mardi 31 mars 2009

Colette Braeckman à propos de l’opération conjointe menée par Kabila et Kagame en RDC

Source Rédaction IWACU 25-03-2009

Spécialiste de la Région des Grands Lacs au quotidien belge « Le soir », Colette Braeckman analyse les derniers développements dans la crise qui secoue l’Est de la RDC.

Pourquoi Kagame a lâché Nkunda ?

On ne connaît pas tout à fait le fond de l’histoire. Il faudrait que les langues se délient. C’était une opération assez secrète dont la soudaineté a surpris tout le monde. Je crois que ce qui a beaucoup joué pour Kagame, c’est que les pays importants comme la Norvège, la Suède et les Pays-Bas avaient suspendu leur coopération. Les Anglais qui étaient des bailleurs influents avaient menacé de faire la même chose. Du point de vue financier, il y avait déjà cette pression des bailleurs, ensuite est venu le rapport des experts de l’ONU. Le Rwanda avait toujours dit qu’il n’avait aucun lien avec Nkunda, que celui-ci était autonome. Or, dans ce rapport, les experts ont démontré avec des exemples précis que ces liens existaient, que des démobilisés du Rwanda allaient combattre dans les rangs de Nkunda et que ce dernier recrutait au Rwanda et que la frontière était ouverte, etc. Les Américains sont entrés en jeu et ont dit qu’ils ne pouvaient pas continuer à les aider. C’est au moment où Kagame recevait Louis Michel - moi-même j’étais présente - que le président rwandais a déclaré que Nkunda faisait du tort à l’image de son pays. Alors, à ce moment là, Nkunda devenait nocif pour le Rwanda.

Qu’est-ce qui aurait motivé le président rwandais à placer sa confiance en la personne de Jean Bosco Ntaganda?

Ce sont des instruments. Kagame a placé Bosco parce que lui-même a combattu dans les rangs de l’armée rwandaise et Ntaganda est un homme plus docile. Peut- être pas par son caractère, mais c’est un homme menacé car il y a un mandat d’arrêt de la Cour pénale contre sa personne. Il avait tout à gagner à se réconcilier avec Kinshasa et à marchander le fait de ne pas être livré à cette Cour et donc de faire entrer le CNDP dans les forces gouvernementales congolaises.

Pourquoi Kagame a lâché Nkunda ?

On ne connaît pas tout à fait le fond de l’histoire. Il faudrait que les langues se délient. C’était une opération assez secrète dont la soudaineté a surpris tout le monde. Je crois que ce qui a beaucoup joué pour Kagame, c’est que les pays importants comme la Norvège, la Suède et les Pays-Bas avaient suspendu leur coopération. Les Anglais qui étaient des bailleurs influents avaient menacé de faire la même chose. Du point de vue financier, il y avait déjà cette pression des bailleurs, ensuite est venu le rapport des experts de l’ONU. Le Rwanda avait toujours dit qu’il n’avait aucun lien avec Nkunda, que celui-ci était autonome. Or, dans ce rapport, les experts ont démontré avec des exemples précis que ces liens existaient, que des démobilisés du Rwanda allaient combattre dans les rangs de Nkunda et que ce dernier recrutait au Rwanda et que la frontière était ouverte, etc. Les Américains sont entrés en jeu et ont dit qu’ils ne pouvaient pas continuer à les aider. C’est au moment où Kagame recevait Louis Michel - moi-même j’étais présente - que le président rwandais a déclaré que Nkunda faisait du tort à l’image de son pays. Alors, à ce moment là, Nkunda devenait nocif pour le Rwanda.

Qu’est-ce qui aurait motivé le président rwandais à placer sa confiance en la personne de Jean Bosco Ntaganda?

Ce sont des instruments. Kagame a placé Bosco parce que lui-même a combattu dans les rangs de l’armée rwandaise et Ntaganda est un homme plus docile. Peut- être pas par son caractère, mais c’est un homme menacé car il y a un mandat d’arrêt de la Cour pénale contre sa personne. Il avait tout à gagner à se réconcilier avec Kinshasa et à marchander le fait de ne pas être livré à cette Cour et donc de faire entrer le CNDP dans les forces gouvernementales congolaises.

Comment jugez-vous cette opération conjointe du Rwanda et du Congo?

Personne n’a réussi à neutraliser les FDLR. La MONUC a échoué, et même le RCD qui était puissant au Kivu et l’armée rwandaise ont tous échoué. Si l’armée rwandaise et le RCD faisaient une opération contre les FDLR, les Maï Maï disaient qu’il s’agit d’une invasion rwandaise. Ils soutenaient les FDLR et l’opération échouait. Inversement, si c’était le Gouvernement qui entamait l’opération alors le Rwanda n’était pas content parce qu’il y avait un déploiement militaire et ils le faisaient échouer. La seule façon de réussir, c’était de travailler ensemble. La seule force militaire qui connaît le terrain et assez motivé pour combattre les FDLR, c’est l’armée rwandaise. Personne d’autre ne va risquer sa vie dans les forêts du Kivu. Ni les Indiens de la MONUC ni les Congolais. Techniquement, je trouve que c’est une bonne idée. Maintenant au niveau des résultats, c’est qu’il n’y a pas d’informations. On ne sait pas ce qui se passe dans les forêts du Nord et du Sud Kivu.

Pourquoi ces deux pays ont tant attendu pour se mettre ensemble?
Il y avait une méfiance énorme entre les deux. C’est une longue histoire de trahison, de guerre et d’agression. Les Congolais se méfiaient fortement du Rwanda parce qu’ils dénonçaient les infiltrations et le pillage des ressources. Le Rwanda se méfiait du Congo en estimant que certains FDLR ont combattu contre lui et ont été incorporés dans l’armée congolaise. Si Kabila collabore avec nos ennemis, il est aussi un ennemi. Maintenant, j’ai l’impression qu’il s’agit d’un mariage de raison. Et j’ai plus tendance à faire confiance au mariage de raison qu’au mariage de sentiment. Parce que le premier est fondé sur des intérêts réciproques. C’est donc une démarche réaliste et raisonnable.

L’opération vous inspire-t-elle confiance ?

J’ai assez d’espoir. Ce n’est pas une opinion majoritaire. L’opinion internationale est d’une manière générale assez critique. Elle a tendance à dire que si c’est pas elle qui organise, ça n’ira pas du tout. Je suis optimiste pour une raison inverse. Si ce sont les forces africaines qui décident elles-mêmes de faire la paix et d’avancer, cela a plus de chance de réussir que si c’est une paix imposée de l’extérieur.

Comment expliquez-vous aujourd’hui que l’armée rwandaise commence à se retirer du Congo alors que l’objectif de cette opération n’est pas encore atteint ?
Là, il y a des problèmes politiques. Pour le Président Kabila, c’est une opération politiquement très risquée. Tout le monde le critique car il a fait entrer l’armée rwandaise. Il doit montrer que cette dernière n’est pas là pour rester et qu’elle va sortir de façon très spectaculaire. J’ai quand même l’impression que certains vont rester. L’opération a été un succès car ils ont réussi à démanteler surtout les bases. Ils ne vont peut être pas faire rentrer tous les Hutus mais ils ont cassé les bases de commandement. Le signal politique qui a été donné est que ces gens n’ont plus d’avenir comme organisation politico-militaire et qu’ils doivent désormais rentrer.

par Elyse Ngabire
Guibert Mbonimpa

Dernière mise à jour : ( 25-03-2009 )