lundi 1 juin 2009

La lutte contre le VIH dans les PVD, devrait être réalisé à la base pour plus d'efficacité

NAIROBI, 31 mai (IRIN)

Dispenser des services de prévention et de soins, et administrer des traitements contre le VIH dans des centres de santé locaux bien équipés pourrait être la clé de la réussite, dans la lutte contre la pandémie dans les pays en voie de développement, selon un nouveau rapport, publié par ActionAid, une organisation non-gouvernementale (ONG) internationale de lutte contre la pauvreté.

« Nous devons cibler et mobiliser les populations au niveau de soins le plus élémentaire », a déclaré Miriam Were, présidente du Conseil national kenyan de contrôle du sida, lors de la présentation du rapport, intitulé Primary Concern: why primary healthcare is key to tackling HIV and AIDS Une question primordiale : pourquoi les soins de santé primaires sont essentiels à la lutte contre le VIH/SIDA, à Nairobi, au Kenya.

« Les soins VIH ne se limitent absolument pas aux ARV [antirétroviraux]. Les personnes touchées par le VIH ont besoin de soins de santé complets ; les centres de santé devraient pouvoir traiter les infections opportunistes ».

Soigner les maladies facilement curables telles que la tuberculose, la diarrhée ou le paludisme au niveau de soins primaire permettrait aux établissements de soins tertiaires de se concentrer sur les infections plus graves.

Dans son rapport, ActionAid cite l'exemple de Cuba, pays relativement pauvre dont les indicateurs de santé n'ont rien à envier à ceux des Etats-Unis ou d'autres pays développés, grâce aux investissements colossaux qui y ont été réalisés dans le domaine de la santé primaire.

Investir dans les travailleurs de la santé et les systèmes de santé

Lors de la présentation du rapport, les intervenants ont appelé à mieux former les prestataires de soins de santé primaires. « Ce que nous faisons à présent, c'est que nous formons des profanes pendant deux ou trois semaines et après cela, on leur confère le titre de conseillers experts, et en même temps, on ne prend pas la peine de former les infirmiers chargés de prodiguer des soins primaires », a expliqué Leonard Okello, directeur de l'équipe de lutte mondiale contre le VIH d'ActionAid. « Nous devrions faire en sorte que les professionnels de la santé acquièrent les compétences nécessaires pour intégrer la prise en charge du VIH à leurs autres tâches ».

M. Okella s'est rendu dernièrement dans un centre de santé de l'ouest du Kenya ; une ONG internationale y avait installé un distributeur de préservatifs, mais l'infirmière n'avait jamais été formée à expliquer aux usagers comment utiliser correctement un préservatif.

« La machine restait là, inutilisée, parce que dans le cadre du projet, l'ONG avait formé son propre personnel et se servait du centre de santé public, mais sans faire appel à ses employés ; il faut que l'intégration soit bien meilleure si nous voulons que nos efforts portent leurs fruits », selon M. Okello.

Les activistes ont également exhorté les gouvernements, notamment ceux des pays d'Afrique, à assurer un meilleur accès aux soins de santé de base, en construisant davantage de centres de santé et en améliorant les centres existants.

« Des centres de santé bien équipés doivent être construits un peu partout, afin qu'ils aient la capacité de prendre en charge non seulement le VIH, mais aussi d'autres maladies qui touchent la population. Comme ça, les gens n'auront pas besoin de parcourir de longues distances à pied et de faire la queue pendant des heures », a déclaré Linda Mafu, coordinatrice régionale du service Afrique de la Campagne mondiale contre le sida, une coalition mondiale d'organismes de la société civile nationale, régionale et internationale.

M. Okello a évoqué une initiative entreprise en Ouganda en vue de réduire les frais de transport des patients. « Les personnes séropositives se rendent au centre de santé tous les trois mois, sauf cas d'urgence, et nomment une personne chargée de leur apporter des médicaments au village, une fois par mois », a-t-il expliqué. « Les innovations de ce type ne peuvent venir que de la communauté, car les habitants connaissent leur situation ».

Dans son rapport, l'ONG prévoit, pour le long terme, un secteur de la santé publique efficace, qui permettra aux patients de bénéficier de services VIH ; dans un avenir proche, toutefois, le secteur privé et l'intervention des ONG resteront nécessaires dans le domaine des services VIH, peut-on également lire dans le rapport.

« Un grand nombre de personnes, y compris les personnes les plus vulnérables au VIH, telles que les travailleurs du sexe, choisissent actuellement de ne pas avoir recours au système de santé publique », selon le rapport. « Si l'on retarde les programmes de lutte contre le VIH en attendant que des systèmes de santé plus efficaces soient mis en place, le bilan des décès liés au sida sera lourd ».

La présentation du rapport survient à l'approche du Sommet mondial des citoyens pour la mobilisation sociale en vue de l'éradication du sida, une rencontre qui réunira les organismes de la société civile, les organismes de développement internationaux, les organisations communautaires et les réseaux de personnes touchées par le VIH, et se tiendra à Nairobi pour débattre de l'adoption d'approches axées sur l'élément humain pour lutter contre la pandémie.

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