vendredi 19 février 2010

Un poids lourd de plus de l’administration américaine, le Sénateur Richard Dubin, jure sur la « pax » Obama dans les Grands Lacs

Kinshasa, 17/02/2010 / Politique
La stabilité de la région africaine des Grands Lacs, partant la paix en RDC, se confirme de plus en plus un engagement déterminé de l’administration Obama, foi du numéro 2 de la majorité démocrate au Sénat, le Congressman Richard Dubin qui revient du Kivu comme Hillary Clinton l’année dernière.

Après le passage de Hillary Clinton, secrétaire d’Etat américaine qui n’a pas su contenir sa colère devant l’horreur qu’elle a vécue à Goma et préconisait une sanction devant un tribunal international, un autre dé­mocrate américain vient de séjourner au Kivu. Il s’agit du numéro 2 de la majorité démocrate au Sénat, Ri­chard Dubin. Il insiste pour une solution définitive portant sur les FDLR et invite la Communauté inter­nationale à s’impliquer concrètement. Comme pour dire que l’administration Obama en a marre que l’on conti­nue à tourner autour du pot, tirant les choses en longueur alors que les populations congolaises endurent des souffrances infrahumaines. Donc, pas d’enlise­ment de la situation. Ni d’un état de ni paix ni guerre.

« Les élections ont été organisées en RDC en 2006. Mais depuis lors, rien n’a changé dans l’Est de ce pays, surtout ici au Kivu ». C’est en ces termes que Richard Dubin, numéro 2 de la majorité démocrate au Sénat américain, a tenu à faire son premier constat en séjour à Goma. Et de poursuivre sur un ton sévère: « La ques­tion des rebelles hutu rwandais devrait être résolue par les gouvernements congolais, Rwandais et la Communauté internationale. Le Rwanda doit publier les noms de combattant FDLR accusés de violation des droits de l’homme pour permettre à ceux qui ne sont pas concernés de regagner leur pays ».

Le message de ce séna­teur américain, et pas de n’im­porte qui, le numéro 2 du groupe parlementaire démocrate au Sénat et élu de l’Etat de l’Illinois, est clair. Il découle de l’agacement ressenti par l’administration Barack Obama d’en finir avec les conflits armés plutôt que de voir cette situation des FDLR collée à la peau de tout le monde.

En interprétant bien la pensée du sénateur américain, il ne peut concevoir qu’un pays où des élections ont été organisées depuis 2006, que ses institutions devraient fonctionner normale­ment pour prendre en compte les préoccupations de ses popula­tions, que celles-ci soient toujours prises en otage par la question des FDLR. Il rejoint en d’autres termes, le constat amer fait par le Conseil de sécurité des Na­tions unies sur le mandat mal défini de la MONUC qui a de la peine à protéger les populations civiles congolaises.

Donc, il ne peut toujours pas comprendre que là où des opérations militaires conjointes ont été organisées, avec le sou­tien de La MONUC, que les cho­ses ne changent pas. Alors, il si­tue la part de responsabilités pour régler définitivement cette ques­tion.

La part des Congolais

Il revient à dire que le Gouverne­ment doit s’investir totalement et ne négliger aucun aspect du problème. De l’efficacité des forces armées et de la police dans leurs interventions au soutien logistique et autres obligations matérielles, financières - cas de la paie de la solde de façon régulière et à temps - pour des résultats per­formants. Partant, éviter d’entre­tenir une situation de « ni paix ni guerre » pour des intérêts égo­ïstes.

La part des Rwandais

Le pouvoir de Kigali ne devrait plus se contenter de la solution mili­taire. C’est-à-dire, continuer à revenir en RDC à travers des opérations militaires conjointes, mais songer également à des ini­tiatives politiques pour une vraie paix et une véritable réconcilia­tion nationale au Rwanda. En effet, si le dialogue national a permis au Burundi et à la RDC d’effectuer des avancées signi­ficatives vers une cohabitation pacifique, une véritable convivia­lité entre les différentes ethnies, pourquoi le Rwanda ne s’inspi­rerait-il pas de cet exemple ? Quitte à laisser à la justice libre et juste de s’occuper des génocidaires formellement iden­tifiés (?) A l’image des Congo­lais, les Rwandais doivent éviter également d’entretenir cette si­tuation de « ni paix ni guerre ».

La part de la Commu­nauté internationale. Aujourd’hui, plus que jamais, tous les parte­naires extérieurs de la région des Grands Lacs sont appelés à par­ler un même langage. A quoi sert-­il de multiplier des « Envoyés spé­ciaux » dans la région des Grands Lacs pendant que l’on passe à côté de la plaque ? Tenez.

Combien les européens ont-ils besoin des « envoyés spéciaux » dans cette région ? il y a d’abord un Envoyé spécial de l’Union européenne en la personne de Roland Van De Geer qui a pris la relève de l’italien Aldo Ajello. Mais la France, la Nor­vège, la Suède, la Grande Breta­gne, disposent également d’Envoyés spéciaux » pour l’Afrique des Grands Lacs. Der­nièrement, ils ont tenu un Conseil de sécurité avec la participation de Alan Doss. Représentant spécial du secrétaire général de l’ONU et responsa­ble de la MONUC.

Quelle est cette politique homogène peut-on disposer en des circonstances pareilles ? Se­rait-ce dicté par des intérêts divergents observés souvent au sein du Conseil de sécurité des Nations Unies, poussant des comportements dubitatives lors de l’adoption des résolutions du Conseil de sécurité ?

Les minerais de sang

Le sénateur américain Ri­chard Dubin incarne le pragma­tisme de l’administration Obama. Pas d’enlisement de la situation. Plus de « guerres idiotes » qui ne servent pas la cause de l’humanité, mais aliènent de plus en plus les Etats pauvres, surtout ceux de l’Afrique. Voila pourquoi, alors sénateur, Barack Obama avait déclaré que « soient tenus pour responsables tous les gouvernements qui cherchent à déstabiliser la République démo­cratique du Congo ». Après Hillary Clinton, Howard Hope, conseiller spécial du président américain pour les Grands Lacs, et maintenant le sénateur Richard Dubin, Washington est en train de passer à la vitesse supérieure pour trouver une solution définitive à la question des « forces négatives » des Grands Lacs. Particulière­ment les FDLR.

Cette solution définitive des FDLR passe incontestablement par le démantèlement de la filière des minerais de sang qui, exploités illégalement entretiennent des économies de guerre. Si le Rwanda s’est précipité à mettre en place dernièrement la Bourse des matière premières, alors qu’il n’en produit pas. c’est que les conflits armés sons tendus par le commerce illicite des minerais de sang lui ont donné des idées.

Pas plus tard qu’il y a de cela 48 heures, Global Witness qui intervenait à Barcelone, en Espagne, dans le cadre du congrès mondial de la téléphonie a établi le lien qui existe entre les minerais qui interviennent dans la fabrication des ordinateurs, des téléphones mobiles et autres ap­pareils électroniques et les confits armés. Précisément ceux qui se déroulent dans l’Est de la RDC. « Il est grand temps que les entreprises du secteur de l’électronique démontrent qu’elles prennent au sérieux l’élimination des minerais du conflit de leurs chaînes d’approvisionnement », a déclaré Da­niel Balint-Kurt chargé de cam­pagne à Global Witness. Ces principaux minerais sont la tantale, ou le coltan. Global Witness a exigé qu’il y ait la traçabilité de l’origine de ces métaux.

La communauté interna­tionale devrait commencer par intervenir et frapper à ce niveau de ces entreprises qui bénéficient du soutien financier des multina­tionales. Les rapports des ex­perts des Nations Unies ont fait des révélations accablantes sur ces entreprises et quelques Etats.

Si ces entreprises tiennent à exercer leur commerce dans la légalité, en reconnaissant les lois de la République démocratique du Congo, elles auront sauvé la vie à des millions de Congolais et autres peuples de l’Afrique des Grands Lacs.

Le Potentiel