plus détaillée les résultats macroéconomiques du pays et les progrès réalisés en vue d'atteindre les principaux objectifs du DSRP.

Rapport_complet (pdf* format - 310,2 Kbytes)

Nicolas Sarkozy propose une «nouvelle donne» aux Africains



A Brazaville, en 1944, le général de Gaulle avait appelé les Africains à «participer chez eux à la gestion de leurs propres affaires». En 1958, il était de retour dans la capitale congolaise pour offrir l'indépendance «à quiconque la voudra». En mars 2009, son lointain successeur, Nicolas Sarkozy, a proposé hier, lors d'une courte visite à Brazzaville, une «nouvelle donne» aux Africains.

Dans un discours prononcé devant le Parlement, le chef de l'Etat français s'est inscrit dans la lignée des propos qu'il avait tenus au Cap, en Afrique du Sud, en février 2008. Comme si le discours polémique de Dakar, évoquant une Afrique hors de l'histoire, n'avait été qu'un accident... Dans un plaidoyer en faveur d'une relation franco-africaine renouvelée, débarrassée des scories de la Françafrique, il a souhaité «abolir ce que le passé a laissé d'obscurité (...)» sans prôner la «liquidation d'une relation ancienne, fraternelle (...)».

Exprimer cette volonté de renouveau tenait de la gageure dans un pays emblématique de la Françafrique, le Congo du président Denis Sassou Ngueso, où Elf-Aquitaine a connu de beaux jours. A quelques mois d'une élection présidentielle prévue pour juillet, Nicolas Sarkozy a voulu traduire sa profession de foi en actes: il a rencontré, durant une demi-heure, des représentants de l'opposition congolaise. Une première pour un chef de l'Etat de l'ancienne puissance coloniale.

Auparavant, devant les parlementaires, il avait rappelé que le Congo a signé en 2007 la Charte africaine de la démocratie qui l'engage à «promouvoir la tenue d'élections régulières transparentes, libres et justes (...)» Nicolas Sarkozy a également affirmé que la démocratie était un gage de stabilité car - explique-t-il - elle «assure la diffusion de la prospérité (...) vers le plus grand nombre.» Or le Congo de Sassou Nguesso est, précisément, un contre-exemple caricatural en la matière.

Sarkozy précise à Kinshasa ses propositions de paix pour la RDC



Philippe ALFROY

Au premier jour de sa tournée éclair en Afrique, le président français Nicolas Sarkozy a clarifié jeudi à Kinshasa son initiative controversée de paix pour la République démocratique du Congo (RDC) puis plaidé à Brazzaville en faveur de la "rénovation" des relations franco-africaines. Lire la suite l'article
Photos/Vidéos liées Sarkozy pour une nouvelle relation
Devant le Parlement de Kinshasa, M. Sarkozy s'est longuement attaché à lever les malentendus suscités en RDC par sa proposition, il y a deux mois, en faveur d'un partage "de l'espace" et des "richesses" minières entre la "grande" RDC et le "petit" Rwanda voisin.

Dans un discours aux termes soigneusement pesés, il a salué la "décision courageuse" du président Joseph Kabila d'avoir invité le Rwanda à l'opération militaire conjointe lancée en janvier pour nettoyer l'Est de son pays des rébellions, notamment celles des Hutu rwandais. "Je veux y voir les prémices d'une véritable refondation de la région", a assuré le président français.

Il a suggéré à tous les pays de l'Afrique des Grands lacs de donner un "nouvel élan" à leur coopération économique autour de "projets qui fédèrent" en matière de transports ou d'énergie, et même proposé d'accueillir à Paris en 2010 une conférence des bailleurs de fonds pour la soutenir.

Saluant "un géant" africain, Sarkozy a martelé que "la vocation du Congo n'était pas d'être le maillon faible de l'Afrique centrale" et dénoncé le "gâchis" d'un pays qui a "la fortune à portée de main" mais "reste pauvre".

Surtout, il s'est abstenu de réutiliser le mot de "partage", que Kinshasa avait considéré comme une volonté de démembrer son territoire au profit du voisin et ennemi rwandais et rappelé son attachement à "la souveraineté inaliénable du Congo".

Il a également rendu hommage à la "fragile démocratie" congolaise, créditant son président d'une transition réussie. Alors que des ONG comme Human Rights Watch se déclarent "préoccupées" par la dégradation de la situation politique, il a plaidé en faveur de la tenue d'élections locales "dans un délai raisonnable".

Ce discours a été plutôt bien accueilli par la classe politique congolaise. "Je crois que le gouvernement congolais devra s'en inspirer parce que nous sommes la honte du monde. Avec autant de richesses (...) nous ne pouvons pas être pauvres", a déclaré à l'AFP le président démissionnaire de l'Assemblée nationale, Vital Kamerhe.

Le temps de traverser le fleuve Congo en hélicoptère et Nicolas Sarkozy a rejoint après le déjeuner Brazzaville, où il s'est entretenu avec le président congolais Denis Sassou Nguesso, fidèle allié de Paris dans la région.

Dans le droit fil du discours qu'il avait prononcé en février 2008 en Afrique du Sud, il a une nouvelle fois défendu, devant les parlementaires congolais, sa vision d'une relation franco-africaine "rénovée", débarrassée des "pesanteurs du passé" et des "soupçons".

Le chef de l'Etat français s'est ainsi défendu de marquer par sa visite son soutien à son hôte avant la présidentielle de juillet.

Il a également souhaité que ce scrutin se déroule "dans la sérénité et la transparence", alors que les législatives de 2007 et locales de 2008 avaient été entachées de fraudes, et espéré que la population du Congo profite mieux des "bénéfices" de ses richesses naturelles comme le pétrole.

S'il a crédité Denis Sassou Nguesso, au pouvoir depuis 1997, du retour de "la stabilité et la sécurité" au Congo, le président français s'est enfin entretenu avec des chefs de l'opposition, qui ont salué une "première".

Contrastant avec la sobriété de celui de Kinshasa, la pompe de l'accueil réservé à Nicolas Sarkozy à l'aéroport de Brazzaville et la présence discrète sur le tarmac de l'avocat Robert Bourgi, considéré comme l'un des gardiens de la "Françafrique", ont suggéré que la rénovation prônée par le président français n'était pas encore achevée.

RDC: Discours de démission de Vital Kamerhe, Président de l'Assemblée Nationale Congolaise

DISCOURS DE L´HONORABLE VITAL KAMERHE, A L´OCCASION
DE LA PRESENTATION DE SA DEMISSION DE SES FONCTIONS DE PRESIDENT DE L´ASSEMBLEE NATIONALE,
LE 25 MARS 2009


Honorables Députés et Chers Collègues,

Lors de mon intervention sur Radio OKAPI, le 21 janvier 2009, en rapport avec le début des opérations militaires conjointes entre nos forces armées et celles de la République du RWANDA dans la province du Nord Kivu, j´avais déclaré que je n´en étais pas informé et que, si cela était vrai, ce serait grave parce que j´avais estimé que, compte tenu des dégâts collatéraux importants occasionnés en Province Orientale par une opération similaire avec l´armée ougandaise et celle du Sud-Soudan pour neutraliser les rebelles de la LRA, le Gouvernement devrait prendre des précautions pour éviter que la même situation ne se reproduise au Nord-Kivu.

Cette déclaration a été mal appréciée par ma famille politique qui a estimé que j´avais commis un crime de lèse majesté, car je venais, semble-t-il,de contredire le Chef de l´Etat, Chef de ma famille politique.

J´ai été astreint à la démission avec en prime une forte campagne de diabolisation et des injures gratuites sur ma personne à travers toute la presse, écrite et audiovisuelle tant privée que publique et ce, sans ménagement, ni le moindre égard à mes fonctions de Président de l´Assemblée nationale.

C´est le lieu de déplorer la culture de l´injure publique, de la délation et de l´immoralité dans la sphère politique congolaise, car nous, hommes politiques, avons l´obligation de servir de modèle aux jeunes générations et à la société congolaise toute entière.

Mon parti politique, par notre Secrétaire Général, m´a écrit pour m´inviter à démissionner sans délai.

Cependant, toutes ces demandes insistantes de ma famille politique m´étaient présentées pendant les vacances parlementaires, donc en l´absence de vous tous qui m´avez élu.

Ainsi que je l´ai dit dans mon discours d´ouverture de la présente session, j´avais entendu ce que mon parti politique, le PPRD et la hiérarchie de ma famille politique m´avaient demandé. Mais en même temps, j´étais aussi à l´écoute de notre peuple qui, à travers les églises, les organisations de défense des Droits de l´Homme, la Diaspora Congolaise, la jeunesse congolaise et toutes les forces vives, exprimait, dans une belle harmonie, la soif et le désir ardent de voir les hommes politiques que nous sommes, préserver les acquis démocratiques et se conformer à la légalité constitutionnelle pour briser définitivement la spirale d´éternels recommencements, caractéristique de la marche de nos institutions depuis 1960, à cause des querelles politiciennes.

Le grand combat que chacun de nous doit mener, comme le disait Gandhi, c´est contre soi-même pour repousser cette nature qui nous habite et qui nous pousse à détruire ce que nous avons construit, même au prix du sacrifice suprême.

C´est pourquoi je n´avais pas démissionné pendant les vacances parlementaires, comme mes collègues membres du Bureau qui avaient reçu la même instruction pour je ne sais quelle faute qu´ils auraient commise collectivement.
J´ai la pleine conscience qu´ils ont payé le prix de ce qui m´a été reproché, alors qu´en réalité, ils n´ont rien fait !

Cependant, je n´ai pas le sentiment d´être responsable de ce qui leur est arrivé, car la faute, si faute il y a, doit être individuelle et directe. Je voudrais tout simplement leur dire que ce sont là, les aléas de la politique dans notre pays dont je suis moi-même victime.

Sans chercher à me justifier outre mesure, laissez-moi dire quand même un mot au sujet de la faute qui m´est imputée. En effet, l´article 213 de la Constitution dispose ce qui suit, je cite :

« le Président de la République négocie et ratifie les traités et accords internationaux. Le Gouvernement conclut les accords internationaux non soumis à ratification après délibération en Conseil des ministres. Il en informe l´Assemblée nationale et le Sénat ».

L´Assemblée nationale est informée par son Président que je suis. Je ne me souviens pas, à ce jour, avoir reçu l´information du Gouvernement sur l´accord signé avec le RWANDA pour les opérations militaires conjointes dans le Nord Kivu. C´est une obligation constitutionnelle du Gouvernement et non du Président de la République.

Voilà pourquoi j´avais dit que je n´étais pas informé. Cela était et reste vrai. La gravité de cette opération tenait, à mes yeux, non seulement au fait que le Gouvernement avait officiellement annoncé, par la bouche de son Porte-parole, l´invitation de quelques officiers de renseignement de l´armée rwandaise pour assister à la traque des ex-FAR, FDLR et Interhamwe par notre armée, mais aussi et surtout parce qu´il y avait manifestement violation par le Gouvernement des dispositions sus rappelées de la Constitution de la République.

Au fait, si jamais il y avait un problème, il s´agirait d´un problème entre l´Assemblée nationale et le Gouvernement. Je n´ai donc jamais compris comment on est arrivé à y mêler le Président de la République, Chef de ma famille politique, et à créer artificiellement un problème entre Lui et moi. Le Président de la République, je le répète, ne doit pas servir de bouclier au Gouvernement, ni à ses membres qui eux, ont l´obligation de rendre compte de leur gestion à l´Assemblée nationale. Nous devons ramener le Chef de l´Etat à son rôle d´arbitre neutre pour qu´il veille au bon fonctionnement de l´ensemble des institutions conformément à l´article 69 de la Constitution. Il ne doit pas non plus être l´otage d´un groupement politique quelconque parce que la Constitution le place au dessus de la mêlée.

Mais le vin est tiré, amer ou aigre, il faut le boire.

Honorables Députés et Chers Collègues,

Nous voilà aujourd´hui à la croisée des chemins. Je dois opérer, avec vous, un choix et le bon. Notre seul fil conducteur doit être la lutte pour la préservation et la sauvegarde de la démocratie et de la légalité dans notre pays ainsi que l´indépendance du Député national, lequel ne doit pas être astreint à un mandat impératif en vertu de l`article 101, alinéa 5 de la Constitution. Le mandat dont nous sommes investis nous lie directement par un contrat social et politique avec le peuple congolais. Nous devons donc à tout moment rechercher son intérêt et nous mettre à son écoute pour connaître ses attentes et ses intérêts pour mieux le défendre. C´est donc à lui et à lui seul que nous rendons compte de notre mandat.

Honorables Députés et Chers Collègues,

Nous avons le choix entre deux voies constitutionnelles valables.

La première possibilité qui s´offre à nous, est celle de poursuivre le processus enclenché jusqu´au vote à bulletin secret afin que les urnes parlent.

Au-delà du résultat arithmétique auquel ce vote pourrait conduire, personne dans cette salle ne peut nous dire avec exactitude de quoi demain sera fait. Personne ne peut parier que la démocratie et la paix sociale chèrement acquises en sortiront intactes.

Personne non plus ne peut parier que l´Assemblée nationale qui a su démontrer à la face du monde son engagement clair et net en faveur de la défense de la démocratie, ne sera pas déstabilisée ou à tout le moins, ne connaître pas de fonctionnement tumultueux.

La deuxième possibilité qui est tout aussi constitutionnelle, est celle de privilégier et de sauver la démocratie qui peut continuer et se renforcer sans que nécessairement un homme, qui qu´il soit, même pas Vital KAMERHE, reste absolument au perchoir comme Président de l´Assemblée nationale.

Puisant dans la sagesse du Roi Salomon appelé à trancher le conflit entre deux femmes qui se disputaient un enfant, - tous les chrétiens connaissent l´histoire- j´ai opté pour la voie la moins périlleuse et la moins coûteuse pour le peuple congolais qui a démontré, à travers les années, son attachement à la démocratie.

Je pense notamment aux martyrs de l´indépendance, aux martyrs de la pentecôte et aux autres martyrs tombés lors de la marche pacifique des chrétiens du 16 février 1992, alors qu´ils réclamaient la réouverture de la Conférence Nationale Souveraine.

Je pense aussi à tous ces hommes de Dieu pour ne pas les citer tous, Mgrs MUNZIHIRWA, KATALIKO et Charles MBOGA.

Je pense enfin à tous les autres martyrs anonymes qui sont tombés sur les champs de batailles lors des différentes rebellions et guerres d´agression.

Je ne voudrais pas lever l´option qui risque de nous conduire dans des situations incontrôlées et incontrôlables, dans des situations qui peuvent encore alourdir le bilan macabre des morts au sein de notre population. Le sens de notre combat doit demeurer la consolidation de la démocratie dans notre pays.

Je suis d´avis que nous devons nous prévenir du syndrome de déstabilisation des institutions démocratiquement établies par des putschs observés ces derniers temps ça et là en Afrique. Ce serait un grand retour en arrière.

C´est pourquoi, je lance un appel à l´apaisement et au calme en direction de toute la population de l´intérieur comme de l´extérieur du pays.

Nous devons bannir à jamais la violence et les rebellions. Nous devons ensemble continuer le combat de la démocratie par des voies pacifiques.

Nous devons, Honorables Députés et Chers Collègues, Majorité comme Opposition, faire le choix d´aller de l´avant et de défendre sans relâche la démocratie et les valeurs républicaines pour le renouveau de la classe politique congolaise qui doit prendre l´engagement de reconstruire un Congo où il fait beau vivre.

Honorables Députés et Chers Collègues,

Je sais que beaucoup parmi vous, chacun devant sa conscience, aujourd´hui ou peut-être demain, vous n´êtes pas convaincu de vraies raisons de ma démission. Mais c´est comme qui dirait que la politique à ses raisons que la raison ignore.

Je ne voudrais pas inscrire mon nom dans l´histoire des blocages des institutions acquises chèrement par notre peuple au prix de son sang. Je ne voudrais pas non plus trahir la mémoire de nos pères de l´indépendance, des artisans de l´unité nationale et de la libération, encore moins de ceux qui ont
sacrifié leurs vie et jeunesse pour l´avènement et l´émergence de la démocratie dans notre pays.

Mes pensées vont notamment à papa Simon KIMBANGU, à Joseph KASA-VUBU, à Patrice Emery LUMUMBA, à Joseph Désiré MOBUTU SESE SEKO, à Mzee Laurent Désiré KABILA pour les morts et à Joseph KABILA, à Etienne TSHISEKEDI WA MULUMBA, à Antoine GIZENGA FUNDJI, à Monseigneur Laurent MONSENGWO PASSINYA et autres pour les vivants.

Les mêmes pensées vont aussi en direction de ceux qui ont permis la réconciliation nationale qui nous a conduits aux élections démocratiques en 2006. Il s´agit particulièrement des animateurs de la Transition sous la formule 1 + 4, j´ai nommé en plus du Président de la République, Joseph KABILA déjà cité ci haut, les anciens Vice-présidents de la République Jean-Pierre BEMBA, Arthur ZAIDI NGOMA, AZARIAS RUBERWA et YERODIA ABDOULAYE NDOMBASI.

Honorables Députés et Chers Collègues,

Mon voeu le plus ardent est que nous ne transigions jamais, sous quelques pressions que se soient, sur les missions constitutionnelles dévolues à l´Assemblée nationale, à savoir l´élaboration des lois et le contrôle ainsi que, le cas échéant, la sanction positive ou négative des membres du Gouvernement et des dirigeants des entreprises publiques, des établissements et services publics.

Nous veillerons à la liberté d´expression, au respect et à la tolérance des opinions de tout un chacun.

Un parlement démocratique est celui dans lequel la majorité n´étouffe pas l´opposition, en même temps que cette dernière s´incline sportivement devant la loi de la majorité. Il est aussi celui dans lequel les questions d´intérêt national mettent tout le monde d´accord.

Je suis heureux que cela soit le cas au sein de notre hémicycle jusqu´à ce jour. C´est pourquoi je vous remercie, Honorables Députés et Chers Collègues, pour votre amour et pour m´avoir facilité la tâche à la direction de notre chère institution. Merci de tout coeur.

Que les collègues du Sénat trouvent ici l´expression de ma reconnaissance pour le travail de production législative que nous avons réalisé ensemble dans un esprit de famille parlementaire. Je pense particulièrement à son Président, l´Honorable Léon KENGO WA DONDO.

Je ne peux oublier les amis de la communauté internationale pour leur collaboration et sages conseils, lesquels ont contribué à la bonne marche de nos travaux.

Mes remerciements s´adressent aussi à tous le personnel politique et agents de l´Administration de l´Assemblée nationale, ces héros dans l´ombre, sans lesquels nous n´aurions pu brandir le modeste bilan qui est le nôtre aujourd´hui où nous sommes à mi chemin de notre mandat.



J´exprime ma gratitude aux amis de la presse qui nous ont accompagnés dans notre délicate mission.

Je remercie enfin et de manière particulière, l´ensemble de la population congolaise qui, tant à l´intérieur qu´à l´extérieur du pays, a apprécié nos débats et nous a toujours accompagnés par ses prières surtout pendant les moments les plus difficiles des nos travaux. Je lui en sais gré et lui promets de demeurer toujours à son écoute et à son service.

Honorables Députés et Chers Collègues,

Ainsi que je l´avais promis dans mon discours du 16 mars 2009, à la demande de ma famille politique, j´ai soumis la question de ma démission à la Conférence des Présidents que j´ai réunie en date du 19 mars 2009, laquelle l´a retenue à l´ordre du jour de la présente plénière.

Un homme d´Etat est celui qui non seulement observe scrupuleusement la Constitution et les lois de son pays, mais aussi et surtout, celui qui est esclave de sa propre parole.

C´est pourquoi, tout en vous remerciant pour avoir cru à l´action que nous avons menée ensemble ici dans notre institution, je vous prie de bien vouloir accepter ma démission sans débat, ni vote.

En attendant l´élection du nouveau Bureau et la remise et reprise avec celui-ci, le Bureau que je préside expédie les affaires courantes conformément aux principes généraux de droit administratif.

Faisant miens les propos de II THESSALONICIENS 3, 16 : je cite « Que le Seigneur qui donne la paix vous accorde lui-même la paix de toute manière et en toutes circonstances. Que le Seigneur soit avec vous tous ».

A Dieu seul soit la Gloire, l´Honneur et la Puissance.

Louez l´Eternel, car il est bon, car sa miséricorde et son amour dure à jamais. (Psaumes 136).

Dieu aime le Congo et je crois en l´avenir de mon pays.

Que Vive la
République Démocratique du Congo

Que Vive l´Assemblée nationale

Que Vive la Démocratie

Je vous remercie

mercredi 25 mars 2009

BELGIQUE; Déclaration finale des assises de la coopération – Bruxelles, 20-21 mars 2009

Ce début de 21ème siècle est marqué par l’émergence d’un monde multipolaire et une succession de crises globales (financière, climatique, alimentaire, …) qui bouleversent les relations internationales et plongent la majorité de la population mondiale dans la pauvreté. Cette crise systémique est la conséquence d’un système économique fondé sur la course à la compétitivité et qui se nourrit de la spéculation financière, des inégalités sociales et de la surexploitation des ressources naturelles. Elle frappe l’humanité dans son ensemble, à commencer par les populations les plus vulnérabilisées parmi lesquelles les femmes et les migrants, et annihile tout espoir d’atteindre les objectifs internationaux de développement et de garantir la satisfaction universelle des droits fondamentaux.

La coopération indirecte dans un monde en mutation

La coopération non gouvernementale a sensiblement évolué au cours de ces dernières années : de l’exécution de projets consistant à fournir des biens et des services à des populations en état de carence dans les pays en développement, elle évolue vers le renforcement des capacités des femmes et des hommes acteurs de changement et organisés en tant que société civile dans le Sud.
L’efficacité de l’aide n’a de sens que dans le cadre d’une stratégie globale visant l’efficacité du développement, ce qui implique une cohérence des politiques extérieures des gouvernements qui doivent, au Nord comme au Sud, orienter leurs politiques vers le développement humain durable à travers le respect des priorités des partenaires et l’éradication de la pauvreté.
L’efficacité du développement implique en outre de reconnaître la spécificité des besoins différenciés qui existent en matière de développement entre les hommes et les femmes, et dès lors d’appuyer les stratégies juridiques, politiques et sociales qui visent l’égalité de genre dans une perspective de droits humains.

En tant qu’émanation de la société civile engagée dans la solidarité internationale, les ONG et les autres acteurs de la coopération indirecte représentent des contre-pouvoirs démocratiques dont l’objectif est de faire pression en faveur de la cohérence des politiques extérieures des gouvernements en vue de garantir le droit au développement. Cela implique pour les ONG et les autres acteurs de la coopération indirecte de soutenir leurs partenaires du Sud dans l’analyse des politiques mises en œuvre dans leur pays et, si nécessaire, de les appuyer dans leur rôle de contre-pouvoir lorsque les politiques gouvernementales s’inscrivent en porte-à-faux avec le droit au développement et qu’elles accentuent les disparités économiques, sociales et de genre.

- En tant qu’acteurs de coopération au développement, les ONG et les autres acteurs de la coopération indirecte ont le devoir de veiller à l’efficacité de leurs interventions. Ils prennent l’engagement de renforcer les efforts de synergie et de concertation, entre eux et avec leurs partenaires du Nord et du Sud, pour assurer une harmonisation et une cohérence de leurs actions.

- En contribuant au développement de leur pays par leur ancrage social et leur connaissance du contexte local, les partenaires du Sud jouent un rôle essentiel sur le terrain auprès des populations privées de leurs droits. Sur base de ce principe, les ONG et les autres acteurs de la coopération indirecte disposent d’un droit d’initiative propre en matière d’appui à leurs partenaires du Sud : les choix des partenaires, de leurs secteurs d’intervention, de leurs méthodes et des zones dans lesquelles ils interviennent s’appuient sur des critères propres à leurs stratégies, à leurs finalités et à leur histoire.
Le temps de la société civile n’est pas celui du politique. L’expertise de la coopération non gouvernementale est spécifique et différente de celle de la coopération gouvernementale. Elle est irremplaçable dans les régions délaissées ou auprès des groupes exclus ou marginalisés par les gouvernements pour des raisons conjoncturelles ou politiques.

Des partenariats pour le droit au développement

Les programmes de coopération indirecte doivent s’aligner sur les stratégies des partenaires du Sud, afin de garantir des stratégies de développement appropriées qui garantissent la justice sociale et la répartition équitable des ressources. Ces partenariats se construisent et inscrivent leur action dans la durée, en vue de générer du changement social. Ils se fondent sur l’analyse des acteurs, du contexte politique et économique, des contradictions sociales, des obstacles et des potentialités.

- En tant que vecteurs de l’aide publique et privée au développement, les ONG et les autres acteurs de la coopération indirecte doivent concourir à l’indépendance de leurs partenaires du Sud envers les pouvoirs publics et le secteur privé. Les méthodologies d’intervention impliquent les partenaires en tant qu’acteurs du développement et garantissent leur participation effective pour promouvoir l’émancipation des personnes et des groupes sociaux discriminés, par le renforcement de leur autonomie matérielle, culturelle, sociale et politique.

- Les partenaires, qu’ils se situent au Sud ou au Nord, ont des rôles complémentaires qui se déclinent dans des contextes différents en fonction de la position occupée et des compétences de chacun. Cependant, la position de chaque partie n’est pas égalitaire. Elle dépend de plusieurs facteurs comme l’accès aux ressources, l’arbitrage de leur affectation et la détention de l’information. Des entités partenaires resteront dès lors toujours des entités différentes, qui ont trouvé un terrain d’entente et une convergence d’objectifs suffisamment larges pour collaborer, à côté desquels chaque institution poursuit légitimement ses intérêts propres. Il y a donc des conditions à respecter pour gérer de façon saine les rapports de force et équilibrer la relation de partenariat, comme le principe de transparence réciproque, l’existence d’espaces de concertation et le droit de regard réciproque sur les processus mis en place pour atteindre les résultats et gérer les ressources.

Des alliances pour un nouveau paradigme

Dans un monde multipolaire, les partenariats s’inscrivent dans le développement de réseaux internationaux (Nord-Sud, Sud-Nord, Nord-Nord et Sud-Sud), en vue de nouer des alliances et créer des rapports de force citoyens en faveur du droit au développement.
Les réponses apportées à la crise systémique par les gouvernements ne sont pas plus à la hauteur que les moyens mobilisés pour financer le développement. Malgré les effets d’annonce en matière d’aide au développement, d’allègements de dettes et de préférences commerciales, ce sont les pays du Sud qui financent ceux du Nord suite à la fuite massive de capitaux dont ils sont victimes.
Face aux tentations de repli sur soi alimentées aux quatre coins du monde par les conséquences de la crise systémique, nous affirmons que la seule réponse adéquate et durable est le renforcement de la coopération internationale dans un cadre multilatéral et démocratique.
Le monde n’a pas seulement besoin de plans de sauvetage à court terme, mais d’un nouveau paradigme fondé sur les quatre points cardinaux de notre vision du développement que représentent l’accomplissement des droits humains fondamentaux, l’expansion de la démocratie, le respect de l’environnement et la diversité culturelle.

- Nous appelons au renforcement et à l’élargissement des alliances citoyennes en vue de promouvoir ce nouveau paradigme. Ces alliances doivent notamment intégrer les ONG, les organisations syndicales, les associations de défense des droits humains, les mouvements de femmes, les organisations de défense de l’environnement, les associations de migrants et les organisations de défense de la paix et de la démocratie. Elles doivent se développer du local au global, afin de garantir une cohérence entre les actions ancrées localement et les revendications portées à l’échelle internationale. Cela implique de coordonner ces alliances à l’échelle nationale et mondiale, mais aussi à l’échelle continentale afin de peser efficacement sur les processus d’intégration régionale. Les acteurs européens de la coopération indirecte ont à ce niveau un rôle majeur à jouer.

- Nous nous engageons à développer ces alliances en vue de promouvoir des alternatives à la crise systémique dans toutes ses dimensions. Cela implique notamment de promouvoir le travail décent, la souveraineté alimentaire, la refondation de l’architecture financière internationale, l’annulation de la dette des pays du tiers-monde, le respect du droit international, l’égalité entre les femmes et les hommes, la diminution des émissions de gaz à effet de serre et la gestion durable et démocratique des ressources naturelles.

Nous nous engageons à organiser des actions coordonnées de sensibilisation et de plaidoyer, au Nord comme au Sud, en vue de traduire ce nouveau paradigme du développement en décisions politiques concrètes.



Arnaud ZACHARIE
Secrétaire Général
Centre National de Coopération au Développement (CNCD-11.11.11)

Quai du Commerce 9
1000 Bruxelles
Tél : +32 2 250 12 41
Fax : +32 2 250 12 63
E-mail: arnaud.zacharie@cncd.be
Site Web: www.cncd.be | www.agenda-solidaire.be
11.11.11: Un combat de pleins droits!

mardi 24 mars 2009

Agriculture: 45 millions de dollars du FIDA au Burundi

Bujumbura, Burundi

Le Burundi va bénéficier d'un financement de près de 45 millions de dollars US du Fonds international pour le développement agricole (FIDA) sur les huit prochaines années, a annoncé samedi, le ministre burundais de l'Agriculture et de l'Elevage, Ferdinand Nderagakura, de retour d'une mission de travail au siège central de l'organisme onusien, à Rome, en Italie.

M. Nderagakura, qui a indiqué que ce financement est destiné à la relance des activités dans 6 des 17 provinces du Burundi à vocation agro- pastorale, notamment Gitega, Karusi et Muramvya, dans le centre, ainsi que Kayanza, Cibitoke et Bubanza, plus au nord-ouest du pays, a précisé que les actions qui seront financées en priorité ont trait à la réhabilitation et à l'aménagement des marais, à la protection des bassins versants, au renforcement des capacités des centres de développement communautaires (CDC) ainsi qu'au traçage et à l'entretien des pistes rurales.

Le secteur de l'agriculture au Burundi occupe plus de 90% de la population et continue de souffrir des conséquences néfastes consécutives à la crise socio-politique qui a secoué le pays ces 15 dernières années.

Concernant les efforts locaux, l'Etat burundais a consacré cette année encore, moins de 5% de son budget général au secteur agro-pastoral.

Les spécialistes des questions agricoles au Burundi estiment néanmoins qu'il faudrait consacrer au moins 10% du budget national à ce secteur hautement stratégique pour en finir avec la dépendance vis-à-vis de l'extérieur et à l'insécurité alimentaire devenue chronique, sous les effets combinés de la guerre, des changements climatiques et de la paupérisation de larges couches de la population.

Les mêmes spécialistes reprochent à l'Etat burundais de délaisser l'irrigation dans un pays qui regorge pourtant d'eau et où l'agriculture pourrait facilement devenir le moteur de la croissance et de la lutte contre la pauvreté.

A titre indicatif, l'absence de méthodes novatrices fait que la production de riz n'est en moyenne que de 2,5 tonnes par hectare dans les vastes plaines et marais du Burundi.

Une exploitation plus rationnelle pourrait quadrupler le rendement encore faible de ce produit de large consommation et faire du Burundi l'un des greniers de la sous-région des Grands Lacs.

Le pays a également une bonne réputation pour son thé et café, mais dont les plantations vieillissantes ne permettent plus un rendement suffisant dans un pays qui tire pourtant l'essentiel des devises fortes de l'exportation des ces deux principales cultures industrielles.

Le coton, la canne à sucre, les tomates, le palmier à huile, la banane, la patate douce, le blé ou encore les fruits et légumes sont autant d'autres possibilités agricoles rentables et exportables, mais qui ne bénéficient pas encore d'assez d'investissements pour stimuler la croissance économique du pays.

Bujumbura - 21/03/2009

Pana

lundi 23 mars 2009

RDC: La chikwangue améliorée

In Club Walco
Envoyé par : "Gode Bayama" gode.bayama@yahoo.fr godebayama
Dimanche 22. Mars 2009 22:52
Après 5 ans des recherches
Mercredi 18 mars 2009

La chikwangue améliorée enfin présentée officiellement au public
Samedi dernier, la communauté de Kimpese et des environs a été conviée à
prendre part à la cérémonie de présentation de la chikwangue améliorée.
Et le nouvel auditorium de l'institut supérieur des techniques
appliquées en chimie alimentaire " ISTACHA " en a servi de cadre.

En effet, c'est à une double cérémonie de présentation et de défense d'un travail de recherche, d'un travail de fin de cycle devant un jury composé des professeurs d'université, des éminents hommes de science et d'un public très attentif aux recherches et réalisations du Rév.- père Charles Kusika Nzau et toute son équipe qu'on a eu à assister ce jour-là.

La chikwangue améliorée : la problématique de la recherche Depuis
sa création en 2004, l' ISTACHA s'est fixé un seul objectif ; celui d'assurer la sécurité et la salubrité alimentaire à la population du Bas - Congo et aussi à celle de la ville province de Kinshasa. Pour y parvenir, le développement de l'agriculture et de l'élevage resterait le fondement de l'action amorcée. Ainsi faudrait - il penser à la valorisation des produits locaux pour encourager les agriculteurs et
les éleveurs dans leur travail.
De ce fait, la transformation et la conservation agroalimentaire devraient constituer le moyen le plus efficace d'apporter une plus value dans de travail des productions. C'est aussi de cette façon qu'on pouvait penser à vendre certains produits congolais à l'étranger en respectant les normes internationales d'hygiène alimentaire.
A l'ISTACHA, la première phase de cette approche a été constituée par une
étude sur la transformation de différentes farines à base des
tubercules avec un accent particulier sur le manioc.
Voici cinq ans au terme desquels les recherches sur la chikwangue améliorée arrivent à des aboutissements heureux. Il faut dire que la chikwangue dont le mode traditionnel de préparation demeure jusqu'à ce jour l'apanage des seules femmes paysannes ne peut être vendue ou consommée dans certains milieux de classe (hôtels, restaurants, avions,...) à cause de sa présentation et sa préparation en dehors des normes d'hygiène internationalement reconnues (HCCP).. Déjà, la demande locale
ne peut-être satisfaite eu égard à la faible quantité et au manque des techniques de conservation.

Contribution à l'industrie biotechnique du manioc.
Après avoir démontré à plusieurs reprises et de diverses manières que le manioc est l'aliment de base de toute la province du Bas - Congo et de la ville de Kinshasa, étant compris la nécessité d'assurer la salubrité et la sécurité alimentaire, l'homme de Dieu arrive à l'amélioration de l'usinage.

De l'usinage traditionnel au moderne Partant des méthodes traditionnelles de préparation, le chercheur apporte des améliorations à toutes les étapes :
* le manioc est nettoyé dès qu'il est récolté : donc avant d'être épluché,
* épluché, il est nettoyé avant le trempage dans le bac de rouissage.. (Bac de rouissage en lieu et place d'un marécage boué).
* Une 3 é opération de nettoyage après le retrait du bac ;
* Toutes les autres étapes avant et après le " kimpuka " (patte obtenue à
base d'amidon du manioc) se passent dans un atelier où les conditions
hygiéniques sont réunies ;
* L'homogénéisation de la patte s'effectue dans un pétrin mécanique. L'opération se fait ainsi plus correctement
* Apres la mise en forme (mécanique) ; la cuisson se fait à une
température de pasteurisation (modérée et constante) ne dépassant pas
80°c. La chikwangue améliorée est emballée dans un sachet alimentaire.

Les avantages dans la production
On ne le dira pas assez, en améliorant les méthodes de travail, on arrive à un résultat meilleur du point de vue qualité et quantité. Du point de vue de la quantité, l'amélioration de l'usinage apporte un soulagement à la femme appelée à subir une corvée avant d'offrir le produit au consommateur. En peu de temps on peut produire des centaines de chikwangues. Alors que la maman avec ses méthodes traditionnelles met plus d'une semaine pour offrir quelques 50 chikwangues de 200 grammes au consommateur .A ce propos, signalons que l'ISTACHA fournit hebdomadairement 1000 chikwangues à l'internat du lycée LUILA et autant aux Kinois. Du point de vue qualité, il est démontrable que notre chikwangue préparée à même le sol (par cette maman revenue du champs et qui doit au même moment s'occuper soit de son bébé soit d'autres travaux domestiques) ne peut être le résultat d'un travail fait dans les conditions hygiéniques requises. Car pour la maman seule la chikwangue a de l'importance. Les normes HCCP dont doit tenir compte notre nouveau producteur sont une magie noire pour elle.
En focalisant ses recherches sur la transformation et la conservation des produits alimentaires locaux, le Rev. Père répond à un besoin socio-économique et culturel (nutritionnel) .Dès le départ, il s'est rendu compte que dans le domaine de la transformation agroalimentaire notre pays regorge d'importantes forces qui sont la production (végétale et animale) et l'existence d'un marché de consommation. Ce
sont donc des atouts à côté desquels se remarque malheureusement des faiblesses : les structures en majorité artisanales.

Impact culturel et nutritionnel du manioc
Il est bien vrai que des chercheurs ne trouvent pas, jusqu'à ce jour, un terrain d'entente sur l'origine du manioc.. Toutefois déterminer cette origine n'est pas la question. Mais l'important est de préciser que le manioc constitue actuellement l'aliment de beaucoup d'Africains.
Qu'Européens et Asiatiques ne s'adonnent pas à des recherches sur la transformation du manioc, cela est assez compréhensible.
Cependant il ne sera pas pardonné aux Africains de se contenter de consommer le
manioc comme par le passé. Jusqu'à ce jour la chikwangue est préparée exclusivement par les paysannes. Il est donc nécessaire que l'on encourage les premiers travaux de recherche sur la transformation et la conservation à l'ISTACHA.
En travaillant sur le manioc, le Révérend Père Charles répond à un point de vue culturel : " D'aucuns pensent que les Africains sont incapables de faire des recherches en vue d'améliorer leur alimentation. Ainsi un effort est fait dans le sens à détourner l'Africain de ses éléments culturels de base dont l'alimentation. Pour y parvenir, plusieurs stratégies sont mises en oeuvre. A l'internat, il n'est pas rare de trouver des titres tels que : " Le manioc est un aliment contenant du
poison (acide cyanhydrique) ; le manioc n'est pas d'origine africaine ; le manioc est peu nutritif. " Néanmoins la résistance aux maladies, l'endurance et la longévité de nos ancêtres n'en constitue pas moins une réponse aux détracteurs de ce tubercule.
Sur le plan nutritionnel, il convient de rappeler qu'une alimentation complète se compose d'éléments énergétiques (calories), de protection (vitamines) et de construction (protéines). Il se fait que l'homme pour se maintenir, a plus besoin des énergies que d'autres choses. De surcroît, le manioc avec 84 % de glucide et 342 calories par 100grs, se trouve parmi les aliments les plus riches en énergie.
De ce fait, il importe donc que des études plus approfondies soient menées sur la transformation et la conservation du manioc. C'est ici qu'il convient de soutenir le fait que les recherches sur la chikwangue améliorée auront le sacre de bénir le travail de nombreux producteurs. "
Néanmoins en dépit des avancées significatives des recherches entreprises sur la
chikwangue améliorée, sur le plan scientifique beaucoup reste à faire. Dans son travail, il a été recommandé au Rév. Père d'utiliser des termes scientifiques pour designer en l'occurrence les feuilles d'emballages et les ustensiles utilisés dans le modèle traditionnel de préparation ainsi que des étapes de fabrication comme le " Kimpuka ".
De même l'auguste assemblée a souhaité le numérotage des lots ainsi que
les dates de fabrication et d'expiration sur les emballages des
produits ISTACHA.
Dans l'une de nos précédentes livraisons, nous n'avons pas cru dire mieux
lorsque nous titrions : " Le CIVA de Kimpese, une bénédiction pour le
Bas- Congo, une grâce pour le Congo "
Tout
en signalant que le CIVA (centre d'information et de vulgarisation
agroalimentaire) est le parrain de l'ISTACHA, aujourd'hui les réalisations de deux institutions sont au-delà de tout ce que l'on pouvait imaginé, il y a 5 ans. A ce jour, une gamme d'une vingtaine de produits locaux sont transformés et conservés avec des techniques modernes. Et la chikwangue améliorée, puisqu'il faut parler d'elle, peut se co nserver jusqu 'à 6 mois.
Aux industriels et aux décideurs de saisir le taureau par les cornes.
L'industrialisation et la commercialisation ne sont plus l'apanage du
seul Père Charles. A chacun son rôle.
Josué Lufulu lua Kanda

dimanche 22 mars 2009

Burundi : préparer sa retraite pour bien la vivre

(Syfia Grands Lacs/Burundi)

Pour éviter de se retrouver démunis à la retraite comme aujourd'hui leurs parents, les salariés burundais sont de plus en plus nombreux à cotiser dans des fonds de pension complémentaire ou à épargner. Une prévoyance qui porte ses fruits.

G. J., 45 ans, agent de la Regideso (entreprise de distribution de l’eau et de l’électricité du Burundi) est confiant : "Avec le fonds et la pension de retraite de l’INSS (Institut national de sécurité sociale) à laquelle j’aurai droit dans 15 ans, je pourrai vivre une bonne retraite par rapport à mes aînés". C'est la mise sur pied, en 2003, d’un fonds de pension complémentaire alimenté par son entreprise et les travailleurs qui y versent une partie de leur salaire chaque mois qui le rassure ainsi. Cet ancien cadre d’une entreprise para-étatique affiliée à l’assurance-pension complémentaire de la SOCABU (Société d’assurance du Burundi), lui, se frotte déjà les mains, car il est parti à la retraite fin 2008 avec 20 millions de Fbu (près de 20 000 $). "Après le décompte final, je me suis retrouvé avec un montant susceptible de m’assurer une retraite dorée. Cela est le résultat d’un effort hors du commun : depuis 2004, j’ai régulièrement cotisé la moitié de mon revenu mensuel à la SOCABU, en plus d’une partie de mes frais de mission", explique-t-il. Bien payé, il avait terminé de payer sa maison en 2004 et se retrouve aujourd'hui à la retraite sans souci. "Heureusement, même les plus jeunes commencent à faire de même", se réjouit-il.
Depuis 2005, les salariés, qui représentent 5 % des 8 millions de Burundais, ont compris, contrairement à leurs aînés, qu'il ne leur fallait pas compter sur l’INSS pour assurer leur retraite. En effet, aujourd'hui, la pension est très faible : un tiers du dernier salaire mensuel de base. Ainsi, Gabriel Misago, ancien travailleur de la fonction publique parti à la retraite fin 2005, touche mensuellement 32 000 Fbu (32 $) de l’INSS, ce qui ne lui permet pas de vivre à Bujumbura. "J’ai décidé d’aller m’installer à la campagne où la vie est moins chère. Il m’était même impossible de payer le loyer", indique-t-il.

Retraite forcée
Pendant longtemps, surtout durant la guerre civile, les fonctionnaires pouvaient continuer à travailler, même au delà des 60 ans retenus comme âge de départ à la retraite, évitant ainsi de tomber dans la misère. Depuis que la paix est revenue, la situation a changé : le poids du chômage, accentué par le rapatriement des réfugiés en quête du travail, pousse les administrations à contraindre leurs agents à partir à la retraite à l'âge légal. Ainsi, par exemple, 16 agents de la RTNB (Radio télévision nationale du Burundi) ont été mis à la retraite début 2009, soit 4 % du personnel ; ce qui ne s’était jamais produit au sein de cette entreprise. Ils sont partis la mort dans l’âme, car leur pension est dérisoire (en moyenne 60 000 Fbu, près de 60 $) par rapport à la cherté de la vie.
Les pensionnés se retrouvent souvent dans une situation financière intenable. La plupart d'entre eux vivent mal, excepté ceux qui ont hérité de leurs parents ou qui sont pris en charge par leurs enfants, neveux, cousins… Beaucoup retournent à l’intérieur du pays, là où ils sont nés. D’autres encore, même âgés, cherchent du travail chez les privés.
"Urukwavu rurakura rukonka umwana( Le lièvre vieillit et tête son petit)." Ce proverbe burundais n'a plus beaucoup de sens dans un contexte plus matérialiste et individualiste où chacun se débrouille seul, jeunes comme vieux. A. H. Abwahi, un retraité de Ngozi (nord du pays) constate que les jeunes travailleurs viennent de moins en moins en aide à leurs parents.

Prévoyance
Mais ces jeunes salariés, du secteur privé comme du public, ne veulent plus vivre le calvaire de leurs anciens. Ils s’organisent individuellement ou collectivement pour prévoir leur vie de retraité. Ils sont de plus en plus nombreux à épargner au prorata de leurs revenus dans les banques et les maisons d’assurances. La SOCABU, par exemple, spécialisée dans l’assurance automobile, incendie, risques divers et assurance-vie, a ouvert un volet assurance-pension complémentaire. Ses clients sont de plus en plus nombreux. "De 2004 à 2008, le nombre de clients est passé de près de 2 000 à plus de 40 000 personnes, soit une augmentation de 2 000 %. Toute la police nationale ainsi qu’une bonne partie de l’armée, tout comme des travailleurs affluent à la SOCABU pour éviter une vie précaire à la retraite", dit Tatien Sibomana, responsable du département juridique et du contentieux. Ces jeunes cotisent entre 3 et 10 % de leur salaire et l’employeur cotise généralement pour eux un montant égal.

RD Congo, Bukavu : s'enrichir sans scrupules dans les Ong et les Églises

par Thaddée Hyawe-Hinyi

(Syfia Grands Lacs/RD Congo)

A Bukavu, être pasteur ou travailler dans une Ong est considéré comme la manière la plus rentable de gagner sa vie. Un véritable business, souvent malhonnête, qui ne contribue en rien au développement de la région. Au point de décourager l'aide extérieure en nette baisse ces dernières années.

"Mon Église, c’est mon Ong", déclare le pasteur Marhegeko de Bukavu, à l'est de la RD Congo. Une phrase révélatrice : au Sud-Kivu, les Ong et les Églises sont, en effet, considérées comme les meilleurs moyens de s'enrichir, sans souci du développement économique de la région.
La province, où vit 4,4 millions d’habitants, compte ainsi plus de 3 000 Ong et de nouvelles Églises apparaissent chaque jour. Dans les deux cas, c'est la manne de l'aide étrangère que visent les promoteurs de ces organisations. Voyant le train de vie mené par les animateurs des Ong et la baisse des subventions ces dernières années, certains préfèrent aujourd'hui créer des Églises et demander à leur tour des financements extérieurs.
Car les bailleurs de fonds, qui financent les Ong pour améliorer la vie des populations locales, en particulier des agriculteurs, et relancer l'économie, se sont découragés et ont fortement réduit leur aide. De nombreux gestionnaires trafiquaient les comptes, faisant valoir des prestations de personnes fictives, de coûteuses réunions qui n'ont jamais eu lieu, des achats d'intrants agricoles et des crédits destinés aux groupes de base qui ne leur sont jamais parvenus… Autant de détournements qui ont terni l’image de ces Ong au pays et à l’extérieur et n'ont pas permis le développement attendu. "Depuis 18 ans, j’ai adhéré à l’Union des ressortissants de Kabare (UREZOKA) qui travaille pour améliorer les conditions de vie de la population. À ce jour, je n’ai guère avancé", regrette Athanase Mufungizi, membre de cette union.
Ces dernières années, les bailleurs de fonds ne financent plus les salaires du personnel et les réunions des structures inefficaces dirigées par des animateurs peu scrupuleux. Le personnel de ces Ong reste souvent impayé "mais il faut payer des impôts mensuels sur la rémunération du personnel, payer le décompte final aux agents qui démissionnent, alors que nous ne sommes plus financés", regrette Raphaël Wakenge, coordonnateur d'Initiative congolaise pour la justice et la paix (ICJP).
Pourtant, de nouvelles initiatives naissent et leurs dirigeants se targuent de les faire fonctionner avec des moyens personnels, espérant sans doute glaner malgré tout quelques sous.

Priorité à la quête
Les Églises ont pris le relais des Ong pour les gens sans état d'âme. C'est une autre forme de business qui vise les poches des fidèles tout autant que l'aide étrangère. Aux quatre Églises traditionnelles (catholique, protestante, musulmane et kimbanguiste) se sont ajoutées celles dites de Réveil, réputées être des "trompeuses de fidèles", selon Benjamin Murhesa, un catholique du Mouvement sacerdotal marial. Bon nombre d’entre elles fonctionnent comme des Ong. "Dans ces Églises, les prédications visent les recettes en espèces et tous les cultes sont centrés sur la quête", explique Janvier Nigane, coordinateur du Carrefour d’initiatives pour le développement communautaire. Concerts payants, campagnes d’évangélisation, veillées bibliques et banquets sont financés par les Églises européennes et américaines.
Le nduguïsme (le fait de favoriser son frère de sang, Ndlr), est aussi devenu la règle dans les Églises et les associations. "Les responsables ne recrutent que des frères en Christ ce qui occasionne aussi le manque de compétences dans le milieu professionnel", dénonce Texas Barhalibirhu, un assistant d’enseignement supérieur.
Les radios locales dénoncent de plus en plus les pasteurs fraudeurs et les dérapages des responsables d’Ong, comme ce pasteur du Service d’évangélisation internationale (SEI) qui demandait aux femmes de lui donner leurs bijoux en or avant de prier pour elles ou ces animateurs d’Ong qui, une fois le financement en main, ont disparu dans la nature et dont on est sans nouvelles à ce jour.
Pour redorer leur image, les Ong présentent désormais leurs budgets lors des réunions des membres. Les bailleurs de fonds sont aussi devenus plus stricts. "Chaque année, reconnaît Raphaël Wakenge, notre bailleur envoie un expert qui audite les comptes et vérifie l’application des décisions prises."

vendredi 20 mars 2009

RDC : REVUE DE LA PRESSE CONGOLAISE

18/03/09 / (CongoForum)

On assiste bien entendu à la suite du « feuilleton Kamerhe » qui réserve
sans doute encore quelques rebondissements… L’actualité reste dominée par le
désaveu jeté sur le président de l’Assemblée nationale, Vital Kamerhe, par
sa famille politique, l’AMP , qui entend faire aboutir sa décision de le
faire démissionner. * *

Après le boycott de la séance d’ouverture, « *L’AMP d’accord pour la
conférence des présidents conduite par Kamerhe* », titre en manchette *Le
Palmarès*.
Selon ce journal, l’horizon politique congolais tend à s’éclaircir après le
ballet politique le week-end dernier entre Kinshasa et Goma. L’AMP annonce
sa participation à la prochaine plénière ainsi qu’à la Conférence des
présidents des différents groupes parlementaires, rapporte le confrère en
soulignant que l’audition des différents rapports finie, *le magistrat
suprême a souverainement décidé de donner une nouvelle chance à la stabilité
institutionnelle ainsi qu’à la démocratie au pays*.
(Cette formulation ampoulée signifie que, d’après les informations dont on
dispose au *Palmarès*, la décision de prendre une courbe rentrante aurait
été prise par JK lui-même qui – bien que théoriquement « au dessus des
partis » - ne peut éviter de se mêler quelque peu de ce qui se passe dans
une Alliance qui se veut « Présidentielle ». On pourrait aussi y voir une
« réponse du berger à la bergère », dans la mesure où le discours habile,
complexe et détaillé de Kamerhe a interprété tous les faits de manières très
- peut-être faudrait-il dire « exagérément » - favorable au Président, dans
la mesure où il a présenté comme relevant du Gouvernement des actes qui
semblent bien avoir été posés par le Président seul. Ce qui, soit dit en
passant, donne bonne mine à Lambert Mende, qui a empêché la diffusion d’un
discours d’ouverture où JK se voyait gratifié de quelques gerbes de fleurs !
Reste à savoir si l’injonction a été purement tactique – de manière à
obtenir la démission de Kamerhe à moindre frais- ou si elle a une portée
plus large. NdlR)

C’est la question que se pose *La Référence+, *laquelle se demande d’où
vient ce revirement spectaculaire de l’Alliance de la majorité
présidentielle et note que l’AMP a tenu une réunion lundi dernier, jour de
la rentrée parlementaire, à son siège de la Gombe, après le boycott de
l’ouverture de la session de mars.
La plate-forme présidentielle est prête à prendre part à la conférence de
présidents pour discuter de l’ordre du jour de cette session, a confié M.
Aubin Minaku, l’actuel porte-parole de l’AMP. A l’en croire, les députés de
l’AMP présenteront les griefs portés à la charge de Vital Kamerhe à la
plénière de l’Assemblée nationale. Pour lui, il y aura un débat et au terme
de celui-ci un vote suivra. (Cela revient à une capitulation en rase
campagne de l’AMP qui reconnaît par le fait même l’inanité de son boycott de
la séance d’ouverture et l’invalidité de sa prétention à « l’effet
immédiat » de son désaveu de Kamerhe. NdlR)

C‘est sans doute ce que veut dire *le Phare* qui note que Vital Kamerhe a
réussi à profiter des avantages qu’offre la loi pour imprimer son tempo et
rédiger son propre scénario d’abandon de ses charges. Un exercice délicat,
rapporte le confrère, dont Kamerhe s’est acquitté avec un brio qui a surpris
même ses plus farouches adversaires.
(C’est un autre aspect du problème : l’AMP se prive d’un Président de la
Chambre dont la finesse et l’habileté manœuvrière lui ont rendu les plus
grands services. On a peut-être insuffisamment compris que ce que l’on
appelé la « sympathie », voire le « flirt » de Kamerhe avec l’opposition a
consisté en fait à désarmer celle-ci en la laissant exercer pleinement ses
droits. Il y a certainement à l’AMP d’autres hommes intelligents et souples.
Encore faudrait-il, d’abord, qu’ils aient le genre d’intelligence et de
souplesse que le Président sortant – ou « sorti » - possède à un degré
éminent. D’autant plus que l’action contre Kamerhe émane des « rhinocéros »,
qui risquent d’y aller avec des sandales de plomb, là où faut une légèreté
de ballerine. Or, quand on n’accepte pas les discours à la Chambre, l’on
risque d’entendre gueuler dans la rue… NdlR)

Pour *l’Observateur* , « *Aveuglée par sa haine de Kamerhe, l'AMP fait le lit
de l'opposition* ».

Et de préciser : « *C'est du jamais vu ce qui se passe dans ce pays où la
majorité se comporte comme si elle était dans l'opposition. Comme maître
Jourdain qui faisait de la prose sans le savoir, l'AMP fait ostensiblement
de l'opposition sans le savoir, non plus. C'est l'opposition qui se montre
respectueuse du droit, alors que la majorité, sans raison majeure évidente,
se vautre dans les marigots de la politique politicienne comme on sait bien
le faire ici. »
**Ces propos à la Une sont précisés dans un autre article, dû à Xavier
Mirindi Kiriza et invitant l’AMP à faire preuve de mémoire :
*« *A l'heure qu'il est, le parti unique et ses méthodes n'inspirent plus
que mépris et révolte. Pour la bonne et simple raison que la terre entière
s'organise, du mieux qu'elle peut, pour que la démocratie ne soit plus,
comme hier, une conquête et un bien de quelques peuples et de quelques
nations, mais une conquête et un bien universels.
En voyant vivre l'Amp, l'on se pose la question de savoir si les dirigeants
de celle-ci réalisent réellement que cette avancée démocratique, contre
laquelle ils semblent mener un combat d'arrière-garde, n'est plus une simple
vue d'esprit, mais une réalité qui crève les yeux en s'imposant.
Dans le cas contraire, ces dirigeants ont oublié une grande leçon de notre
histoire. La voici : pour avoir engagé le même combat contre une évolution
irréversible, le Mpr, Parti-Etat entreprit, ipso facto, de creuser sa propre
tombe. En créant, dans ses propres rangs, des Moïse, des héros, des
résistants et nous en oublions !

Entre 1990 et 1993, grâce à l'immense crédit dont il jouissait déjà auprès
des Congolais, Zaïrois à l'époque, Tshisekedi eût arraché à Mobutu son
fauteuil. Malheureusement, incapable de se dépouiller lui-même de son vieil
homme du mobutisme, d'une part, et d'écouter le peuple et les sages, du
dedans et du dehors, qui lui conseillaient de prendre le risque d'accepter
d'affronter Mobutu dans les urnes, d'autre part, Tshisekedi rata bêtement
son rendez-vous avec l'histoire. Un vrai parangon de Hannibal sachant
vaincre mais ne sachant jamais profiter de ses victoires. Aujourd'hui, tout
se passe comme si l'Amp brûlait d'envie de créer ses propres Moïse
congolais. Cependant, rien ne nous dit que ces derniers seront d'autres
Hannibal.* »

*L’Avenir* se trouve encore une fois contraint de prendre un virage sur
l’aile par rapport à ses propos sur le « politicien chauve-souris ». Certes,
il titre encore « *Les dernières convulsions de Vital Kamerhe* », mais cette
agonie ne semble pas devoir mener à une fin définitive, puisque
*L’Avenir*souligne que l’Amp ne demande pas à Kamerhe de démissionner
comme député
mais comme président de l’Assemblée nationale.
Pour ce journal, Thomas Luhaka, député Mlc, a raison lorsqu’il parle d’un
problème interne à régler au sein de la coalition. (L’Opposition a raison !
On croirait entendre ital Kamerhe ! NdlR)

Dans un article publié dans ses pages intérieures sous l’intitulé : « *Et
si Kabila se montrait neutre….* », *Le Potentiel* note que par deux fois, à
la ferme de Kingakati à Kinshasa et dans sa résidence officielle à Beni, le
président de la République a affiché une attitude très calme et impassible,
comme il en a le secret, face au déballage engagé avec acharnement par
certains membres du bureau politique du Pprd contre le président de
l’Assemblée nationale, Vital Kamerhe. Pour ce journal, la première
impression qui se dégage est J. Kabila se réserve le droit de trancher
impérativement en dernier ressort sur cette guéguerre dans sa cour, laquelle
commence à le lasser si pas l’irriter, au moment où il attend de ses proches
collaborateurs un meilleur rendement devant l’immense tâche de
reconstruction du pays après le retour (très relatif !) de la paix à l’Est.
(D’après Colette Braeckman, Joseph Kabila est un homme qu’on sous-estime.
Peut être, mais il faut bien admettre que si un talent lui manque, c’est
bien celui de communiquer ! Sa « majestueuse réserve », quand il s’y tient,
le préserve au moins des retombées de sa propre maladresse. Si l’alliance
rwandaise était inéluctable et un certain secret, inévitable, pourquoi ne
pas avoir fait annoncer la chose par les Ministres dont c’est la fonction ?
NdlR)

« *Et si Kamerhe retournait sa veste ?* », s’interroge *AfricaNews* ,.qui
souligne que rien aujourd’hui ne semble plus connecter Vital Kamerhe à sa
famille politique. Tout les sépare. Kamerhe est-il prêt à franchir le
Rubicon pour se positionner comme chef de file d’une opposition décapitée et
en quête d’un second souffle ? *AfricaNews* soutient que les faits et gestes
du concerné ne rassurent guère quant à une probable réconciliation des cœurs
après toute la brouille ayant caractérisé sa problématique démission. Ce
journal rappelle que plus d’une fois, Kamerhe s’est mis en porte-à-faux face
aux idéaux de son parti et de sa famille politique. La mutation se réglait
proprement, lentement de sorte qu’aujourd’hui, affirme *AfricaNews* , tout
retournement de veste, ne saurait émouvoir les esprits lucides qui savent
décrypter les signes du temps.
(Les diplomates se font facilement soupçonner d’être sournois, voire félons.
Ils ont pourtant l’avantage que leurs victoires ne font pas de dégâts,
contrairement à celles que l’on arrache à la massue ! Est-ce un tort de
servir sa famille politique avec subtilité, quand on est né subtil ? NdlR)

Dans *Forum des As, *José Nawej* *gratifie ceux qui suivent ses « Billets »
d’un jeu de mots en donnant des « *Conseils vitaux à Vital* » , conseils qui
tiennent beaucoup du panégyrique : « *Autant le reconnaître tout de go.
Vital Kamerhe n’est pas un diable. Il est à mille lieues du prototype de la
médiocrité politique zaïro-congolaise. Mieux, le jusqu’alors président de la
Chambre des représentants a de l’envergure. Il a de l’étoffe.
En deux ans de présidence de l’Assemblée nationale, Vital Kamerhe a mis tout
le monde d’accord sur sa capacité à tenir la Chambre. Auparavant, il avait
donné toute la mesure de son entregent, de son dynamisme lors des
négociations inter congolaises et à l’occasion de la campagne électorale de
2006.
Ces combats-là, Kamerhe les a gagnés. Bref, qu’on l’aime ou qu’on ne l’aime
pas, Vital Kamerhe est une valeur sûre de l’espace politique congolais.
Seulement voilà, en politique, plus qu’ailleurs la loi de rapports de force
est immuable. Même si, en l’occurrence, Vital Kamerhe n’a pas tout le droit
contre lui. Mais quelque part, il est dit que la politique précède le droit.
Sinon, on fait du juridisme.
Toujours en politique plus qu’ailleurs, il faut éviter de livrer un combat
de trop. Au risque de rater sa sortie. Pour un acteur qui a encore l’avenir
devant lui, ces constantes de la vie politique sont à méditer*. »

© CongoForum, le mercredi 18 mars 2009

Madagascar n'est pas encore à l'abri de l'instabilité

Barry Moody

Andry Rajoelina a pris le pouvoir à Madagascar en évinçant son prédécesseur après deux mois de crise, mais on s'interroge sur sa capacité à le conserver et sur le risque d'une persistance de l'instabilité dans l'île de l'océan Indien.


Rajoelina, 34 ans, a moins de deux ans d'expérience politique réelle. Le soulèvement dont il avait pris la tête à Antananarivo, la capitale, a obligé Marc Ravalomanana à quitter la présidence une fois qu'une grande partie de l'armée s'est retournée contre lui.

Devenu vulnérable à force de traiter par le dédain l'armée et les élites du pays, Ravalomanana n'avait guère amélioré en outre les conditions de vie des 20 millions d'habitants de Madagascar, l'un des pays les pauvres du monde.

Si l'impopularité de son prédécesseur était évidente, on s'interroge aussi sur les chances de Rajoelina à moyen terme. Il a pris les rênes du pays de façon analogue à Ravalomanana en profitant de sa qualité de maire pour mobiliser la population de la capitale, centre du pouvoir politique et économique.

Nul ne sait toutefois si le reste des habitants le soutient dans une "Grande Île" où les communications et les transports sont souvent sommaires. Certains analystes jugent possible que les régions reculées du pays ne soient pas encore informées des derniers événements.

L'ÉCUEIL DE LA PAUVRETÉ

La question centrale est de savoir si Rajoelina est en mesure de triompher de la pauvreté, cause première de la chute de Ravalomanana dans l'opinion. S'il n'y parvient pas, il pourrait très vite se trouver en butte à un mouvement populaire du même type que celui qui l'a porté au pouvoir.

"Le risque existe de voir se poser exactement les mêmes problèmes dans six mois ou un an", note Edward George, expert auprès de l'Economist Intelligence Unit (EIU) à Londres.

"Sa position est très faible, car après tout c'est un jeune type sans grande expérience politique. Il n'a pas vraiment de parti derrière lui", dit pour sa part Stephen Ellis, spécialiste de Madagascar et professeur de sciences politiques à l'Université libre d'Amsterdam.

"Il n'a pas de base politique autonome, sinon la foule urbaine d'Antananarivo, qui à mon avis ne mène pas très loin."

Le conflit intérieur, qui s'est soldé par 135 morts, a beaucoup affaibli une économie déjà frappée par la crise économique mondiale, laquelle a exacerbé la pauvreté.

Les efforts de mise en valeur de la flore et de la faune entrepris pour attirer des touristes à Madagascar sont réduits à peu de chose et il est probable que le secteur touristique connaisse une période sombre. Selon Edward George, il pourrait enregistrer une baisse de 90% cette année.

L'aggravation de l'instabilité ferait obstacle à la reprise.

Avant même les troubles, des entreprises internationales ont donné un coup de frein à des investissements majeurs qui étaient considérés comme l'espoir le plus sérieux de relance économique.

Le renversement de Ravalomanana, président démocratiquement élu, par un adversaire soutenu par l'armée a en outre été largement condamné sur le plan international - en particulier par l'Union africaine, qui s'inquiète des coups de force et tentatives de putsch enregistrés depuis un an sur le continent.

DISSENSIONS INTERNES

Cette réprobation est de nature à limiter fortement les financements extérieurs jusqu'à ce que Rajoelina persuade les donateurs de sa légitimité. Or, il a dit ne pas envisager d'élections avant deux ans.

Rajoelina passe pour avoir le soutien de la classe politique traditionnelle qu'avait délogée Ravalomanana, et notamment de l'ancien président en exil Didier Ratsiraka et ses alliés.

Certains analystes voient en Rajoelina un "porte-parole" de Ratsiraka et jugent possible que sa victoire fasse revenir le pays à la situation antérieure à la présidence de Ravalomanana, époque de dissensions récurrentes au sein de la classe politique traditionnelle.

D'autres pensent aussi qu'une lutte de tendances persiste au sein des forces armées et qu'elle pourrait s'accentuer avec le temps, rendant la situation encore plus incertaine.

"Je vois se profiler de nouveaux problèmes sur le front politique et au sein de l'armée (...) à court terme. Il pourrait y avoir des problèmes de rivalité interne dans l'équipe de Rajoelina", indique Lydie Boka, du groupe StrategieCo.

En revanche, Kissy Agyeman, du groupe IHS Global Insight, est plus optimiste quant aux chances de survie de Rajoelina. Notant qu'il a le soutien de l'armée et de la cour constitutionnelle, elle ajoute : "Cela laisserait penser qu'il est en sécurité relative pour le moment."

Version française Philippe Bas-Rabérin