mercredi 3 juin 2009

cadeau empoisonné de manuels scolaires

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Belgique/Congo : un nouveau cadeau empoisonné de la Belgique à la RDC : 8 millions de manuels scolaires.

Au mois de mai, les contribuables belges apprenaient avec stupeur que leur Gouvernement venait d’asséner, en leur nom, un nouveau coup de massue à l’enseignement congolais et aux éditeurs de manuels scolaires. En 2006 déjà,
5 millions de manuels de 5è et 6è primaires avaient été parachutés dans tout le Congo par la Coopération belge sans tenir compte ni des manuels existants ni des éditeurs congolais. Mais cette fois, avec 8 millions de manuels de 3è et 4è primaires, l’économie occidentale pénètre de force non seulement le marché congolais de l’édition mais, surtout, elle tente de façonner les cerveaux des jeunes à la philosophie et à la logique occidentale du marché.

En effet, l’analyse montre que ce sont les manuels français destinés à leurs anciennes colonies qui ont été retravaillés en commettant quelques grossières erreurs de fond. Mais le plus pervers, c’est la philosophie générale de ces manuels au titre évocateur de Champions ! Ce genre de manuel fabrique des jeunes champions dont les fantasmes sont dirigés non pas vers les valeurs africaines de la solidarité, du travail, de la famille et de la fidélité mais vers la compétition et la manière de vivre à l’européenne : vivre en ville, consommer européen (la moambe en boîte est meilleure que celle faite par maman !), utiliser le préservatif (à neuf ans !), voyager au paradis européen… D’une manière pernicieuse, on tente de façonner ces futurs adultes au mode de vie occidental, en négligeant les valeurs du pays dans
lequel ils vivent.

Il apparaît clairement qu’il s’agit là d’une stratégie par laquelle le marché libre s’allie à l’Etat non seulement pour éliminer du marché la production locale des manuels scolaires mais également pour influencer les mentalités. Dans toute l’Afrique francophone, la RDC a toujours été réputée pour la qualité de ses manuels scolaires parce que élaborés, corrigés et imprimés au pays ainsi que les manuels du professeur.

Comment en est-on arrivé là ?

Malgré tous leurs efforts, les imprimeurs congolais ont été systématiquement
écartés de ce marché, car l’appel d’offre international lancé par la
Belgique fut continuellement révisé en laissant peu de temps aux candidats
congolais pour réagir.

Mais cette fois, comble du ridicule, une maison d’édition belge très connue, qui manigance depuis une trentaine d’années pour s’imposer au Congo, a raté le marché qui est passé au Canada et à Hachette (EDICEF). Depuis, ils ont intenté un procès en vue d’obtenir le marché !

La Banque mondiale offre une alternative.

Dans cette lutte pour un enseignement porteur de valeurs éducatives , un autre appel d’offre a été émis par la Banque Mondiale pour les manuels de 1è et 2è primaires. Heureusement cette fois, c’est le Centre de Recherches Pédagogiques de Kinshasa, en partenariat avec les éditions françaises BELIN qui ont remporté le marché. Cette fois, l’auteur de ces manuels est un ancien ministre congolais de l’enseignement, et rien que le titre du manuel A la Fontaine montre clairement que l’orientation est tout autre.

Pour AEFJN