dimanche 25 janvier 2009

RD Congo: Désarmement forcé des FDLR - le Gouvernement se justifie

Source: Caritas

Date: 22 Jan 2009

Kinshasa, le 22 janvier 2009 (caritasdev. cd) : Donnant hier à la presse les tenants et les aboutissants de l'opération de « désarmement forcé par les FARDC des groupes armés FDLR et Interhamwe réfractaires à un désarmement volontaire », le ministre de la Communication et des Médias a souligné qu'il ne faut pas ôter à la RDC le droit de se défendre, rapporte caritasdev.cd. Lambert Mende a ainsi réagi suite aux « questionnements angoissés » au lendemain de « l'arrivée au Nord-Kivu d'unités de renseignements militaires de l'armée rwandaise, invitées par le Gouvernement congolais pour une mission d'observation des opérations de désarmement forcé par les FARDC" (Forces Armées de la République Démocratique du Congo) des groupes armés rwandais.

« A ceux qui prétendent qu'il faut que les FARDC deviennent la force la plus puissante en Afrique pour s'engager contre les assassins de nos populations, le Gouvernement tient à rappeler l'exigence élémentaire, légale et morale de la résistance à une force illégitime, même supérieure, qui fonde les nations à travers l'histoire », a insisté Lambert Mende. Il a réitéré, au nom du Gouvernement de la République, l'appel pathétique lancé lors du dernier conseil des ministres, « à tous les leaders politiques et d'opinion de notre pays, pour les inviter à cesser de semer les graines de la peur parmi les Congolais. Notre pays n'a agressé personne. Notre pays a été agressé. Ne lui ôtez pas le droit de se défendre, que le Gouvernement attend exercer, à partir d'aujourdhui », a-t-il martelé. « La MONUC, qui a un mandat précis en rapport avec le désarmement de tous les groupes armés, est également appelé à apporter son appui à cette opération de désarmement, car, c'est ce qui justifie sa présence dans ce pays », a fait remarquer le Ministre.

Introduisant ses propos, il a d'abord rappelé que c'est le communiqué conjoint de Nairobi de novembre 2009 qui a institué le caractère indispensable de la collaboration bilatérale du Rwanda et de la RDC pour résoudre efficacement et durablement la problématique des FDLR réfractaires au désarmement volontaire et au retour dans leur pays. « Les contacts entre Kigali et Kinshasa, initiés par le Président Joseph Kabila, juxtaposés au récent rapport des Experts des Nations Unies ainsi que les sanctions économiques subséquentes de la part d'Etats pourvoyeurs d'aide à la coopération comme le Pays-Bas et la Suède, ne sont pas étrangers à l'évolution positive que nous observons du côté rwandais », a-t-il poursuivi.

«Cette collaboration naissante entre les Gouvernement du Rwanda et de la RDC sur cette question, et que notre Gouvernement suit avec confiance mais avec prudence, a l'avantage d'annihiler une des causes majeures de la guerre et de velléité de déstabilisation contre notre pays », a déclaré Lambert Mende.

Parlant des objectifs de cette opération, le porte-parole du Gouvernement congolais a indiqué que : « La synergie ainsi instituée entre notre Gouvernement et Kigali est de nature à replacer les peuples de la RDC et du Rwanda dans une perspective beaucoup plus favorable pour la paix, la sécurité et de développement. Elle porte sur entre autres points , sur le rétablissement en ce début 2009 des relations diplomatiques entre nos deux Etats, relations rompues il y a plus de dix ans ; la surveillance conjointe de la frontière commune pour gérer positivement et utilement les suspicions mutuelles d'utilisation de nos territoires respectifs par des forces hostiles à l'un et à l'autre ; la finalisation de la RDC des opérations de désarment des rebelles rwandais des FDLR et Interhamwe se trouvant en RDC ; l'exercice par le gouvernement rwandais de son influence sur les rebelles congolais du CNDP pour amener cette rébellion qui n'avait plus de raison d'être à abandonner ses projets bellicistes et criminels. »

C'est dans ce contexte qu'avait été adressée le 5 décembre 2008 une invitation du Gouvernement congolais à une mission d'observation d'unités de renseignements de l'armée rwandaise en RDC, en marge de l'opération de désarmement par les FARDC des des rebelles rwandais. Ceci s'est fait dans la plus totale transparence. ..

Répondant aux questionnements angoissés sur l'urgence qu'il y a à lancer cette opération, alors que l'opération du démantelement de la LRA en Haut-Uélé a abouti à des tueries qui viennent de provoqués plus de 600 morts des civils, le Ministre a souligné que : "le Gouvernement perçoit une sorte de piège négationniste qui ramène insidieusement à la surface l'éternel argument du criminel, maître chanteur de tout bord. .. Tout se passe comme si les criminels e la LRA et des FDLR avaient fait intériorisé à quelques-uns parmi nous cette contrevérité selon laquelle, c'est parce que les FARDC les réprime qu'ils ont commencé à massacrer nos populations. Rien n'est plus faux ! ". Car, selon lui, les rebelles ougandais de la LRA ont massacré des milliers de nos compatriotes bien avant que cette opération conjointe FARDC-UPDF-Armé e sud-soudanaise ne détruise leur quartier général du camp Kiswahili, « entrainent leur errance sangalante » actuelle.

"Concernant le Nord-Kivu et le Sud-Kivu, personne de sérieux ne peut aujourd'hui faire croire que les FDLR et les Interhamwe n'ont jamais tué personne en RDC, n'ont jamais rien pillé, n'ont jamais incendié un village, avant que ne commence aujourd'hui leur désarmement par les FARDC. En un mot comme en mille, c'est bien parce que la LRA et les FDLR massacrent des Congolais que le Gouvernement a ordonné aux FARDC de les neutraliser. Ce n'est pas parce que les FARDC entreprennent de les neutraliser qu'ils vont commencer à massacrer les Congolais. Le Gouvernement souhaite qu'il n'y ait plus , dans notre pays, de ces caisses de résonance de ces thèses révisionnistes et négationnistes qui tendent en plus à démobiliser nos forces armées face à leur devoir ", a averti Lambert Mende.

Inquiètuide des Opérateurs Humanitaires

Selon un communiqué de presse de Caritas Goma, les troupes rwandaises entrées en RDC depuis mardi dernier sont arrivées, ce matin, à Rutshuru centre et Tongo, au Nord de Goma, dans le Territoire de Rutshuru, ainsi qu'à l'Ouest : à Mushaki – fief du CNDP et Sake, dans le Territoire de Masisi. Citant la Mission des Nations unies au Congo (MONUC), le document indique que entre 3 500 et 4000 hommes seraient mobilisés pour traquer les rebelles rwandais des FDLR aux côtés des FARDC. Pendant ce temps, les FARDC sont redéployés dans la région de Kiwanja et Rutshuru, les localités dont ils étaient chassés depuis octobre 2008 par les rebelles du CNDP.

Du côté Maï-Maï, les différents groupes sont en concertation pour voir la position à prendre face à la nouvelle donne dans la région. Mais, les Maï-Maï Vurondo, Rwenzori, Kasindiens et PARECO ont annoncé leur intention de se rallier aux FARDC.

De leur côté, les FDLR sont également en concertation entre eux. Le groupe RUDI, sensibilisé par le gouvernement congolais et l'Eglise du Christ au Congo (ECC), a annoncé son intention de rentrer au Rwanda. Mais, ce retour de quelque 150 combattants est conditionné au résultat de la visite d'évaluation des conditions d'accueil qu'ils se proposent d'effectuer au Rwanda.

Pour le reste, les humanitaires signalent une forte concentration des FDLR sur l'axe Nyamilima-Ishasha, dans le Territoire de Rutshuru. Ceux de Nyabyondo (Territoire de Masisi) ont érigé deux

barrières dans la localité empêchant ainsi les FARDC de se rendre à Masisi centre. Pendant ce temps, d'autres unités FDLR de Nyabyondo se dirigent dans le Territoire de Walikale où la panique est totale. Les humanitaires parlent déjà des mouvements de populations par peur de ces prochaines opérations conjointes Rwanda-RDC contre les FDLR.

Du côté des humanitaires, une nouvelle crise est à craindre dans cette région qui a connu plus de 300 000 déplacés dans les six derniers mois. Le Bureau de la Coordination des Affaires humanitaires des Nations unies (OCHA) recommande la suspension de tout mouvement hors Goma. Les staffs qui sont sur le terrain doivent évacuer les bases situées près des positionnements FDLR. Enfin, toutes les missions spéciales des humanitaires doivent être sous escorte de la MONUC. Cette dernière, empêchée hier à la barrière OPRP – à l'entrée Nord de Goma – de prendre l'axe Goma-Rutshuru, a été autorisée ce matin à patrouiller vers le Nord, a indiqué le communiqué de Caritas Goma.