mercredi 3 juin 2009

DROITS HUMAINS: La récession entraîne la répression

Sanjay Suri LONDRES, 29 mai (IPS)

La crise économique mondiale met également en danger le respect des droits humains dans le monde en danger, d’après Irène Khan, secrétaire générale d'Amnesty International qui a pris la parole lors de la présentation du rapport de l’association sur l’état des droits de l'Homme en 2009.
« La crise économique aggrave les problèmes liés aux droits de l'Homme comme la marginalisation des peuples autochtones, l'expulsion forcée des bidonvilles et le problème des réfugiés et des migrants », estime la secrétaire générale.

Mais la crise apporte aussi de problèmes nouveaux. Ainsi, l'année passée, dans 17 pays les gens sont descendus dans les rues pour organiser des protestations. Cela a conduit les gouvernements, en particulier des gouvernements autoritaires, à réagir fortement. « Il y a eu des victimes en Tunisie et au Cameroun et surtout une réaction excessive de la police en Egypte, du Mali et du Sénégal. Nous voyons donc que la récession entraîne la répression », ajoute Irène Khan.

En plus de la répression des personnes touchées par la crise, le malaise économique fait que les questions liés aux droits humains ne sont pas dûment prises en considération alors qu’il s’agit de problèmes graves comme la violence exercée contre les femmes et les conflits armés au Darfour, en Somalie, au Congo, en Afghanistan et au Pakistan.

D’abord les marchés sur la bonne voie ?
« Les gouvernements veulent d’abord remettre les marchés sur les rails mais mettre l’accent sur les marchés ne permet pas de résoudre les problèmes humains. Si vous ne mettez pas l'accent sur la restauration des grandes entreprises et des banques, vous manquez de répondre aux besoins des pauvres. Si vous ne faites rien contre la pauvreté, il faudra conclure que votre plan économique n'est pas durable », conclut la responsable d’Amnesty.

Amnesty International considère la crise comme un deuxième coup dur pour les droits de l'Homme à travers le monde après l'érosion de ces droits suite aux attentats du 11 septembre 2001. « A l’époque, nous avions constaté que les gouvernements invoquaient des problèmes de sécurité pour affaiblir les droits de l'Homme. Aujourd’hui, nous voyons la même chose avec la crise économique », dit-elle.

Exigez la dignité
Amnesty lance donc la campagne Demand-Dignity (Exigez la dignité) pour sauvegarder les droits humains qui sont menacés par la crise économique. « Avec cette campagne, nous voulons mettre fin aux violations des droits humains qui créent la pauvreté ou qui tentent de maintenir les gens dans la pauvreté. Nous considérons la pauvreté non seulement comme un problème liés aux revenus mais aussi comme une question de droits humains », précise-t-elle.

Amnesty veut mettre l'accent sur les populations victimes de la violence des bidonvilles sont déplacés. L'organisation voudrait également aider les femmes à décider elles-mêmes en matière de planification familiale et de droits sexuels. Le thème sous-jacent à cette revendication est de l'autonomisation des personnes vivant dans la pauvreté. « La meilleure stratégie pour cela est de promouvoir la voix, la transparence et la responsabilisation des gouvernements afin d’offrir aux gens une meilleure participation aux décisions qui les concernent. »

(FIN/IPS/2009)