mardi 29 décembre 2009

Burundi: L’adhésion à l’Union douanière de la CEA marque l’année 2009 au Burundi

Bujumbura, Burundi (PANA)Publié le 28 décembre 2009 à 18h58

L’adhésion du Burundi à l’Union douanière de la Communauté est-africaine (CEA), le 1er juillet dernier, a constitué l’évènement économique majeur du pays de l’année 2009.

Dans son discours concernant cette adhésion, le chef de l’Etat burundais, Pierre Nkurunziza, a mis l’accent sur les chances et les opportunités d’affaires qu’elle pourrait offrir à son pays, notamment une forte réduction des taxes sur les importations.

Le Burundi a également souscrit au Tarif extérieur commun (TEC) en vigueur au sein de la CEA, ce qui se traduit par le non-payement de taxes de transit sur tous les produits importés en dehors des pays membres de l’organisation.

Créée le 1er janvier 2005, l’Union douanière de la CEA regroupe la Tanzanie, le Kenya et l’Ouganda, le Burundi et le Rwanda.

Burundi: malversations présumées (AFP) 28 12 2009

La principale organisation de lutte contre la corruption au Burundi a dénoncé aujourd'hui des cas de "malversations" présumées dans la gestion de certains fonds affectés à la présidence, appelant le Parlement à ne pas voter en l'état le budget 2010.

Gabriel Rufyiri, président de l'Observatoire de lutte contre la corruption et les malversations économiques (Olucome), a cité en exemple la ligne budgétaire de la présidence intitulée +Appui aux bonnes initiatives+ et dotée de 2 milliards de Fbu (environ 1,6 million USD) destinés à l'achat de tôles pour construire des écoles et d'arbres fruitiers.

"D'après une enquête de l'Olucome, une partie de ces tôles ont été utilisées pour construire des maisons particulières et pour construire des permanences du parti Cndd-FDD (au pouvoir)", a accusé M. Rufyiri au cours d'une conférence de presse à Bujumbura. "Pour l'achat des plants fruitiers, la présidence s'approvisionne auprès de membres du parti au pouvoir, à des prix trois fois supérieurs aux prix réels du marché", a-t-il ajouté.

Cette enveloppe de 2 milliards de Fbu est allouée à la présidence depuis trois ans. Selon l'opposition, elle sert au président burundais Pierre Nkurunziza à mener "une campagne permanente". De même, l'Olucome a dénoncé le montant alloué dans le projet de budget 2010 au parc automobile de la présidence, environ 300.000 dollars: "d'après nos calculs (cela) signifie que chaque voiture (...) consomme 118 litres d'essence par jour", a-t-il poursuivi, jugeant "impossible un tel niveau de consommation". "Tous ces fonds sont gérés de manière opaque, en dehors de toute norme comptable de l'Etat burundais et il s'agit de malversations tout simplement", a affirmé Gabriel Rufyiri.

"Nous appelons l'Assemblée nationale qui étudie la loi de finances 2010 en ce moment (lundi) et le Sénat qui va le faire bientôt, à ne pas voter ce budget tel qu'il est conçu actuellement parce qu'il profite à une poignée de gens au détriment d'une population de plus en plus misérable", a-t-il martelé.

Burundi - Sécurité : Un attentat fait au moins deux morts dans un marché

Au moins deux personnes ont été tuées et 20 autres blessées dans un attentat à la grenade perpétré dimanche matin au marché central de Bujumbura, situé dans le centre-ville de la capitale burundaise.

Le porte-parole de la Police nationale, Channel Ntarabaganyi, a déclaré que l'acte pourrait être lié à un règlement de comptes.

Selon des témoignages recueillis sur place, l'attentat serait commis par un jeune homme d'une vingtaine d'années, qui s'est présenté à un vendeur de fruits et légumes pour lui confier un sachet noir qui a explosé peu après.

Bujumbura - Pana 27/12/2009

Burundi: Des députés Insatiables

Le Burundi s’est illustré dans l’actualité avec deux faits majeurs qui ont marqué le début du week-end écoulé. Le premier, par ordre chronologique, ce sont les indemnités et avantages que se sont octroyé les députés burundais à travers le vote à l’unanimité de deux projets de loi, dans la nuit du 24 au 25 décembre 2009 au moment où les fidèles catholiques du monde – et de ce pays aussi - s’apprêtaient à célébrer la naissance de l’enfant Jésus.

Le deuxième fait est la demande de remplacement du représentant de l’ONU au Burundi, le Tunisien Youssef Mahmoud, formulée officiellement par les autorités de Bujumbura. « Crime » commis par ce troisième représentant onusien : ses accointances avec l’opposition, ses immixtions dans les affaires intérieures du pays, surtout concernant les élections générales de juillet 2010. Mais de ces deux événements, celui qui aura le plus fait jaser est le cadeau de Noël que se sont offert les élus du peuple. Le geste ne pouvait passer inaperçu au sein d’une population dont 70% vit en dessous du seuil de pauvreté. Les élus ont, par un vote, augmenté les indemnités et avantages à verser au chef de l’Etat et à ses deux vice-présidents, aux ministres, aux sénateurs, bref à tout dignitaire en fin de mandat. Mais la mesure a du mal à passer au sein des populations.

Et pour cause : les députés sont non seulement perçus comme des personnes qui sont déjà bien loties socialement par rapport au commun des Burundais mais aussi payées à ne rien faire. Dans ces conditions, s’octroyer des indemnités et des avantages supplémentaires qui vont coûter entre 7 et 8 millions de dollars américains aux contribuables est vu comme une provocation, un gaspillage des maigres ressources financières du pays. Depuis 1990, date du début du processus de démocratisation, la perception des députés et des Assemblées nationales par les peuples n’a pas beaucoup varié en Afrique. En effet, le pouvoir législatif traîne comme un boulet à ses pieds d’une image d’institution budgétivore, de valet du pouvoir exécutif et est vu comme sa caisse de résonance.

Et les élus ne font pas d’efforts pour prouver le contraire. Par leurs actions, ils ont contribué même à renforcer cette image en révisant par exemple les Constitutions pour permettre aux dirigeants en place de rester le plus longtemps possible au pouvoir. Certes, certaines Assemblées nationales se sont illustrées par leur refus d’être des caisses de résonance du pouvoir. Mais elles sont combien en Afrique ? Très rares. Au Burkina, on se rappelle aussi les cris d’orfraie qui avaient accompagné les trois millions de F CFA que les députés de la troisième législature avaient votés pour eux-mêmes à l’occasion des fêtes de fin d’année.

Ce qui s’est passé au Burundi est donc le reflet de la boulimie des élus du peuple qui révolte le même peuple qui ne reconnaît plus ceux qui sont censés défendre ses intérêts. Mais c’est se méprendre sur les politiciens africains qui utilisent le peuple pour parvenir à leurs fins. Chacun dit agir au nom de celui-ci mais en fin de compte, il n’a d’yeux que pour ses propres intérêts. L’analphabétisme aidant, les mêmes politiciens flattent le peuple pour se faire réélire à chaque scrutin en recourant s’il le faut, à la fraude.

On ruse tellement avec les règles de la démocratie à l’occidentale que l’on se demande s’il n’est pas temps de trouver quelque chose d’autre qui serait plus sincère et plus adapté au contexte africain. Mais en attendant, le triste spectacle auquel l’on assiste se poursuit de plus belle sans que personne ne puisse y mettre le holà. La société civile, sur qui repose beaucoup d’espoirs en tant que contre-pouvoir, a de plus en plus du mal à jouer son rôle. Celle du Burundi a donné de la voix contre ses députés insatiables. Mais sera-t-elle entendue ?

Par Séni DABO

Le Pays




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lundi 28 décembre 2009

BUJUMBURA, 26 déc 2009 (AFP) - Burundi: l'Eglise appelle à ne pas voter pour "des gens pleins de cupidité"

L'Eglise catholique du Burundi a appelé les fidèles à ne pas voter "pour des hommes qui usent de violence et sont pleins de cupidité et démagogie" lors des prochaines élections générales de 2010, selon un message signé des huit des évêques du pays.

"Nous demandons à ceux qui veulent entrer en compétition lors des prochaines élections, de mettre en avant la sagesse et la pertinence des programmes politiques qu'ils présentent aux citoyens", déclare ce message signé, lu dans toutes les églises du pays à l'occasion de Noël.

"Nous serons heureux si les citoyens vont aux élections motivés par la pertinence du programme politique présenté plutôt que par la corruption, l'intimidation ou la violence", avertissent les prélats.

"Il serait anormal de suivre des hommes qui utilisent un langage qui tue, qui usent de violence, qui sont pleins de cupidité et de démagogie, sans un programme politique pour reconstruire la nation", ont-ils souligné.

"Nous ne voulons pas désigner du doigt ceux à qui vous accorderez votre suffrage, ni ceux à qui vous le refuserez, (...), mais nous souhaitons de tout coeur que notre Burundi soit confié à des dirigeants prêts à se sacrifier pour son développement réel", ajoutent les évêques.

Des élections générales, dont une présidentielle et législatives sont prévues en juin/juillet 2010 au Burundi, qui tente de sortir depuis 2006 de treize ans d'une guerre civile ayant fait au moins 300.000 morts.

L'Eglise catholique, dont les fidèles représentent 70% de la population burundaise, est très influente dans le pays et a déjà dénoncé à plusieurs reprises "les dérives autoritaires du pouvoir".

En août, elle avait mis en garde contre l'organisation en 2010 d'élections qui ne seraient pas libres.

Burundi: l'ex-président Bagaza candidat à la présidentielle de juin 2010

BUJUMBURA (AFP)
Le Parti pour le redressement national (Parena, opposition) a désigné dimanche son leader, l'ancien président Jean-Baptiste Bagaza comme son candidat à l'élection présidentielle prévue en 2010 au Burundi, a constaté le correspondant de l'AFP.

M. Bagaza a été élu par quelques 250 délégués et par acclamation lors d'un congrès extraordinaire de son parti à Bujumbura.

Issu de la minorité tutsie, le colonel Jean-Baptiste Bagaza, 63 ans, était arrivé à la tête du pays à la faveur d'un coup d'Etat militaire en 1976. Il a dirigé le Burundi jusqu'à son renversement en 1987.

"Vous venez de me choisir comme candidat du Parena à l'élection présidentielle de 2010, c'est une lourde responsabilité que j'accepte et je vais présenter aux électeurs mon bilan, c'est-à-dire le paix et le développement", a déclaré M. Bagaza dans un discours à ses partisans.

"Le président Bagaza a une chance réelle de remporter la présidentielle grâce notamment au bilan de sa présidence, et aussi parce que les Burundais, qui sont aujourd'hui dirigés par un pouvoir hutu, ont constaté que cela ne les a avancé en rien puisque ce pouvoir n'hésite pas à tuer des Hutus", a affirmé à l'AFP le porte-parole du Parena, Raphaël Manirakiza.

"L'intérêt de la population est de choisir un bon programme politique, et c'est nous qui l'avons", a assuré M. Manirakiza.

Le Parena, formation majoritairement tutsi, avait obtenu 1,8% des voix aux législatives de 2005.

La candidature de M. Bagaza intervient après celle de l'ex-président de la transition, Domitien Ndayizeye, candidat du principal parti d'opposition, le Front pour la démocratie au Burundi (Frodebu), et d'Agathon Rwasa, le leader de l'ex-rébellion hutu des Forces nationales de libération (FNL).

MM. Rwasa et Ndayizeye, tous deux issus de l'ethnie hutu (85% de la population), seront sans aucun doute les principaux adversaires du président sortant, Pierre Nkurunziza, lui aussi ancien chef rebelle hutu, qui ne s'est cependant pas encore déclaré.

Le Burundi tente depuis 2006 de sortir de 13 ans d'une guerre civile qui a fait au moins 300.000 morts. Ce pays doit organiser des élections générales dont une présidentielle en juillet 2010.

vendredi 25 décembre 2009

Burundi: Observations cours des comptes par rapport à la proposition de budget 2010

L’autre fait marquant dans le budget 2010 qui n’a pas échappé à l’attention de la Cour des comptes porte sur les dons en capital, qui représentent la part la plus importante dans cette répartition. En effet, ils occupent respectivement 60% et 53%, même s’ils subissent une diminution de l’ordre de 20% par rapport au budget 2009.

Aux yeux des responsables de l’institution, cette proportion importante confirme la dépendance constante du pays vis-à-vis des dons extérieurs, y compris en ce qui concerne les dépenses d’investissement.

Les ressources du budget pour exercice 2010 s’élèvent à 728,9 milliards de FB (envion 728,9 millions de dollars) contre 734,7 milliards de FB (environ 734,7 millions de dollars) dans le budget 2009, soit une diminution de 0,79%. Quant aux dépenses à charge pour 2010, elles s’élèvent à 861,6 milliards de FB (près de 861,6 millions de dollars), contre 846,5 milliards en 2009.

Le projet de budget 2010 prévoit de financer le déficit de l’ordre de 130 milliards de FB (près de 130 millions de dollars) par des avances de la Banque centrale et des bons du Trésor, ce qui constitue une violation des statuts de la banque centrale.

Aussi la Cour des comptes, qui a notamment pour mission d’émettre des avis et commentaires sur le projet de loi de finances avant son examen et son adoption par l’Assemblée nationale, recommande-t-elle à l’Etat de cesser de financer le déficit par des avances de la Banque centrale et les bons du Trésor.

A noter que le projet de loi se fait encore attendre à l’Assemblée nationale alors que la Constitution dispose, en son article 176, que la Chambre basse du Parlement est normalement saisie de la loi de finances dès l’ouverture de sa session d’octobre. Le projet de loi des finances n’a finalement été délibéré en conseil des ministres que le 16 décembre dernier.

Même s’il n’y a pas d’inquiétudes particulières que le Parlement puisse, pour une fois, rejeter ou modifier considérablement la proposition de budget gouvernementale, le temps presse quand on sait surtout que, pour avoir la force d’une loi, le projet doit encore passer devant Sénat et revenir sur le bureau du président de la République pour promulgation.

mercredi 23 décembre 2009

Le Rwanda étonne par sa capacité à se reconstruire et à changer, pour le meilleur.

Rwanda - Economie(0 réaction )
23/12/2009 12:19:17 | Jeune Afrique | Par : Tshitenge Lubabu M. K., envoyé spécial Rwanda : au pays des mille miracles Boulevard de l'Umuganda, à Kigali
© Vincent Fournier pour Jeune Afrique

Nouvelles résolutions ? Nouveaux partenaires ? En tout cas, les performances sont au rendez-vous.

Le classement « Doing Business 2010 » de la Banque mondiale sur le climat des affaires et les facilités faites aux investisseurs est on ne peut plus clair : le Rwanda est le nouveau numéro un mondial. Une performance qui suscite à la fois de l’admiration et des interrogations. Comment un pays aussi minuscule (26 338 km2), dont la majorité de la population est rurale, qui n’a que peu de ressources et a récemment connu une tragédie, peut-il obtenir de tels résultats ? Est-ce le fruit d’une prise de conscience et d’une capacité exceptionnelle à rebondir des Rwandais ? Quelle que soit la réponse, la performance n’est pas due au hasard.

Un petit pays qui monte

En 1994, après le génocide, le pays est foudroyé, à genoux. Miné, aussi, par l’effondrement de l’économie et, la compassion passée, par la perte de la confiance des investisseurs étrangers, publics et privés. Un vrai désastre pour le nouveau pouvoir, qui ne sait où donner de la tête tant les priorités sont nombreuses : rétablir la paix, réinstaller les réfugiés et les déplacés en assurant leur réintégration dans la société, juger les auteurs du génocide, venir en aide aux victimes…

Pour sortir la tête de l’eau, dès décembre 1994, le gouvernement d’union nationale, sans ressources et dont les membres n’avaient, pour la plupart, pas la moindre expérience dans la gestion de la chose publique, annonce une série de mesures : passage à une économie de marché, privatisation des entreprises étatiques en vue de l’émergence d’un secteur privé fort, libéralisation du commerce et des taux de change. L’accent est mis sur les ressources humaines et la participation de tous à l’effort de reconstruction.

Des réformes structurelles sont entreprises pour rendre effective la nouvelle orientation de l’économie. Flexibilité du taux de change dès 1995, réduction du taux d’imposition de 34,8 % à 18 %, libéralisation du secteur bancaire marquée par la privatisation des trois banques d’État et la création de banques commerciales, facilités accordées aux entrepreneurs en matière de circulation des capitaux… Le gouvernement rwandais a d’abord misé sur l’entrepreneuriat local pour assurer le succès de sa politique économique. Mais, comme le souligne l’économiste rwandais Thomas Rusuhuzwa Kigabo, « le monde des affaires local souffrait d’un manque de capacités managériales et financières. Le gouvernement a dû revoir les lois sur l’investissement pour attirer les entrepreneurs étrangers et a encouragé les opérateurs économiques locaux à s’associer avec eux pour un bénéfice commun ».

Au début, les investisseurs ne se bousculent pas au portillon. Kigali va pourtant insister en multipliant les facilités : simplification des procédures, qu’il s’agisse de la création de sociétés ou des douanes, de tribunaux de commerce, de nombreuses exonérations et de mesures incitatives. Ce qui a fini par payer.

L’économie rwandaise est cependant encore fragile. Malgré son taux de croissance (6 % en moyenne ces dernières années), elle reste dépendante de l’aide extérieure, qui finance la moitié du budget de l’État, alors même que la vision du président Paul Kagamé à l’égard des partenaires étrangers est de privilégier l’investissement à l’assistance. Contradiction ou nécessité conjoncturelle ? Par ailleurs, l’économie repose essentiellement sur l’agriculture, un secteur porteur, mais dont la santé dépend des caprices du marché. Enfin, le pays est enclavé, ce qui engendre des coûts importants, en temps et en transport, pour les entrepreneurs.

Intégration vers l’Est

« L’intégration régionale crée évidemment un bon environnement pour une croissance économique soutenue, souligne Thomas Rusuhuzwa Kigabo. Elle reflète le besoin de s’occuper des problèmes considérés comme des freins à la croissance et qui sont liés à la structure de l’économie rwandaise : sa petite taille, son enclavement et la pauvreté des infrastructures du pays. » Et c’est pour résoudre ces problèmes que Kigali a adhéré à la zone de libre-échange du Marché commun d’Afrique orientale et australe (Comesa), le plus grand bloc régional d’Afrique et, en juin 2007, à la Communauté d’Afrique de l’Est (EAC). Un nouvel ancrage qui éloigne peu à peu le pays du monde francophone. Ce que vient de confirmer l’admission du Rwanda, le 28 novembre dernier, au Commonwealth. L’enracinement dans l’espace anglophone est une question de pragmatisme. Et d’affinités.

Alors, qui sait, le Rwanda parviendra peut-être, dans ce même mouvement, à relancer la Communauté économique des pays des Grands Lacs (CEPGL), qui l’associe au Burundi et à la RD Congo, avec laquelle ses relations se sont normalisées. Un marché et un atout importants qui pourraient conforter la réalisation de certains des objectifs du projet de société du pays, sa Vision 2020

mardi 22 décembre 2009

Entretien sur la coopération Libye-Burundi

Afrique du Nord - Libye .Politique -
Le secrétaire du comité populaire général libyen des Relations extérieures et de la Coopération internationale, Moussa Koussa, s'est entretenu dimanche à Tripoli avec le ministre burundais des Relations extérieures et des Relations internationales, Augustin Nsanze, sur les moyens de promouvoir les relations de coopération entre les deux pays.

Au cours de cet entretien, le ministre burundais a exprimé la disponibilité de son pays à ouvrir l'opportunité devant les institutions libyennes d'investissement dans les différents domaines.

Il s'est également félicité du niveau des relations bilatérales entre les deux pays, soulignant l'espoir de voir les efforts s'intensifier pour les consolider davantage.

Par ailleurs, M. Nsanze a salué les progrès enregistrés dans le processus de l'Union africaine (UA) sous le mandat du guide Mouammar Kadhafi, président en exercice de l'organisation continentale.

Il a magnifié les résultats et le succès du 13ème sommet ordinaire de l'UA qui s'était déroulé dans la ville libyenne de Syrte.

Le ministre burundais a déclaré que son pays est confiant quant à la poursuite des efforts du leader Kadhafi, soulignant que ces efforts réaliseront les objectifs attendus auxquels aspirent la population africaine

Afrique en ligne

Alan Doss s’est adressé aux membres du Conseil de Sécurité de l’ONU

New York, 21 décembre 2009- Le Représentant spécial du Secrétaire général en RDC, Alan Doss, s’est adressé aux membres du Conseil de sécurité des Nations Unies le mercredi 16 décembre dernier. Il a informé les pays membres des activités menées par la mission dans l’accomplissement de son mandat, notamment la pacification de l’est du pays et la mise en place du plan de stabilisation pour la région, ainsi que sur les défis qui restent encore à relever. Texte de sa présentation.
M. le Président,
Excellences Mesdames et Messieurs les Membres du Conseil,

C’est un honneur pour moi de vous présenter aujourd’hui de nouveau un aperçu de la situation en République Démocratique du Congo (RDC), et un état de lieu de la mise en œuvre du mandat que vous avez donné à la MONUC, en décembre 2008. Comme vous êtes actuellement en discussion sur l’avenir de notre mission, je vais me concentrer sur les défis restant dans le processus de paix et sur nos propositions pour y faire face dans un avenir proche.

M. le Président, distingués Membres du Conseil,

Vous avez reçu le rapport du Secrétaire général et j’ai très peu d’éléments nouveaux à ajouter, à l’exception de la situation en Equateur. Les forces gouvernementales ont repris la ville de Dongo, où des incidents avaient débuté il y a trois semaines. La MONUC a envoyé une équipe composée de militaires et de civils dans la zone afin d’aider à préparer le retour de la population et faciliter l’arrivée de l’aide humanitaire.

Dans l’Est, nous avons concentré nos efforts sur la maîtrise et la réduction de la menace que font peser les principaux groupes armés étrangers en RDC ; à savoir les Forces démocratiques de libération du Rwanda (FDLR) et l’Armée de résistance du Seigneur (LRA). Au cours des mois d’octobre et de novembre, des éléments des deux groupes se sont rendus et ont été candidats à un rapatriement volontaire. Depuis le début de l’année et jusqu’à la mi-décembre, plus de 1400 combattants se sont rendus, ce qui représente environ trois fois plus que la moyenne des années précédentes.

Il y a également de plus en plus de combattants de la LRA qui se rendent. Parmi ces nombreuses redditions, la plus importante a été celle de Charles Arop qui commandait les opérations au moment du massacre de Noël qui a eu lieu à Faradje l’année dernière.

M. le Président,

Les opérations Kimia II prendront fin le 31 décembre. L’opération a été axée sur la déstabilisation et la dispersion des forces FDLR afin de mettre fin à leur contrôle des centres de population et de réduire leur capacité à exploiter les richesses naturelles du pays. Cet objectif a été largement atteint, bien que nous reconnaissions que les conséquences humanitaires ont été très graves.

Néanmoins, je voudrais souligner qu’il n’était pas prévu que ces opérations démantèlent totalement les FDLR, qui sont retranchés dans les Kivus depuis plus de dix ans. Les FDLR restent une menace forte et elles chercheront à retourner dans leurs anciens fiefs et punir la population pour avoir collaboré avec les forces gouvernementales, si on leur permet de le faire. Aussi, j’ai le plaisir de vous annoncer qu’une nouvelle directive a été approuvée ce matin par le Chef d’Etat Major des Forces armées de la République démocratique du Congo (FARDC) et le Commandant de la Force. Dans le cadre de cette directive, les FARDC et la MONUC auront pour priorité de conserver les zones qui ont été reprises aux FDLR et d’empêcher les attaques contre les civils dans les zones vulnérables, tout en menant des actions plus ciblées contre les centres de commandement et de contrôle où les FDLR pourraient s’être regroupées. La protection des civils devra être au cœur de ces opérations.

Comme nous l’avons indiqué auparavant au Conseil, la menace que représente les FDLR ne peut être neutralisée que par un ensemble de mesures : une pression militaire alliée à des mesures visant à inciter les combattants à se rendre, un véritable contrôle par l’Etat du commerce des minerais et autres ressources, et enfin des poursuites judiciaires contre les éléments expatriés qui continuent de financer, encourager et appuyer les activités criminelles dans l’Est de la RDC. Il s’agit d’un programme d’action qui, de toute évidence, va au-delà du mandat et des moyens de la MONUC et nécessite un appui régional et international.

Le dernier rapport du Groupe d’experts fournit des preuves abondantes du rôle crucial joué par les dirigeants expatriés dans le financement, l’organisation et la conduite des activités des FDLR à l’Est de la RDC. Le rapport montre également à quel point il est important de sévir contre les réseaux de commerce illégaux qui financent les FDLR ainsi que d’autres groupes armés en RDC. Les gouvernements de la région et au-delà devraient travailler ensemble et identifier les meilleurs moyens de contrôler et réguler le commerce des ressources minières et naturelles afin de garantir que les entreprises qui importent des minerais de la RDC fassent preuve de prudence nécessaire.

Parallèlement, le Gouvernement congolais doit garantir la démilitarisation progressive des zones minières et empêcher ses propres forces armées d’exploiter ces ressources. Le Groupe d’experts a indiqué une collusion entre certains éléments FARDC et les FDLR. Nous le déplorons, mais il faut reconnaître que les FARDC ont délogé les FDLR de leurs anciens fiefs, et restent déterminés à régler le problème des FDLR, ce qui, jusqu’à il y a une année, n’était pas le cas. Cependant, le gouvernement doit agir dans les plus brefs délais pour instaurer l’autorité de l’Etat dans ces zones tout en poursuivant devant la justice ceux qui commettent des violations des droits de l’homme.

Nous saluons l’arrestation dans la partie orientale de la RDC et en Ouganda de deux inculpés du Tribunal pénal international pour le Rwanda parmi les dirigeants des FDLR. Ces arrestations ont été suivies par l’arrestation en Allemagne au mois de novembre d’Ignace Murwanashyaka, le Président des FDLR, et de son adjoint Straton Musoni. C’est la première fois que des dirigeants FDLR sont inculpés pour des crimes commis par leur groupe en RDC — crimes qui, jusqu’à ce jour, sont toujours aussi nombreux. J’exhorte d’autres pays à suivre l’exemple de l’Allemagne en engageant des poursuites judiciaires contre les autres membres de la direction politique des FDLR pour leur soutien à des crimes contre les congolais dans la partie orientale de la RDC.

M. le Président,

Le Conseil a spécifié que l’appui de la MONUC aux FARDC est subordonné au respect des droits de l’homme, du droit humanitaire international et du droit des réfugiés. Conformément aux directives données par le Siège des Nations Unies, nous avons adopté une politique de conditionnalité, qui est déjà en application, quant à l’appui de la MONUC aux opérations. Cette politique a été partagée avec le gouvernement et étaye l’initiative de tolérance zéro du Président Kabila. Elle est un élément crucial dans la lutte contre l’impunité et la protection des civils.

Malheureusement, avec la récente vague d’intégration et de démobilisation des groupes armés congolais, le problème de la discipline au sein des FARDC s’est aggravé. Il ne s’agit pas d’un problème nouveau car les précédentes vagues d’intégration ont apporté de nombreux éléments indisciplinés et non formés au sein de l’armée. C’était le prix à payer pour la paix. Il est par conséquent important que la réforme du secteur de la sécurité aborde ce problème récurrent par le biais d’un processus structuré de vetting et de formation et en veillant à ce que les forces de sécurité soient payées régulièrement et à temps.

M. le Président,

Depuis mon dernier exposé devant le Conseil, des évènements qui ont eu lieu sur le terrain en RDC ont mis en évidence les nombreux défis auxquels nous faisons face dans nos efforts pour appliquer les dispositions du mandat que vous nous avez assigné.

Le premier défi est la protection. Les violations des droits de l’homme continuent à grande échelle dans l’est du pays, et particulièrement dans les Kivu. Il y a également eu de nombreuses attaques contre des défenseurs des droits de l’homme dans d’autres parties du pays. La situation humanitaire dans les Kivu demeure précaire et les déplacements de population restent importants malgré le retour récent des déplacés internes des camps autour de Goma. Les violences sexuelles continuent de manière irrépressible. Les groupes armés ainsi que des éléments incontrôlés des FARDC sont responsables de la plupart de ces violations.

La MONUC et des agences des Nations Unies ont mis au point et sont en train de mettre en œuvre une stratégie de protection à multiples facettes. La MONUC aide chaque jour — et dans de nombreuses zones — à protéger des dizaines de milliers de civils qui sont sous la menace d’un danger imminent. Nous avons continué le déploiement des Equipes conjointes de protection ; nous cartographions les conflits et identifions les zones « à protéger impérativement », en coopération avec les autorités militaires et civiles locales. De plus, des Bases Opérationnelles Mobiles et des Bases Opérationnelles de la Compagnie ont été déployées pour la protection des populations vulnérables dans le Sud Kivu, l’Ituri et dans le Haut et le Bas Uélé. Dans le territoire du Bas Uélé, où nous n’avons encore qu’une présence limitée, le déploiement d’un bataillon supplémentaire permettra à la Force d’accompagner les agences humanitaires pour des missions de courte durée dans des lieux autrefois inaccessibles où il est fait état de situations humanitaires très graves. Cinquante deux de ces bases avancées sont à présent opérationnelles et j’en ai visité quelques-unes. Je peux vous assurer que la population locale est très reconnaissante de notre présence et de la protection fournie par la MONUC.

Le Conseil n’ignore cependant pas le dilemme auquel est confrontée la MONUC, dilemme qui est inhérent au mandat, lequel nous prescrit comme objectif premier la protection des civils, tout en travaillant avec les FARDC, qui comprennent des éléments qui ont commis des violations des droits de l’homme, le désarmement des groupes tels que les FDLR qui sont depuis plus de dix ans une menace constante pour la population de l’Est du Congo. Il n’y a pas de réponse facile à ce dilemme et, à cet égard, nous nous en remettons au Conseil pour une orientation claire.

Le deuxième défi est l’intégration, un processus fragile qui crée de nouvelles tensions et incertitudes dans les Kivu. Il y a deux raisons principales à cela : les groupes armés résiduels qui manifestent de la réticence à s’intégrer ou se démobiliser ; et l’ancien CDNP qui n’a pas encore démantelé ses structures militaires et administratives parallèles dans certaines zones qui étaient précédemment contrôlées par ce groupe. Le manque de progrès sur les problèmes non résolus relatifs aux Accords du 23 mars est souvent utilisé comme un prétexte pour refuser d’achever l’intégration et de soutenir l’extension de l’autorité de l’Etat. Le Gouvernement doit établir le dialogue avec les groupes récalcitrants et examiner leurs doléances ; mais toutes les parties prenantes doivent comprendre que le maintien de structures parallèles ou de milices est incompatible avec le processus de paix, et que le Gouvernement a le droit d’employer tous les moyens adéquats pour imposer son autorité à ceux qui continuent de la défier, pour peu qu’il le fasse dans le respect des droits de l’homme et du droit humanitaire international.

Parallèlement, le Gouvernement devrait tout mettre en œuvre pour surmonter les échecs qui ont entravé l’intégration militaire et de la police. La Commission sur l’attribution des grades militaires devrait s’employer à une conclusion rapide de ses débats afin de clarifier le statut et la fonction de tous les officiers nouvellement intégrés. Maintenant que l’EUSEC a terminé le recensement de l’Armée, les salaires devraient être payés à temps et il faudrait établir des mécanismes visant à garantir que les soldes parviennent jusqu’aux soldats. Il faudrait commencer immédiatement à mettre en garnison les troupes qui ne sont pas indispensables pour les opérations en cours et pour les missions de protection. De plus, les FARDC devraient identifier les bataillons sélectionnés pour la formation, afin que les FARDC et la MONUC puissent poursuivre le processus de vetting, et écarter les militaires qui ne remplissent pas les critères requis par des forces de sécurité professionnelles, et cela dans le but de bâtir une force de taille raisonnable qui pourra prendre progressivement en charge les fonctions assumées par la MONUC sur le plan de la sécurité, comme il est recommandé dans le rapport du Secrétaire général. La police nouvellement déployée et intégrée devrait être rémunérée de manière régulière et correctement équipée. De plus, il faudra assurer le financement de la réintégration durable des anciens combattants dans la vie civile.

Ultérieurement, tous ces efforts devront être orientés vers un processus global de Réforme du secteur de la sécurité au niveau national. La composante police de ce processus est sur la bonne voie, avec un plan d’action de trois ans et une perspective stratégique de quinze ans. Cependant, la réforme de l’armée est toujours en germe et la réforme du secteur de la justice nécessite une nouvelle dynamique. Le plan de réforme de l’Armée gouvernementale est en examen au Parlement ; et une fois qu’il est approuvé, la discussion promise de longue date avec les partenaires internationaux disposés à aider à sa mise en œuvre devrait être organisée sans plus tarder.

Le troisième défi concerne les déplacés internes et les réfugiés qui ont commencé à rentrer chez eux. Dans certaines régions où ils retournent, les conditions sécuritaires sont toujours volatiles et sont exacerbées par les conflits fonciers et la compétition pour les ressources minières. Ces problèmes ont été accentués par le fait que certaines personnes ont franchi illégalement les frontières, et par des allégations selon lesquelles les anciens CNDP auraient créé des « zones protégées » pour les rapatriés. Il faut être très clair sur ce point : il est vrai que les déplacés internes et les réfugiés qui sont de retour ont droit à la protection, mais c’est le rôle de l’Etat, et non celui des groupes armés, de fournir cette protection. Une privatisation des tâches de protection ne conduirait qu’à la réapparition des milices ethniques, et cela pourrait défaire le processus d’intégration et déclencher des violences ethniques.

Le Gouvernement de la RDC ainsi que les Gouvernements de ses trois voisins de l’Est, l’Ouganda, le Rwanda et le Burundi, sont en train de négocier des accords tripartites avec le Haut Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés ; et le Haut Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés, avec le soutien de l’Equipe de pays des Nations Unies, prépare des programmes d’appui à la réintégration qui profiteront non seulement aux rapatriés, mais aussi aux communautés qu’ils rejoignent.

Tandis que ces négociations sont en cours, il faudrait chercher des moyens de gérer le flux des retours, et mettre en place des mécanismes globaux pour régler les conflits fonciers qui y sont liés. Nous avons exhorté le Gouvernement à mettre en place les comités d’arbitrage permanent prévus dans les Accords du 23 mars.

Les efforts pour stabiliser l’Est de la RDC ne peuvent être durables que s’ils sont soutenus par des efforts nationaux pour consolider la démocratie et améliorer la gouvernance, particulièrement la gestion financière, et enfin encourager les investissements et la création d’emploi ; ce dernier point a été récemment souligné par le Président lors de son discours sur l’état de la Nation. Il est évident qu’il ne peut y avoir de développement sans paix ni sécurité, et que l’on ne peut maintenir la paix et la sécurité dans un contexte de détresse continue au niveau social et au niveau économique. Une mission de maintien de la paix intégrée comme la MONUC peut aider à créer un environnement favorable en termes de paix et de sécurité, et, avec l’Equipe de pays des Nations Unies et d’autres partenaires, aider le Gouvernement à jeter les bases du relèvement et du développement à plus long terme. Le Cadre stratégique intégré, actuellement en préparation, est en ce sens un indicateur.

Comme vous l’avez demandé dans la résolution 1856, nous avons concentré presque toutes nos forces militaires à l’Est. Un nombre important de personnels civils et de la police des Nations Unies ont également été réaffectés dans les provinces situées à l’Est. La transition progressive à l’Est est par conséquent pratiquement achevée, bien que nous continuions à fermer quelques bureaux dans les provinces de l’ouest du pays. Ces dernières années, les agences onusiennes se sont également concentrées sur l’Est de la RDC et ont très peu de ressources, notamment en termes de personnel, affectées à la partie ouest du pays ; ce qui signifie qu’elles ne peuvent pas reprendre les fonctions assumées par la MONUC sans un soutien supplémentaire non négligeable de la part des bailleurs de fonds.

M. le Président,

Avant de conclure, je voudrais dire quelques mots concernant l’avenir de la MONUC. Le mandat actuel de la MONUC est complexe, couvrant un large éventail de tâches. Il nous a permis un degré appréciable de flexibilité dans un environnement politique et militaire qui évolue rapidement. Parfois, le mandat a soulevé des attentes qui allaient au-delà des ressources et des capacités de la mission. Je me permets d’espérer par conséquent que les futurs mandats simplifieront l’étendue des tâches que la mission doit assumer.

Au cours de la première moitié de 2010, nous anticipons plus de clarté quant à la situation en évolution à l’est de la RDC, à l’impact des mesures visant à renforcer la protection des civils, au processus d’intégration et au calendrier des élections. A ce moment-là, le Département des opérations de maintien de la paix devrait être en meilleure position pour proposer un plan réaliste pour la MONUC et sa reconfiguration.

Monsieur le Président,
Distingués Membres du Conseil,

L’année prochaine, le 30 juin, la République Démocratique du Congo fêtera le 50ème anniversaire de son indépendance. Peu après la naissance du nouvel Etat en 1960, les Nations Unies sont intervenues pour éviter le démembrement du pays. Beaucoup de Congolais se rappellent cette intervention onusienne avec gratitude. Au cours des dix dernières années, la MONUC a accompagné la République Démocratique du Congo dans sa longue sortie de crise, la plus grave que le pays ait connue depuis la tentative de sécession du Katanga, tout en apportant un soutien multiforme à la mise en place des institutions actuelles et à la poursuite d'un processus démocratique qu'il importe de continuer et de renforcer.

Je vous remercie de votre attention

vendredi 11 décembre 2009

LA SITUATION AU BURUNDI: Sixième rapport du Secrétaire général sur le Bureau intégré des Nations Unies au Burundi

Dans ce rapport, qui concerne les principaux événements survenus au Burundi et l’application du mandat du Bureau intégré des Nations Unies au Burundi (BINUB) depuis le 22 mai dernier, le Secrétaire général recommande de renouveler pour un an le mandat du Bureau intégré qui vient à expiration le 31 décembre 2009. Il ajoute que le Gouvernement burundais appuie cette recommandation.

Le Secrétaire général écrit que, « bien qu’il reste encore quelques tâches à accomplir et que de nouveaux défis soient apparus, dans l’ensemble, les progrès réalisés » durant la période considérée « laissent bien augurer de l’avenir du Burundi ». Il rappelle notamment que les Forces nationales de libération (FNL), qui étaient le dernier mouvement rebelle, ont déposé les armes et se sont transformées en parti politique, « assurant ainsi en grande partie la conclusion de la dernière phase du processus de paix ». En particulier, comme prévu dans la Déclaration du 4 septembre 2008 adoptée lors du Sommet des chefs d’État et de gouvernement de la région des Grands Lacs, divers postes importants au sein de l’administration ont été accordés à des anciens dirigeants des FNL. Par ailleurs, la période a été marquée par la fin du mandat du Facilitateur sud-africain Charles Nqakula, le 31 mai, à qui succède un nouveau mécanisme, le Partenariat pour la paix au Burundi (PPB), présidé par l’Ambassadeur Kumalo d’Afrique du Sud, dont la première réunion s’est tenue le 13 juillet à Bujumbura.

La situation en matière de sécurité est « restée stable » et a été marquée par des « progrès sensibles du processus de désarmement et de démobilisation », affirme M. Ban. Il constate toutefois une « augmentation inquiétante de la criminalité dans tout le pays », attribuée notamment à l’existence d’un grand nombre d’armes légères, à des conflits au sujet de la terre et à des possibilités limitées de réintégration économique et sociale des soldats démobilisés et des ex-combattants ainsi que des rapatriés, des personnes déplacées et d’autres groupes vulnérables. De ce fait, le Burundi « reste en phase de sécurité III » pour le personnel des Nations Unies.

Le Secrétaire général « félicite le Gouvernement burundais et les partis politiques d’avoir su s’élever au-dessus de leurs différences et engager le dialogue ». Il ajoute qu’il « incombe au premier chef au Gouvernement burundais et à ses partenaires nationaux de créer des conditions qui permettent le bon déroulement des élections » prévues en 2010 et il exhorte le Gouvernement et les partis politiques burundais à poursuivre leurs efforts pour préserver l’indépendance et la crédibilité de la Commission électorale nationale indépendante. À cet égard, il juge « préoccupants » les rapports faisant état de limitations à la liberté d’assemblée et d’expression des partis d’opposition, ainsi que certaines « activités militantes de groupes de jeunes » associés à certains partis politiques et qui « suscitent la peur et la crainte ».

Rappelant qu’il « ne peut y avoir de paix, de justice et d’état de droit sans développement », le Secrétaire général se félicite de la réunion à Paris du Groupe consultatif de donateurs, appuyée par la Banque mondiale et exhorte les partenaires internationaux à continuer de soutenir les efforts faits par le Gouvernement burundais pour atteindre les objectifs de sa stratégie pour la réduction de la pauvreté ainsi que les Objectifs du Millénaire pour le développement. Il félicite la Commission de la consolidation de la paix « pour le partenariat efficace qu’elle a constitué au cours des trois dernières années avec le Gouvernement du Burundi ».

« Clairement, de nombreux résultats ont été obtenus en un laps de temps réduit si l’on tient compte de la situation dans laquelle se trouvait le Burundi », affirme le Secrétaire général. Toutefois, ajoute-t-il, la « situation actuelle reste fragile » et « l’année qui vient sera déterminante » du fait des élections. C’est pourquoi M. Ban recommande, avec l’accord du Gouvernement du Burundi, le renouvellement jusqu’au 31 décembre 2010 du mandat du BINUB.

Déclarations
M. YOUSSEF MAHMOUD, Représentant exécutif du Secrétaire général au Burundi et Chef du Bureau intégré des Nations Unies au Burundi (BINUB), a présenté le rapport du Secrétaire général et l’a actualisé avec les derniers événements survenus depuis sa publication, fin novembre dernier.

M. Mahmoud a ainsi rappelé que le Partenariat pour la paix au Burundi crée en mai dernier sous la présidence de l’Ambassadeur Dumisani Kumalo d’Afrique du Sud pour succéder à la facilitation sud-africaine, qui prenait fin en juin, s’achèvera lui-même à la fin de l’année, de même que le Directoire politique. Lors d’une troisième réunion tenue le 30 novembre, le Partenariat a décidé de confier la protection des dirigeants du FNL, jusqu’alors assurée par les Forces sud-africaines, à une unité mixte Gouvernement burundais-FNL. Par ailleurs, a déclaré M. Mahmoud, le 29 novembre, le congrès du FNL a confirmé Agathon Rwasa à sa présidence et l’a désigné comme son candidat à l’élection présidentielle de 2010. Enfin, le 29 novembre, la Formation Burundi de la Commission de consolidation de la paix a tenu avec le Gouvernement du Burundi une réunion informelle durant laquelle ce dernier a présenté sa stratégie nationale pour la réintégration économique et sociale des anciens soldats démobilisés, des adultes associés aux anciens mouvements armés, des réfugiés et déplacés et autres groupes affectés par le conflit. C’est un « pas important dans la bonne direction », a estimé M. Mahmoud.

Rappelant que les élections de 2010 sont devenues une des questions prioritaires pour les acteurs burundais, M. Mahmoud a fait part de ses préoccupations concernant le financement de ces élections et a déclaré qu’il devait trouver avant la fin de l’année 3 millions de dollars pour aider la Commission électorale nationale indépendante à remplir ses fonctions les plus pressantes. Il a ajouté que le BINUB et le Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD) étudient actuellement les modalités pratiques pour répondre à la demande du Ministère burundais de l’intérieur, qui a fait observer, dans la perspective des élections de 2010, que de nombreux électeurs potentiels n’avaient pas les moyens de payer les coûts administratifs de l’acquisition d’une carte d’identité. Une solution sur ce point permettrait d’apaiser les inquiétudes de certains partis qui ont affirmé que les cartes d’identité avaient été distribuées de manière à favoriser certaines formations. Toujours dans la perspective des élections, le BINUB explore avec des organisations sous-régionales la possibilité d’envoyer des observateurs électoraux de longue durée, a précisé M. Mahmoud. Il a enfin déclaré que le BINUB avait mis en place, avec la Commission électorale, une stratégie destinée à sensibiliser les femmes et en faire des électrices conscientes et des candidates motivées. Il a par ailleurs communiqué au Conseil de sécurité une note sur les diverses actions entreprises par le BINUB pour faciliter la mise en œuvre de la résolution 1325 du Conseil de sécurité concernant les femmes, la paix et la sécurité. Insistant sur le rôle du relèvement économique et social dans la consolidation de la paix, M. Mahmoud a conclu en encourageant les partenaires au développement à redoubler leurs efforts pour permettre au Burundi d’atteindre ses objectifs de réduction de la pauvreté et de développer les secteurs susceptibles de faciliter une forte croissance.

M. PETER MAURER (Suisse), Président de la Formation Burundi de la Commission de consolidation de la paix, a déclaré que ce pays avait beaucoup progressé depuis la fin de la guerre civile, ajoutant que l’ensemble des acteurs politiques reconnaissent aujourd’hui que le retour aux armes n’est plus une option et qu’il anéantirait les chances durement acquises pour engager les pays sur la voie d’un développement durable. Il s’est félicité qu’il existe un « débat politique vivant » et une « volonté affichée par toutes les parties de ne pas céder à la tentation de la politique politicienne ». Estimant que le Burundi « entre dans une phase cruciale de la consolidation de la paix, M. Maurer a rappelé que 2010 sera marquée par « la tenue d’élections à tous les niveaux », qui donneront la mesure des progrès atteints. Si elles sont conformes aux exigences internationales et débouchent sur un résultat universellement accepté, « alors la durabilité du processus de paix sera renforcée et il deviendra possible de s’attaquer aux causes sous-jacentes du conflit et de la pauvreté ». Mais dans le cas inverse, a averti Le représentant, « le processus de paix sera compromis, de nouvelles blessures seront ouvertes et les vieilles plaies cicatriseront plus difficilement ». C’est pourquoi, a-t-il ajouté, il est indispensable de créer un environnement propice au déroulement d’élections libres, équitables et paisibles. À cet égard, M. Maurer a estimé que les perspectives étaient encourageantes, estimant notamment que la Commission électorale nationale indépendante jouit d’une bonne légitimité. Il a souligné que son indépendance est cruciale.

M. Maurer a toutefois rappelé que « défis significatifs demeurent », y compris la peur de la violence, en raison des cas d’intimidation de la part de groupes de jeunes liés à des partis politiques. Il a estimé que la Formation Burundi de la Commission de consolidation de la paix qu’il préside aura parmi ses principales priorités à surveiller étroitement les conditions de sécurité dans lesquelles se dérouleront les élections, ainsi que la mise en œuvre de la politique gouvernementale de tolérance zéro. Le Président de la Formation Burundi s’est aussi inquiété de l’actuelle « érosion de la confiance » entre l’opposition et le parti au pouvoir, lequel semble se montrer « de plus en plus réticent au dialogue ». La Formation Burundi doit aussi encourager ce dialogue, a-t-il ajouté. Si les autorités burundaises doivent continuer à s’engager pleinement dans le processus de consolidation de la paix, la communauté internationale doit, elle aussi, maintenir son appui, a affirmé M. Maurer, qui a regretté que seulement 2,7 millions de dollars sur les 43 millions nécessaires à l’organisation d’élections soient actuellement disponibles. Il a en outre estimé que la communauté internationale pourrait apporter un appui sous forme d’observation électorale à long terme. Enfin, il a estimé que la coopération et l’investissement immédiats en faveur du développement économique contribueraient beaucoup à la stabilisation du Burundi.

M. AUGUSTIN NSANZE, Ministre des relations extérieures et de la coopération du Burundi, a dit apprécier que le rapport du Secrétaire général sur le BINUB reconnaisse les progrès supplémentaires enregistrés dans divers domaines susceptibles de stabiliser le pays de manière durable, ainsi que les progrès accomplis dans le travail parlementaire.

Le Ministre s’est également félicité de ce que le rapport ait conclu qu’il n’y avait pas de preuve de la présence armée de membres des Forces démocratiques de libération du Rwanda (FDLR) dans son pays, et a rejeté ainsi les « mensonges que les experts du Comité 1533 sur la République démocratique du Congo ont récemment développés sur son pays à ce sujet ». En revanche, il a estimé que l’existence d’un « mouvement clandestin de populations du Burundi vers certains mouvements rebelles à l’est du Congo n’augure pas d’un avenir paisible dans la région, ajoutant que le Conseil de sécurité devrait être préoccupé par cette question.

D’autres progrès ont été réalisés dont le rapport ne parle pas, a fait observer M. Nsanze, citant notamment plusieurs mesures prises dans le domaine de la lutte contre la corruption. Il a en outre jugé « incompréhensible » qu’en matière de sécurité, le Burundi soit toujours placé par les Nations Unies en phase III, « alors que les ex-combattants du dernier mouvement rebelle ont été désarmés et que le désarmement des populations civiles a obtenu des résultats très significatifs ». « En comparaison avec certains pays qui ne sont même pas en guerre mais où on enregistre un meurtre toutes les heures, la situation en matière de sécurité du Burundi est loin de justifier son maintien en phase III », a-t-il souligné. Le système des Nations Unies a prévu un programme d’appui sur cinq ans, a-t-il rappelé, en assurant que son pays était désormais paisible.

Outre ces « omissions qui peuvent être des oublis », le Ministre a dénoncé dans le rapport du BINUB des « affirmations gratuites récurrentes » et des « informations tronquées ». Il a ainsi affirmé que, si certains postes promis au FNL dans l’administration en application de l’Accord du 23 mars n’avaient pas encore été pourvus, c’est parce que le Gouvernement du Burundi attendait toujours du FNL des candidatures conformes au profil des postes proposés. Concernant les intimidations imputées à des groupes de jeunes proches de partis politiques, le Ministre a affirmé que le Gouvernement du Burundi « avait pris en main la question des jeunes du CNDD-FDD », principal parti au pouvoir. Il a cependant rappelé que tous les partis disposent de leur Ligue de jeunesse et de femmes et que cela ne devait pas susciter de crainte excessive. Il a affirmé que les « quelques restrictions enregistrées ici et là » à l’exercice des libertés civiles et politiques résultaient de « malentendus » et a par ailleurs rappelé que la jouissance de ces libertés restait soumise au respect de la loi.

Tout en disant partager certaines préoccupations exprimées dans le rapport, le Ministre a en outre estimé que certaines évaluations étaient « injustes ». Il a cité en ce sens les appréciations concernant les mesures prises à propos de la mise en place de la Commission nationale indépendante des droits de l’homme, la situation des femmes, la protection des enfants ou encore le « soi-disant manque d’indépendance » de la justice et son absence de moyens, ajoutant à cet égard que l’interrogatoire des « présumés coupables » du meurtre du Vice-Président de l’Observatoire de lutte contre la corruption et les malversations économiques est en cours.

Le futur mandat du BINUB devrait se limiter à l’assistance au cycle électoral, à l’appui à la gouvernance démocratique et à la poursuite de la consolidation de la paix par le biais de l’appui à la Commission nationale indépendante des droits de l’homme et à la justice de transition, enfin, à la promotion de la prise en compte de la dimension genre dans tous les programmes publics, a estimé le Ministre. Revenant sur la nécessité de conduire le processus électoral sur le principe d’équité, M. Nsanze a affirmé que le succès du processus « dépend en partie du respect de ce principe d’équité dans l’exécution du mandat du BINUB. Le Gouvernement du Burundi, a-t-il ajouté, a « malheureusement constaté que, depuis un certain temps, le principe d’équité n’a pas été respecté sur le terrain ». « Le fait de vouloir incriminer le parti au pouvoir comme s’il n’avait pas les mêmes droits que les autres partis politiques dans la future compétition électorale et de considérer que la mission d’organiser les élections par la CENI permet à celle-ci de se substituer à l’autorité » sont « deux exemples qui illustrent bien le non-respect du principe d’équité », a affirmé le Ministre. « Il serait déplorable et fortement dommageable pour le partenariat ONU-Gouvernement du Burundi que celui-ci en arrive à solliciter le remplacement de la représentation en place », a-t-il averti.

Conseil de sécurité

POUR ASSURER LA TENUE DES ÉLECTIONS DE 2010 AU BURUNDI, IL FAUDRAIT RÉUNIR TROIS MILLIONS DE DOLLARS AVANT LA FIN DE CETTE ANNÉE, DÉCLARE LE CHEF DU BINUB

Le Ministre des relations extérieures et de la coopération du Burundi souhaite une limitation du mandat du BINUB, qu’il accuse d’iniquité

La perspective des élections de 2010 au Burundi a dominé la réunion que le Conseil de sécurité a consacrée ce matin à la situation dans ce pays lors de son examen du dernier rapport en date du Bureau intégré des Nations Unies au Burundi (BINUB). Le Secrétaire général estime, dans son rapport, que « l’année qui vient sera déterminante » du fait du processus électoral et recommande, « avec l’accord du Gouvernement du Burundi », le renouvellement jusqu’au 31 décembre 2010 du mandat du BINUB. Le Ministre des relations extérieures et de la coopération du Burundi, M. Augustin Nsanze, a déclaré, quant à lui, que le mandat du BINUB devrait désormais être plus limité et a accusé la « présence sur le terrain » des Nations Unies d’être peu équitable, avertissant qu’il « serait déplorable et fortement dommageable pour le partenariat ONU-Gouvernement du Burundi que celui-ci en arrive à solliciter le remplacement de la présence actuelle ».

Le Représentant exécutif du Secrétaire général au Burundi et Chef du BINUB, M. Youssef Mahmoud, qui a présenté le rapport au Conseil, a précisé qu’un nouveau « pas important dans la bonne direction », est survenu le 29 novembre lorsque le Gouvernement burundais a présenté de manière informelle à la Formation Burundi de la Commission de consolidation de la paix sa stratégie nationale pour la réintégration économique et sociale des anciens soldats démobilisés, des adultes associés aux anciens mouvements armés, des réfugiés et personnes déplacées et autres groupes affectés par le conflit.

Rappelant ensuite que les élections de 2010 sont devenues « une des questions prioritaires » pour les acteurs burundais, M. Mahmoud a fait part de ses préoccupations concernant le financement de ces élections, précisant qu’il faudrait trouver, avant la fin de l’année, trois millions de dollars pour aider la Commission électorale nationale indépendante (CENI) à s’acquitter de ses fonctions les plus pressantes.

Le Président de la Formation Burundi de la Commission de consolidation de la paix et Représentant permanent de la Suisse auprès des Nations Unies, M. Peter Maurer, a estimé que les différentes élections de 2010 « donneront la mesure des progrès atteints » par le pays. Si elles sont conformes aux exigences internationales et débouchent sur un résultat universellement accepté, « alors la durabilité du processus de paix sera renforcée et il sera possible de s’attaquer aux causes sous-jacentes du conflit et de la pauvreté », a-t-il affirmé. Dans le cas contraire, a-t-il prévenu, « le processus de paix sera compromis, de nouvelles blessures seront ouvertes et les vieilles plaies cicatriseront plus difficilement ». Il a, lui aussi, demandé à la communauté internationale de faire davantage pour financer le processus électoral, dont il a jugé « encourageantes » les perspectives. Tout en estimant que la CENI « jouit d’une bonne légitimité », M. Maurer s’est dit inquiet de l’actuelle « érosion de la confiance » entre l’opposition et le parti au pouvoir, lequel se montre « de plus en plus réticent au dialogue », ainsi que des intimidations attribuées à des groupes de jeunes liés à certains partis politiques.

Au contraire, le Ministre des relations extérieures et de la coopération du Burundi a déclaré que certaines évaluations du rapport étaient « injustes » et a minimisé les incidents survenus, ajoutant qu’il était « incompréhensible » qu’en matière de sécurité, le Burundi soit toujours placé par les Nations Unies en phase III. Concernant les futures élections, il a affirmé que le succès du processus dépendait « en partie du respect du principe d’équité dans l’exécution du mandat du BINUB » avant d’ajouter que « depuis un certain temps » ce dernier « n’avait pas été respecté sur le terrain ». De l’avis du Ministre, le mandat du BINUB devrait désormais se limiter à l’assistance au cycle électoral, à l’appui à la gouvernance démocratique, à la poursuite de la consolidation de la paix et à la promotion de l’intégration de la dimension genre dans tous les programmes publics.

Conseil de sécurité

POUR ASSURER LA TENUE DES ÉLECTIONS DE 2010 AU BURUNDI, IL FAUDRAIT RÉUNIR TROIS MILLIONS DE DOLLARS AVANT LA FIN DE CETTE ANNÉE, DÉCLARE LE CHEF DU BINUB

Le Ministre des relations extérieures et de la coopération du Burundi souhaite une limitation du mandat du BINUB, qu’il accuse d’iniquité

La perspective des élections de 2010 au Burundi a dominé la réunion que le Conseil de sécurité a consacrée ce matin à la situation dans ce pays lors de son examen du dernier rapport en date du Bureau intégré des Nations Unies au Burundi (BINUB). Le Secrétaire général estime, dans son rapport, que « l’année qui vient sera déterminante » du fait du processus électoral et recommande, « avec l’accord du Gouvernement du Burundi », le renouvellement jusqu’au 31 décembre 2010 du mandat du BINUB. Le Ministre des relations extérieures et de la coopération du Burundi, M. Augustin Nsanze, a déclaré, quant à lui, que le mandat du BINUB devrait désormais être plus limité et a accusé la « présence sur le terrain » des Nations Unies d’être peu équitable, avertissant qu’il « serait déplorable et fortement dommageable pour le partenariat ONU-Gouvernement du Burundi que celui-ci en arrive à solliciter le remplacement de la présence actuelle ».

Le Représentant exécutif du Secrétaire général au Burundi et Chef du BINUB, M. Youssef Mahmoud, qui a présenté le rapport au Conseil, a précisé qu’un nouveau « pas important dans la bonne direction », est survenu le 29 novembre lorsque le Gouvernement burundais a présenté de manière informelle à la Formation Burundi de la Commission de consolidation de la paix sa stratégie nationale pour la réintégration économique et sociale des anciens soldats démobilisés, des adultes associés aux anciens mouvements armés, des réfugiés et personnes déplacées et autres groupes affectés par le conflit.

Rappelant ensuite que les élections de 2010 sont devenues « une des questions prioritaires » pour les acteurs burundais, M. Mahmoud a fait part de ses préoccupations concernant le financement de ces élections, précisant qu’il faudrait trouver, avant la fin de l’année, trois millions de dollars pour aider la Commission électorale nationale indépendante (CENI) à s’acquitter de ses fonctions les plus pressantes.

Le Président de la Formation Burundi de la Commission de consolidation de la paix et Représentant permanent de la Suisse auprès des Nations Unies, M. Peter Maurer, a estimé que les différentes élections de 2010 « donneront la mesure des progrès atteints » par le pays. Si elles sont conformes aux exigences internationales et débouchent sur un résultat universellement accepté, « alors la durabilité du processus de paix sera renforcée et il sera possible de s’attaquer aux causes sous-jacentes du conflit et de la pauvreté », a-t-il affirmé. Dans le cas contraire, a-t-il prévenu, « le processus de paix sera compromis, de nouvelles blessures seront ouvertes et les vieilles plaies cicatriseront plus difficilement ». Il a, lui aussi, demandé à la communauté internationale de faire davantage pour financer le processus électoral, dont il a jugé « encourageantes » les perspectives. Tout en estimant que la CENI « jouit d’une bonne légitimité », M. Maurer s’est dit inquiet de l’actuelle « érosion de la confiance » entre l’opposition et le parti au pouvoir, lequel se montre « de plus en plus réticent au dialogue », ainsi que des intimidations attribuées à des groupes de jeunes liés à certains partis politiques.

Au contraire, le Ministre des relations extérieures et de la coopération du Burundi a déclaré que certaines évaluations du rapport étaient « injustes » et a minimisé les incidents survenus, ajoutant qu’il était « incompréhensible » qu’en matière de sécurité, le Burundi soit toujours placé par les Nations Unies en phase III. Concernant les futures élections, il a affirmé que le succès du processus dépendait « en partie du respect du principe d’équité dans l’exécution du mandat du BINUB » avant d’ajouter que « depuis un certain temps » ce dernier « n’avait pas été respecté sur le terrain ». De l’avis du Ministre, le mandat du BINUB devrait désormais se limiter à l’assistance au cycle électoral, à l’appui à la gouvernance démocratique, à la poursuite de la consolidation de la paix et à la promotion de l’intégration de la dimension genre dans tous les programmes publics.

jeudi 10 décembre 2009

DEVELOPPEMENT ET MENTALITE RUNDI: Conférence Michel Kayoya, 1971

Conférence de Monsieur l’Abbé Kayoya. Bujumbura, mars 1971

En ouvrant cette série de conférences de Carême 1971, nous sommes très heureux de nous trouver ensemble. Surtout quand il s’agit d’un problème d’une telle envergure et acuité, il est de la plus haute importance de mettre ensemble nos idées, nos énergies, notre conscience d’hommes engagés ou devant être engagés, nos possibilités d’élite de notre pays et nos ressources chrétiennes d’action.

Nous sommes ici, non pour écouter de belles paroles, non pour discuter agréablement d’idées et d’opinions. L’auteur d’ »Entre deux mondes » nous a reproché amèrement, à nous intellectuels, de traiter des questions graves, du manque de logements, d’organisation du travail, de la malnutrition…. De traiter de tout cela comme de l’extérieur (1). Nous nous trouvons ensemble ce soir pour nous sensibiliser davantage, pour tâcher d’entrer davantage dans les grandes préoccupations mondiales d’aujourd’hui : le développement.

Paul VI a consacré à ce problème tout un document – « Lettre encyclique : le Progrès des Peuples ». En ce moment (mars 1967) il faisait ressortir le caractère urgent, dramatique, intolérable, de la situation actuelle du sous-développement dans le monde. Il s’écriait : « Aujourd’hui le fait majeur dont chacun doit prendre conscience est que la question sociale est devenue mondiale. L’appel des pays pauvres est dramatique. Il faut se hâter : trop d’hommes souffrent !» (2). Réunions internationales ou nationales, cercles privés et clubs de toutes sortes s’occupent intensément du développement, se sensibilisent aux problèmes du sous-développement et tâchent d’aider tout homme et tout l’homme à devenir plus vite lui-même.

C’est dans ce cadre que l’Eglise du Burundi s’est volontairement mise dans le courant des préoccupations mondiales. Il ne pouvait en être autrement, si le nouveau nom de la paix est le développement, si les relations fraternelles de charité prêchées par l’Evangile se traduisent aujourd’hui dans et par le développement. En 1970, des thèmes de réflexion ont donc été proposés, qui devaient réveiller les consciences : « Charité et Paix dans la Justice ». L’Eglise avait saisi au vif combien le manque de justice, le désordre et la haine handicapaient le progrès de notre peuple. Cette année elle est allée au plus vif du sujet et a proposé à ses fidèles d’étudier à fond « leur mission, leur devoir dans le développement ».

Le plan quinquennal du Burundi, 1968-72, a tracé clairement le grand pas qu’il fallait faire dans cette voie du progrès. Les mouvements intégrés au Parti, les groupements d’Action Catholique se débattent chaque jour pour gagner du terrain et faire avancer notre peuple au plus vite.

Mais…. Et c’est notre sujet de la causerie de ce soir, le peuple ne suit pas ! Nous qui travaillons à la base, près du peuple, nous sentons une résistance, une lenteur décourageante. On a beau se sacrifier pour l’amélioration de l’habitat, pour l’assainissement des eaux, après quelque temps les sources sont inutilisables et la lutte reste toujours l’habitat commun de la grande masse des Barundi. Il n’y a pas un grand mouvement, pas une réponse enthousiaste dans le combat livré contre la faim, contre la malpropreté et la maladie. Et on se demande : Pourquoi cette inertie, pourquoi cette lenteur, pourquoi cette passivité ?

Pourtant notre pays pourrait se développer plus vite, il y a des facteurs favorables : climat sain, coexistence des plateaux et des marais, répartition assez nette des saisons permettant plusieurs récoltes par an, existence dans le pays de pierres et d’argile à briques rendant possible la construction en dur de nombreuses maisons, main-d’œuvre jeune et nombreuse dans tout le pays, une seule langue parlée de tous… On peut ajouter à cela une mentalité de collaboration forgée au cours des temps, l’union fait la force : ‘ubugirigiri bugira babiri », qui a favorisé la construction de maisons en commun, la culture en collaboration : ikibiri. Il y a la conscience d’être engagé en tendant vers un même but : ubutumire ; ubunywanyi ; kunama-rimwe ; kuja inama ; tout cela n’était pas à inventer au Burundi. Il suffisait de changer le sujet, il suffisait de changer d’objet.

Vu l’équilibre d’organisation que le peuple murundi avait avant la rencontre avec le monde occidental, on se serait attendu à ce qu’il adopte les nouveaux éléments. On se serait attendu à ce qu’il s’interroge par noyau de colline : « Pourquoi les européens font-ils des maisons comme cela ? Pourquoi ils résistent quand on les encourage à le faire. Pourquoi ? Simplement parce qu’il y a en eux des facteurs qui freinent le développement. Il y a une mentalité anti-développement.

I . SITUATION D ’AVANT 1885

J’appelle l’homme d’avant 1885, ce murundi, même aujourd’hui, qui n’a presque pas subi l’influence occidentale. Il est donc à considérer comme dans le temps matériel d’avant 1885 et dans une situation de ‘non rencontre’ avec l’Occident. Et il y en a plus qu’on ne pense de ces hommes dont la philosophie profonde est restée intacte.

1. Nous devons noter que cet homme-là est dans la situation de ceux qui s’efforcent de s’adapter à la nature. Non la nature positivement connue et acceptée comme telle, mais la nature avec ses forces aveugles et mystérieuses. Il ne peut y avoir de développement consenti et assumé par le peuple, si un peuple n’a pas une connaissance positive de la nature comprise comme telle et acceptée profondément.
Pour progresser en effet, cet homme d’avant 1885 doit accepter d’être convaincu que la pluie est pluie et rien d’autre, que l’arbre est arbre et rien d‘autre, que la verminose est verminose et rien d’autre, que dans la nature il y a un système de causalités secondes provenant uniquement de la nature, des qualités, de la constitution de chaque chose.

2. Cet homme d’avant 1885, par la force des choses, vit dans un monde hiérarchisé. N’oublions pas qu’il est un agriculteur éleveur et, dans une civilisation agraire pré technique, l’homme adopte la nature. Bien sûr, puisqu’il est intelligent, il inventa des outils, se protège des intempéries, mais en grande partie il doit se soumettre à la nature et à ses lois : il doit se soumettre à la loi des saisons, il doit attendre que son maïs pousse. Il y a des catastrophes qu’il ne peut expliquer, la foudre, la mort subite en cas de thrombose ou méningite. Tout cela crée en lui un fond de soumission, de passivité, de patience et un souci d’éprouver toute chose nouvelle pour en mesurer la force. C’est ainsi que devant la technique, au lieu de l’imiter, il en devient un admirateur béat, un exécutant inconscient. Devant de nouvelles méthodes de culture et d’élevage, il sera calme et docile à suivre les indications et gestes du moniteur aussi longtemps que celui-ci reste présent… mais laissé à lui-même, libre, il laissera avec mépris les techniques apprises hier avec soin (3). Monde hiérarchisé où chaque chose garde son rang. Pour l’homme d’avant 1885, la nature est unie, elle n’est pas seulement constituée par le visible, il y a en elle des forces aveugles, invisibles ; tout n’est pas palpable, mesurable, pesable, c’est pourquoi cet homme vit dans un monde d’intermédiaires :
- pour que le médicament soit efficace, on devra l’influencer par l’intermédiaire d’un geste ou d’une parole : umuhamuro,
- pour qu’un poison soit efficace, on devra non seulement le doser mais lui insuffler une force suivant le degré de forces de l’homme à abattre,
- pour qu’un enclos soit efficacement protégé, il ne faudra pas seulement une haie, fut-ce en fil de fer barbelé, il faudra surtout le « giheko » protecteur des rugo et des champs,
- pour éviter les dangers de la vie en société ou maintenir son influence, il faudra se munir contre tout … (de la hiérarchie).

Au plan de la vie sociale, cette conscience devient vite une conscience féodalisée, une conscience sans la hantise de soumettre, mais au contraire avec le souci de ménager en tout la chèvre et le chou, une conscience sentant avec acuité le besoin de s’assurer des intermédiaires, des intermédiaires-objets ou des intermédiaires-personnes. D’où l’importance pour un tel homme, non de l’efficacité et progrès, mais des faveurs, pour une bonne vie assurée. Cela devient en définitive une conscience de « gusaba » (demander une faveur). Et ce « gusaba » s’oppose à la production personnelle, à l’élévation par ses propres moyens, à la préoccupation de dominer soi-même la nature environnante. Finalement la fierté humaine consistera dans le « guhabwa », le « recevoir » … Yampaye inka, yampaye isuka… Il m’a donné une vache, une houe… Et la grande part des relations se base autour de ce guhabwa. On donne quelques-unes des vaches qu’on a reçues, on administre des médicaments qu’on a reçus. On accepte la maladie qu’on a reçue. On vit avec la femme qu’on a reçue. On fabrique la bière selon la méthode qu’on a reçue. Cette mentalité autour du guhabwa devient comme une coutume qui régira un peuple pendant des siècles. Dans cette mentalité on ne peut inventer, innover, renouveler. On est bien quand on est comme tout le monde !

Voilà pourquoi dans une telle mentalité, l’homme (vit-mugabo) ne prenait pas part au travail tel que nous le concevons aujourd’hui, les activités de production, d’amélioration de niveau de vie étaient laissées à la femme, aux enfants. L’homme, lui, l’être principal s’occupait de ce qui était conçu comme le plus important : gusaba inka… gusaba itongo gucisha… guca imanza… gushengera… gucurisha isuka… gutera intambara… régler une palabre… faire la cour à un grand… se faire forger une houe … aller à la bataille…

3. A côté de ces deux grands facteurs qui ont causé la stagnation de tout un peuple « d’avant 1885 », manque de connaissance positive et conscience féodalisée, il y a tout un complexe de mentalité d’injustice qui ne pouvait permettre le goût du progrès. Comment en effet, peut-on avoir l’envie de produire plus, de s’enrichir, de sortir de l’ordinaire, dans une mentalité comme celle-ci :
- Ntawutunga ativye… celui qui ne vole pas ne pourrait devenir riche ;
- Imbugitan’uwuyifashe ikirindi… c’est la lame du couteau qui rend sa force au manche ;
- Umugabo n’urya utwiwe n’utw’uwundi… un vrai homme mange ce qui est à lui et ce qui est aux autres ;
- Igisuma n’igifashwe … un voleur est celui qui se fait attraper. Le fait de ‘kunyaga » (reprendre de force un don) ou celui des bandes de voleurs de vaches ou de dévastation ont constitué un frein au développement social.

II. SITUATION D’APRES 1885

Il s’agit ici de l’homme dont la philosophie, les principes de vie, ont été influencés et affectés par une autre philosophie. Notons que ce que nous faisons ici n’est pas une critique de qui que ce soit. Nous ne faisons que constater la réalité. Sans doute ne faudrait-il pas mettre le tout sur le compte de la colonisation. Mais le fait de mettre vis-à-vis, de mettre en contact un peuple techniquement avancé, un peuple structurellement en pointe, un peuple qui socialement tient compte du facteur temps et du facteur argent, un peuple hautement sensibilisé à la conquête et à la domination, le fait de mettre en contact un tel peuple avec un peuple dont la compréhension de la nature ne se place pas nécessairement du côté de la connaissance positive, un peuple baignant dans un système d’organisation et de relations féodalisées, un peuple encore au stade de la civilisation agraire où dominent la soumission, la patience, l’admiration magique fondée pour tout ce qui est autorité et puissance… ce fait, surtout si c’est encore dans une fausse rencontre, explique comment :

A. Mis en faux contact avec une telle Europe, des peuples ont perdu leur orientation propre. Des hommes, des générations ont perdu la ligne des véritables valeurs : le goût de l’initiative, la maîtrise des situations, la foi dans l’homme (4). En exécutant des travaux de construction du pays, routes, maisons d’intérêt commun, la conscience de construire son propre pays n’y était pas. On travaillait parce que c’était commandé (5). Akazi !
« Des hommes ont perdu leur intégration dans le groupe parce que tout a été bouleversé. Des adultes, hier conscients de leur état, dansent comme des gamins, parlent comme des femmes et enfouissent leur démission et leur honte dans l’alcool qui fait oublier… ». « Des vieux, hier piliers du village, gardiens de la moralité et de la coutume, pleurent en silence leur ascendant perdu ». Et l’on rencontre l’image d’un homme désabusé : « qui rampe ; se contente de faveurs et rit haut dans un enthousiasme forcé » (6).

Normalement celui qu’on a appelé « Evolué » aurait dû être cet homme qui soumet les circonstances, adapte les situations, capte les nouvelles valeurs et qui, à travers tous les obstacles, demeure maître de lui…
Malheureusement cela n’a pas été le cas : « Un bouleversement s’est opéré dans nos têtes de nègres envoûtés ». Kuba umuntu w’iteka (un homme d’honneur), umuntu w’ibanga (un homme de devoir), umuntu w’amajambere (un homme dynamique), en un mot « être évolué » a changé de signification (7).
Umuntu w’amajambere n’a pas été conçu comme l’homme qui est mais comme l’homme qui a. Pas comme l’homme qui crée, invente, construit, mais comme l’homme qui reçoit, pour qui on importe, pour qui on construit, pour qui on travaille. La conscience féodalisée du guhabwa loin d’être transformée, se renforce. Il devient l’homme « qui a des souliers, des lunettes, des cravates… », l’homme « qui a une voiture, une maison blanche reçue de cette vache grasse qu’est l’Etat… » L’homme « qui a de l’argent, du Primus, des sorties, de l’ambiance… « la femme coiffée, jupée, nichée bien haut dans son accoutrement exotique » (8).

Et l’on sent cela quand on s’occupe de l’éducation des jeunes. L’éducation scolaire et la formation auraient dû changer cette mentalité. Au lieu de la changer nous l’avons accentuée… Il est pénible de constater que durant bien longtemps nous avons formé des assistants et qui avaient conscience de n’être que des assistants. Notre système scolaire continue encore à former une classe bourgeoise dans le sens de prédestinée, c’est-à-dire : ceux qui sont amenés à tout copier… mode de travail et façon de vivre, ceux qui entreront sans heurt dans la ligne du travail commencé et deviendront des salariés de l’Etat ou des organismes parastataux. On peut par ailleurs constater qu’il est rare de voir un organisme privé de type capitaliste engager un diplômé, un homme compétent qui risque de supplanter. Une entreprise privée capitaliste dans un pays en voie de développement préfère des ouvriers qualifiés, manœuvres et des hommes capables d’être assistants sans autre complication.

Voici deux souhaits apparemment criminels, mais qui expriment un mal nécessaire, passage obligatoire vers un développement plus rapide de notre pays.

1er souhait : Je souhaite voir le jour où les diplômés de toutes sortes devront être laissés à eux-mêmes, devront chômer sans espoir d’être engagés. Car un tel chômage, qui serait catastrophique dans un pays déjà équipé, deviendrait le salut pour nous qui devons encore tant créer. C’est alors qu’on assisterait à la naissance d’entreprises nationales valables car eux, les intellectuels formés, seraient forcés à ce moment de créer du travail. C’est dans cette intention que j’ai tracé ailleurs ces lignes très dures : « Alors que l’élite intellectuelle devrait se lancer dans des travaux de production : élevage rationnel, culture du riz, du maïs, du haricot, de la pomme de terre, du coton, dans la planification et l’équipement touristique, dans l’aménagement des cités…, cette élite s’entasse dans les capitales, se mordant la queue, brûlée par la soif de l’ambition, terrorisée par le pacte juré d’une politique éphémère » (9).
Dans tous les pays du tiers-Monde l’élite est salariée et cela bloque le développement.

2ème souhait : Je souhaite voir le jour où les responsables de notre pays décident de diminuer de la moitié le budget alloué à l’éducation nationale. Je ne conteste pas la valeur de l’éducation scolaire, mais je trouve dommage que dans un pays en développement les 90% des efforts d’éducation soient consacrés à l’enfance. Dans un pays qui pendant des siècles a conçu son éducation dans et par l’action, il n’est pas normal qu’on néglige cette éducation dans et par l’action.
La moitié du budget alloué devrait aider les adultes engagés… Ainsi ce sont les commerçants qui font le commerce qui devraient être orientés aux méthodes concrètes. Ce sont les cultivateurs qui cultivent, les éleveurs qui élèvent du bétail, les menuisiers qui travaillent, ces hommes et ces femmes engagés qui devraient pouvoir bénéficier d’une forme de scolarité.

B. Mise en contact avec l’Occident, la mentalité générale en face du travail a été trop habituée à exécuter. Le travail de construction du pays est devenu non un travail de création, d’épanouissement, donnant une fière satisfaction, mais un travail salarié. « Akazi… Nayo akazi k’ibutware kica uwicaye… » - Celui qui ne travaille pas au gré du sous-chef en pâtit…
Le travail est devenu obligatoire, non de l’intérieur, par conviction, mais de l’extérieur, par menace. Depuis qu’on a introduit les prestations chez le chef ou le sous-chef, le travail chez autrui est devenu « légal »…. « kwikurayo ». On cherchera à s’en libérer en coupant un franc en deux « guca amafranga », et, s’il le faut, en souffrant de la faim « kuzimya imbabura ».
Une telle mentalité ne favorise nullement l’amour ou l’engagement dans le travail, mais occasionne le manque de conscience professionnelle et la perte du goût du travail fignolé.

C. Ainsi le contact avec la civilisation de l’Occident a accentué la mentalité de l’homme d’avant 1885…
Souvent nous employons les biens de la civilisation d’argent comme des biens de la civilisation agraire. Comme on conservait le sorgho et les haricots dans un grenier, on conserve l’argent chez soi, dans une cruche, de sorte qu’il ne circule pas comme il faut. Comme on ne comptait pas le produit exact des récoltes et qu’on ne calculait pas les quantités, maintenant encore on ne compte ni ne calcule. Peu d’Africains ont déjà atteint le stade où l’on tire rigoureusement les conséquences de la technique, de l’économie domestique et des sciences positives.

La conscience féodalisée s’est encore accentuée. Comme dans le passé on demandait des vaches…, on demande aujourd’hui du travail. Il y a des chômeurs dans un pays où il n’y a pas moyen de chômer puisque tout est à créer et que chacun sait encore où trouver de quoi se nourrir. Cette mentalité, de vivre sans travailler, au crochet d’un autre, a accentué les phénomènes de régionalisme et de népotisme… « Umuntu arakira agakisa uwiwe » - Un riche est riche pour les autres qui en profitent.
Il faut ajouter à cela tout un complexe de mentalité d’injustice qui fait plus de méfaits dans un monde où les biens sont devenus plus maniables, plus échangeables, ou de nouveaux biens ont vu le jour, comme le travail, les valeurs d’échange, la caisse commune. Avec de tels biens et dans de telles conditions, la mentalité déplorable exprimée dans les dictons suivants est un frein à tout progrès :
- « Umugabo n’urya utwiwe n’utwabandi » Un débrouillard profite du sien et du tien.
- « Igisuma n’igifashwe » - N’est voleur que celui qui serait attrapé.
- « Imbugita n’uwuyifashe ikirindi » - C’est la méchanceté qui donne la force.
- « Ukurya ni kare » - Tous les moyens sont bons pourvu qu’on ait vite à manger.
- « Ntawutunga ativye » - Personne ne devient riche sans voler les autres.

D. A côté de ce contact faussé avec la civilisation occidentale, il y a quatre grands facteurs qui sont difficiles à vaincre : je les ai appelés :
1. La bougeotte sociale. 2. La religiose. 3. La myopie sociale. 4. Le parasitisme.
Expressions, néologismes forgés de toute pièce, mais exprimant et traduisant bien des situations d’une telle actualité sociale qu’il n’y a pas de termes déjà fabriqués par le langage courant, le parler conventionnel n’ayant pas encore eu le temps de se familiariser avec ces situations nouvelles.

1. La myopie sociale. C’est le fait que nous, l’élite, nous sommes pour ainsi dire paralysés, malades, prostrés. Nous n’arrivons pas à regarder plus loin et à jouer le rôle qui nous est destiné par l’histoire. Il y a un décalage. Il est étonnant par exemple que tout le pays soit constitué seulement de paysans agriculteurs-éleveurs et de salariés, c’est-à-dire des gens qui ne sont nullement maîtres du capital.
Il n’y a presque pas d’hommes en dehors du cadre des agriculteurs-éleveurs et des salariés politiquement dépendants… et cela c’est le drame. Ce fait, en effet, accentue la mentalité murundi traditionnelle handicapant toute tentative de développement. Quiconque émerge, a dû voler ! Suspicion jetée sur tous ceux qui veulent avancer ? Un voleur est seulement voleur le jour où il est attrapé. Dans un cadre de capitalisation uniquement par les salariés politiquement dépendants, il est difficile d’empêcher la maxime de produire ses effets, car un capital politiquement dépendant est contrôlé politiquement et les lois de la politique n’ont jamais concordé avec les lois des affaires. La mentalité féodalisée laissait une grande place au jeu des faveurs. Les cadeaux et dons gratuits rendaient agréable la société féodale et cela marque une société. Mais y correspond une mentalité générale de « gusaba », quérir des privilèges… et ainsi on respecte, non les institutions, mais les intermédiaires et les procédés malhonnêtes. « Umugabo n’uwurya utwiwe n’utw’uwundi ». Est un as celui qui vit de ses biens et qui peut inopinément s’approprier les biens d’autrui.
Au niveau de l’élite intellectuelle et technique cela constitue à la longue une paralysie qui nous empêche de viser avant tout le bien commun suivant les exigences de la technique et des sciences positives. Cela devient comme une myopie sociale : nous devenons aveugles vis-à-vis de la vie réelle et du rôle que le destin nous appelle à jouer.

2. La bougeotte sociale. C’est le fait déplorable que tout dans l’organisation du pays change et change tellement vite qu’on ne sait plus suivre et que l’homme paysan ou autre devient spectateur passif et impassible. Personne n’a le temps de comprendre, personne n’a le temps d’organiser, personne n’a le temps d’être vraiment responsable.
« J’avais commencé un accord avec Monsieur.
Il n’est plus là, Monsieur –
Son remplaçant non plus.
Je suis le troisième remplaçant de Monsieur…
Les responsables acquièrent vite l’attitude du spectateur impassible, l’homme qui sait qu’il ne restera pas longtemps.
Le film tourné, il sortira, videra les lieux, prendra son chapeau, sa canne et son porte-monnaie » (10).
Ainsi, une coopérative dure six mois, un projet d’élevage de poules n’aboutit pas ; la population construit des classes… on n’accepte pas le moniteur… Les personnes changent, les lois changent. Sans fonctionnaires stables le développement n’est pas possible.

3. Le parasitisme social. Facile dans les sociétés équilibrées où le niveau de vie est sensiblement le même pour tous, facile dans une vie économique en grande partie purement agricole, le fait de vivre dépendants les uns des autres déséquilibre l’économie à base d’échanges, économie d’argent, moyen facile d’échange ou de paiement joue un grand rôle.
Ceux qui devraient investir ne le peuvent pas, ceux qui devraient travailler vivent aux dépens des autres. Le développement souffre alors d’un égalitarisme restrictif. Qui pourra commencer une entreprise avec cent bouches à nourrir ou s’installer avec trente hommes à loger ? Le parasitisme social entretient une mentalité fausse, ennemie du développement.

4. La religiose. « Nous devons affirmer qu’au Burundi la religion a été un ferment réel de progrès. C’est grâce aux différents centres de missions que nous devons le recul de certaines maladies comme la typhoïde, le pian, la chique… l’introduction du vêtement, etc. La religion a donné à l’homme une solide philosophie de lui-même… »

Cependant la religiose est cette situation bizarre de gens qui ont une philosophie haute de l’homme, comprenant bien que la vie terrestre est un passage nécessaire où doit s’exprimer notre foi, notre espérance et s’épanouir notre vie de relations fraternelles. Mais situation où la vie terrestre n’est pas sérieusement prise en charge, où les valeurs terrestres, les valeurs temporelles, ne sont pas intégrées dans la vie de foi.
La pratique religieuse, les célébrations liturgiques, les gestes baptismaux ou funéraires, ne sont pas parvenus à relier la vie de chaque jour et l’Evangile. Dans la plupart des cas, les conversions au christianisme n’ont pas atteint le fond de notre être. Notre philosophie profonde n’a pas été touchée ou l’imprégnation de la foi n’est pas assez profonde et totale. Chez les paysans comme chez les intellectuels, l’image du badigeonnage pourrait s’appliquer.

Il y a donc d’un côté cette vie de peur de la nature et de ses lois mal connues, ce qui devient un monde de mythes qui favorisera une religion de pratiques de libération, une religion de cas de conscience et non pas une remise en question de toute la vie.

Il y a de l’autre côté le christianisme qui nous est arrivé avec son immaturité quant à la compréhension de sa tâche terrestre, temporelle.
C’est le christianisme persécuté que nous avons rencontré au début : à l’intérieur il était attaqué par le modernisme… à l‘extérieur il était tiraillé entre le capitalisme et le communisme. C’était un christianisme qui se défend, qui condamne. Un christianisme qui se méfiait de l’argent et des hommes d’argent. Dans cette période d’avant-guerre 14-18, d’entre les deux guerres, l’action catholique comme telle n’a pas encore vu le jour.

Or, l’engagement de la masse des chrétiens dans le développement supposait une vue chrétienne juste de ce que nous appelons « le temporel ».

Cette vue chrétienne juste n’est pas une vérité statique précisée une fois pour toutes par l’Evangile ou par l’Eglise. Elle se précise au contact des réalités historiques. Donnons quelques exemples montrant combien cette compréhension juste des biens temporels, des biens de développement social a été lente à se préciser au cours des temps.

1. Avant 313, les chrétiens n’ont pas eu le temps de pousser à fond l’idée de développement. Ce sont les persécutions. Pourtant, c’est clair dans l’Evangile. St Paul le rappelle aux millénaristes : « Que celui qui ne travaille pas ne mange pas ».
2. Après 313, on revient vite à la pratique romaine de « religiolicita » et le spirituel va réglementer le temporel. Et à partir de Charlemagne, apparaît même la notion de civilisation chrétienne, voire ecclésiastique, puisqu’en grande partie c’est le clerc qui gère l’humanisme.
3. C’est seulement neuf siècles plus tard que Léon XIII proclamera que l’Etat est souverain dans son domaine (Rerum Novarum, 1891). Cette séparation du spirituel et du temporel arrive juste au moment où les premiers missionnaires arrivent chez nous. C’est à ce moment aussi que commencent à se fonder des partis parallèles en Occident. Et c’est selon ce mode de compréhension des tâches terrestres que nous avons reçu l’Evangile.
4. Le Concile Vatican II viendra corriger cela. Et nous devons lutter pour faire comprendre que notre christianisme se joue sur terre (11). Mais il sera difficile de supprimer cette attitude prise depuis le 15ème siècle, attitude du double domaine.

CONCLUSION

Nous voyons donc que d’une part, une vie communautaire, des vues justes sur l’homme, la situation de notre pays, auraient dû nous aider à développer d’une façon rapide notre pays et que d’autre part, la mentalité a été fortement faussée par un contact avec l’Occident, pensons à la conception du travail, à l’aboutissement de notre système scolaire actuel, à cette passivité menant à l’hébétude sociale et qu’en plus, quatre facteurs nés de la nouvelle situation, entravent de par l’intérieur le développement tel que nous le souhaitons.

Alors, comment penser à l’avenir ? Comment pousser le développement de notre pays et son accélération ?

1. Je crois qu’il faut d’abord se convaincre de cette vérité essentielle : que le développement vrai part de l’intérieur. C’est en effet l’homme qui est le premier élément-moteur de tout progrès. Nous pouvons avoir beaucoup de biens matériels, de routes, des voitures, de l’argent, si l’homme lui-même n’est pas développé, ce progrès n’est pas réel, n’est pas durable. Nous l’avons souligné à maintes reprises : « Le vrai sous-développement ne consiste pas dans un manque de choses » (12), mais dans un manque d’être, dans un Etat faussé de toute mentalité.


2. Il faut donc changer la mentalité, notre mentalité, celle du peuple. Cela se fait plus ou moins à travers diverses organisations : Radio, U.F.B., Paroisses, Lettres pastorales, qui ensemble essaient d’ouvrir le peuple à la rigueur des connaissances positives.

3. C’est au niveau de l’enseignement pourtant qu’il faudrait oser faire preuve d’imagination et quitter les sentiers battus et ne plus se contenter de former des fonctionnaires de l’Etat ou de l’Eglise hiérarchique.
Nous avons trop donné d’exclusivité aux enfants, comme si les adultes étaient imperméables à tout complément de formation.

Je vous vois me dire : alors que faire ? Devons-nous cesser de vivre comme des Africains ?

Je ne puis pas vous dire ce que vous devez faire, chers amis.
La coutume est là, la vie actuelle est là. Alors ? Alors, vous devrez aider notre pays à sortir du sous-développement.

Voyez, jugez et agissez ! (13).
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Edition actuelle(la nôtre) Ancienne Edition
NOTES 1) Entre deux mondes p.265 p.115

2) Populorum Progressio n° 3- 29
3) Entre deux mondes p.249 p.99
4) Ibidem p.227 p.77
5) Ibidem p.229 p.79
6) Ibidem pp.253-254 pp.103-104
7) Ibidem p.228 p. 78
8) Ibidem p.229 p. 79
9) Ibidem p.252 p. 102
10) Ibidem pp.283-286 pp.131-135
11) Impératifs de l’Action catholique au Burundi. Lille, 1965
12) Entre deux mondes p.200 p.50
13) Ibidem p.280 p.130

mardi 8 décembre 2009

Humour ou réalité?: Jugez-en vous même; L'avant et l'après mariage

Avant le mariage
Elle : Salut !
Lui : Ah, depuis le temps que j'attends ça !
Elle : Tu veux que je parte ?
Lui : NON. Je n'ose même pas y penser
Elle : Tu m'aimes ?
Lui : Bien sûr ! Enormément !
Elle : Tu m'as déjà trompée ?
Lui : NON ! Pourquoi demandes-tu ça ?
Elle : Tu veux m'embrasser ?
Lui : Chaque fois que j'en aurai l'occasion
Elle : Tu me battras un jour ?
Lui : Tu es folle ? Je ne suis pas comme ça !
Elle : Je peux te faire confiance ?
Lui : Oui
Elle : Chéri !

Après le mariage
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(burundi contact)

samedi 5 décembre 2009

BURUNDI: Analyse – Dissensions inquiétantes au sein des anciens rebelles

BUJUMBURA, 4 décembre 2009 (IRIN)

Plusieurs mois après s’être converti en parti politique, l’ancien mouvement rebelle des Forces nationales de libération (FNL) du Burundi est embourbé dans une lutte de pouvoir qui, selon des analystes, menace la paix fragile du pays.

Nommé directeur général de l’Institut national de sécurité sociale lorsque le parti a rejoint le gouvernement, le chef des FNL, Agathon Rwasa, est aujourd’hui confronté à l’insoumission d’un groupe dirigé par l’ancien porte-parole du parti, Pasteur Habimana.

Les deux hommes insistent sur le fait qu’ils appartiennent toujours à un seul et même parti, mais M. Rwasa a nommé un autre porte-parole. Les partisans de M. Habimana affirment quant à eux qu’ils ne reconnaissent plus M. Rwasa comme leur chef de parti.

« Il n’y a pas de division au sein du parti. Ceux qui affirment avoir assisté à un congrès où j’ai été démis de mes fonctions de chef ont déjà été écartés du parti. Comment peuvent-ils savoir ce qui se passe au sein de celui-ci ? », a dit M. Rwasa à IRIN à Bujumbura, la capitale burundaise.

Selon Pierre-Claver Mbonimpa, président fondateur de l’Association burundaise pour la protection des droits humains et des personnes détenues, une division au sein des FLN « pourrait entraîner un retour de la guerre civile ».

« Il faut garder à l’esprit que les jeunes qui faisaient partie des FNL ont été démobilisés et sont actuellement désœuvrés. Ils seraient prêts à faire face à n’importe quelle agression, incluant une division du parti », a-t-il dit. « Et ce n’est pas le seul parti qui compte des jeunes dans ses rangs. Dans de nombreux autres partis politiques, des jeunes sont prêts à se battre à la moindre provocation. Si l’on ne remédie pas à la situation, cela pourrait rapidement tourner au chaos et entraîner un retour de la guerre civile ».

Photo: Jane Some/IRIN
Le chef des FNL, Agathon Rwasa
Selon Jean-Marie Gasana, un analyste du Burundi, un parti politique rival tente de fomenter la division au sein des FNL afin d’affaiblir un concurrent de taille aux prochaines élections générales, prévues pour la mi-2010.

« Si la division se produit, M. Rwasa devra prendre un risque s’il décide de reprendre la lutte », a-t-il ajouté.

D’après M. Gasana, la Tanzanie et l’Afrique du Sud, qui a présidé les négociations pour le processus de paix au Burundi, ont dénoncé des tentatives pour provoquer la division au sein des FNL.

« Nous attendons de voir ce que le gouvernement, et plus précisément le ministère de l’Intérieur, va décider au sujet de l’impasse [dans laquelle se trouvent] les FNL. Nous nous attendons à ce qu’un haut responsable des FNL quitte le parti au pouvoir, mais cela pourrait ne pas avoir de conséquences majeures sur les FNL, en particulier si Rwasa décide de ne pas reprendre la lutte », a indiqué M. Gasana.

Selon lui, M. Habimana semble jouir du soutien du gouvernement et des structures de sécurité.

Course au leadership du parti

M. Habimana affirme occuper toujours le poste de porte-parole du parti. Il soutient également que Jacques Kenese, un membre des FNL qui a vécu à l’étranger pendant plus de 30 ans, a été élu chef de parti lors d’un congrès qui a eu lieu le 4 octobre dernier.

Il a indiqué que son groupe avait rassemblé les signatures d’au moins 11 000 membres du parti demandant la tenue du congrès, ce qui démontre que les partisans de M. Kenese sont assez nombreux dans l’ensemble du pays.

M. Rwasa n’a pas assisté à ce congrès, considérant cette manifestation comme une mise en scène orchestrée par des gens qui ne sont même plus considérés comme des membres des FNL. Le bureau politique et le comité exécutif des FNL avaient ratifié leur exclusion parce qu’ils ne « satisfaisaient pas aux exigences du parti et nuisaient à l’atteinte des objectifs du parti ».

Dans l’attente d’une décision

« Nous avons remis les résultats du congrès au ministre de l’Intérieur et, bien qu’il n’ait pas répondu en reconnaissant Kenese comme chef de parti, nous attendons sa décision qui, nous l’espérons, viendra promptement », a dit M. Habimana.


Photo: Jane Some/IRIN
Pasteur Habimana est sorti des rangs et a refusé de suivre le chef des FNL, Agathon Rwasa
Il a également déclaré que ses partisans et lui respecteraient le choix du ministre de l’Intérieur si celui-ci décidait de reconnaître M. Rwasa comme chef de parti. « Nous, les FNL, ne voulons plus la guerre. Si le ministre décide que Rwasa est notre chef, nous nous présenterons aux élections comme un seul parti », a dit M. Habimana.

Les FNL étaient l’un des nombreux mouvements rebelles Hutu qui ont fait la guerre aux divers régimes pro-Tutsi depuis les années 1990. Des centaines de milliers de personnes sont mortes et des millions d’autres ont été déplacées. La guerre a pris fin en 2001 avec l’installation d’un gouvernement de transition.

Les FNL ont été créées en 1980 par des Hutu exilés en Tanzanie dans des camps de réfugiés. M. Rwasa s’est joint au mouvement en 1988, alors qu’il portait le nom de FNL-Palipehutu (parti pour la libération du peuple Hutu).

Pour devenir un parti politique, il a notamment dû abandonner le « Palipehutu ».

En plus d’être confronté à des dissensions internes, le parti doit également s’adapter à sa nouvelle existence en tant qu’entité politique. « Quand nous étions un mouvement rebelle, nous avions notre manière de faire les choses. Au sein du gouvernement, il y a aussi des règles et des règlements. Nous avons dû nous y adapter même si nous ne sommes pas toujours d’accord avec toutes ces règles », a dit M. Rwasa.

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Thèmes: (IRIN) Alerte précoce, (IRIN) Démocratie et gouvernance