vendredi 20 mars 2009

RDC : REVUE DE LA PRESSE CONGOLAISE

18/03/09 / (CongoForum)

On assiste bien entendu à la suite du « feuilleton Kamerhe » qui réserve
sans doute encore quelques rebondissements… L’actualité reste dominée par le
désaveu jeté sur le président de l’Assemblée nationale, Vital Kamerhe, par
sa famille politique, l’AMP , qui entend faire aboutir sa décision de le
faire démissionner. * *

Après le boycott de la séance d’ouverture, « *L’AMP d’accord pour la
conférence des présidents conduite par Kamerhe* », titre en manchette *Le
Palmarès*.
Selon ce journal, l’horizon politique congolais tend à s’éclaircir après le
ballet politique le week-end dernier entre Kinshasa et Goma. L’AMP annonce
sa participation à la prochaine plénière ainsi qu’à la Conférence des
présidents des différents groupes parlementaires, rapporte le confrère en
soulignant que l’audition des différents rapports finie, *le magistrat
suprême a souverainement décidé de donner une nouvelle chance à la stabilité
institutionnelle ainsi qu’à la démocratie au pays*.
(Cette formulation ampoulée signifie que, d’après les informations dont on
dispose au *Palmarès*, la décision de prendre une courbe rentrante aurait
été prise par JK lui-même qui – bien que théoriquement « au dessus des
partis » - ne peut éviter de se mêler quelque peu de ce qui se passe dans
une Alliance qui se veut « Présidentielle ». On pourrait aussi y voir une
« réponse du berger à la bergère », dans la mesure où le discours habile,
complexe et détaillé de Kamerhe a interprété tous les faits de manières très
- peut-être faudrait-il dire « exagérément » - favorable au Président, dans
la mesure où il a présenté comme relevant du Gouvernement des actes qui
semblent bien avoir été posés par le Président seul. Ce qui, soit dit en
passant, donne bonne mine à Lambert Mende, qui a empêché la diffusion d’un
discours d’ouverture où JK se voyait gratifié de quelques gerbes de fleurs !
Reste à savoir si l’injonction a été purement tactique – de manière à
obtenir la démission de Kamerhe à moindre frais- ou si elle a une portée
plus large. NdlR)

C’est la question que se pose *La Référence+, *laquelle se demande d’où
vient ce revirement spectaculaire de l’Alliance de la majorité
présidentielle et note que l’AMP a tenu une réunion lundi dernier, jour de
la rentrée parlementaire, à son siège de la Gombe, après le boycott de
l’ouverture de la session de mars.
La plate-forme présidentielle est prête à prendre part à la conférence de
présidents pour discuter de l’ordre du jour de cette session, a confié M.
Aubin Minaku, l’actuel porte-parole de l’AMP. A l’en croire, les députés de
l’AMP présenteront les griefs portés à la charge de Vital Kamerhe à la
plénière de l’Assemblée nationale. Pour lui, il y aura un débat et au terme
de celui-ci un vote suivra. (Cela revient à une capitulation en rase
campagne de l’AMP qui reconnaît par le fait même l’inanité de son boycott de
la séance d’ouverture et l’invalidité de sa prétention à « l’effet
immédiat » de son désaveu de Kamerhe. NdlR)

C‘est sans doute ce que veut dire *le Phare* qui note que Vital Kamerhe a
réussi à profiter des avantages qu’offre la loi pour imprimer son tempo et
rédiger son propre scénario d’abandon de ses charges. Un exercice délicat,
rapporte le confrère, dont Kamerhe s’est acquitté avec un brio qui a surpris
même ses plus farouches adversaires.
(C’est un autre aspect du problème : l’AMP se prive d’un Président de la
Chambre dont la finesse et l’habileté manœuvrière lui ont rendu les plus
grands services. On a peut-être insuffisamment compris que ce que l’on
appelé la « sympathie », voire le « flirt » de Kamerhe avec l’opposition a
consisté en fait à désarmer celle-ci en la laissant exercer pleinement ses
droits. Il y a certainement à l’AMP d’autres hommes intelligents et souples.
Encore faudrait-il, d’abord, qu’ils aient le genre d’intelligence et de
souplesse que le Président sortant – ou « sorti » - possède à un degré
éminent. D’autant plus que l’action contre Kamerhe émane des « rhinocéros »,
qui risquent d’y aller avec des sandales de plomb, là où faut une légèreté
de ballerine. Or, quand on n’accepte pas les discours à la Chambre, l’on
risque d’entendre gueuler dans la rue… NdlR)

Pour *l’Observateur* , « *Aveuglée par sa haine de Kamerhe, l'AMP fait le lit
de l'opposition* ».

Et de préciser : « *C'est du jamais vu ce qui se passe dans ce pays où la
majorité se comporte comme si elle était dans l'opposition. Comme maître
Jourdain qui faisait de la prose sans le savoir, l'AMP fait ostensiblement
de l'opposition sans le savoir, non plus. C'est l'opposition qui se montre
respectueuse du droit, alors que la majorité, sans raison majeure évidente,
se vautre dans les marigots de la politique politicienne comme on sait bien
le faire ici. »
**Ces propos à la Une sont précisés dans un autre article, dû à Xavier
Mirindi Kiriza et invitant l’AMP à faire preuve de mémoire :
*« *A l'heure qu'il est, le parti unique et ses méthodes n'inspirent plus
que mépris et révolte. Pour la bonne et simple raison que la terre entière
s'organise, du mieux qu'elle peut, pour que la démocratie ne soit plus,
comme hier, une conquête et un bien de quelques peuples et de quelques
nations, mais une conquête et un bien universels.
En voyant vivre l'Amp, l'on se pose la question de savoir si les dirigeants
de celle-ci réalisent réellement que cette avancée démocratique, contre
laquelle ils semblent mener un combat d'arrière-garde, n'est plus une simple
vue d'esprit, mais une réalité qui crève les yeux en s'imposant.
Dans le cas contraire, ces dirigeants ont oublié une grande leçon de notre
histoire. La voici : pour avoir engagé le même combat contre une évolution
irréversible, le Mpr, Parti-Etat entreprit, ipso facto, de creuser sa propre
tombe. En créant, dans ses propres rangs, des Moïse, des héros, des
résistants et nous en oublions !

Entre 1990 et 1993, grâce à l'immense crédit dont il jouissait déjà auprès
des Congolais, Zaïrois à l'époque, Tshisekedi eût arraché à Mobutu son
fauteuil. Malheureusement, incapable de se dépouiller lui-même de son vieil
homme du mobutisme, d'une part, et d'écouter le peuple et les sages, du
dedans et du dehors, qui lui conseillaient de prendre le risque d'accepter
d'affronter Mobutu dans les urnes, d'autre part, Tshisekedi rata bêtement
son rendez-vous avec l'histoire. Un vrai parangon de Hannibal sachant
vaincre mais ne sachant jamais profiter de ses victoires. Aujourd'hui, tout
se passe comme si l'Amp brûlait d'envie de créer ses propres Moïse
congolais. Cependant, rien ne nous dit que ces derniers seront d'autres
Hannibal.* »

*L’Avenir* se trouve encore une fois contraint de prendre un virage sur
l’aile par rapport à ses propos sur le « politicien chauve-souris ». Certes,
il titre encore « *Les dernières convulsions de Vital Kamerhe* », mais cette
agonie ne semble pas devoir mener à une fin définitive, puisque
*L’Avenir*souligne que l’Amp ne demande pas à Kamerhe de démissionner
comme député
mais comme président de l’Assemblée nationale.
Pour ce journal, Thomas Luhaka, député Mlc, a raison lorsqu’il parle d’un
problème interne à régler au sein de la coalition. (L’Opposition a raison !
On croirait entendre ital Kamerhe ! NdlR)

Dans un article publié dans ses pages intérieures sous l’intitulé : « *Et
si Kabila se montrait neutre….* », *Le Potentiel* note que par deux fois, à
la ferme de Kingakati à Kinshasa et dans sa résidence officielle à Beni, le
président de la République a affiché une attitude très calme et impassible,
comme il en a le secret, face au déballage engagé avec acharnement par
certains membres du bureau politique du Pprd contre le président de
l’Assemblée nationale, Vital Kamerhe. Pour ce journal, la première
impression qui se dégage est J. Kabila se réserve le droit de trancher
impérativement en dernier ressort sur cette guéguerre dans sa cour, laquelle
commence à le lasser si pas l’irriter, au moment où il attend de ses proches
collaborateurs un meilleur rendement devant l’immense tâche de
reconstruction du pays après le retour (très relatif !) de la paix à l’Est.
(D’après Colette Braeckman, Joseph Kabila est un homme qu’on sous-estime.
Peut être, mais il faut bien admettre que si un talent lui manque, c’est
bien celui de communiquer ! Sa « majestueuse réserve », quand il s’y tient,
le préserve au moins des retombées de sa propre maladresse. Si l’alliance
rwandaise était inéluctable et un certain secret, inévitable, pourquoi ne
pas avoir fait annoncer la chose par les Ministres dont c’est la fonction ?
NdlR)

« *Et si Kamerhe retournait sa veste ?* », s’interroge *AfricaNews* ,.qui
souligne que rien aujourd’hui ne semble plus connecter Vital Kamerhe à sa
famille politique. Tout les sépare. Kamerhe est-il prêt à franchir le
Rubicon pour se positionner comme chef de file d’une opposition décapitée et
en quête d’un second souffle ? *AfricaNews* soutient que les faits et gestes
du concerné ne rassurent guère quant à une probable réconciliation des cœurs
après toute la brouille ayant caractérisé sa problématique démission. Ce
journal rappelle que plus d’une fois, Kamerhe s’est mis en porte-à-faux face
aux idéaux de son parti et de sa famille politique. La mutation se réglait
proprement, lentement de sorte qu’aujourd’hui, affirme *AfricaNews* , tout
retournement de veste, ne saurait émouvoir les esprits lucides qui savent
décrypter les signes du temps.
(Les diplomates se font facilement soupçonner d’être sournois, voire félons.
Ils ont pourtant l’avantage que leurs victoires ne font pas de dégâts,
contrairement à celles que l’on arrache à la massue ! Est-ce un tort de
servir sa famille politique avec subtilité, quand on est né subtil ? NdlR)

Dans *Forum des As, *José Nawej* *gratifie ceux qui suivent ses « Billets »
d’un jeu de mots en donnant des « *Conseils vitaux à Vital* » , conseils qui
tiennent beaucoup du panégyrique : « *Autant le reconnaître tout de go.
Vital Kamerhe n’est pas un diable. Il est à mille lieues du prototype de la
médiocrité politique zaïro-congolaise. Mieux, le jusqu’alors président de la
Chambre des représentants a de l’envergure. Il a de l’étoffe.
En deux ans de présidence de l’Assemblée nationale, Vital Kamerhe a mis tout
le monde d’accord sur sa capacité à tenir la Chambre. Auparavant, il avait
donné toute la mesure de son entregent, de son dynamisme lors des
négociations inter congolaises et à l’occasion de la campagne électorale de
2006.
Ces combats-là, Kamerhe les a gagnés. Bref, qu’on l’aime ou qu’on ne l’aime
pas, Vital Kamerhe est une valeur sûre de l’espace politique congolais.
Seulement voilà, en politique, plus qu’ailleurs la loi de rapports de force
est immuable. Même si, en l’occurrence, Vital Kamerhe n’a pas tout le droit
contre lui. Mais quelque part, il est dit que la politique précède le droit.
Sinon, on fait du juridisme.
Toujours en politique plus qu’ailleurs, il faut éviter de livrer un combat
de trop. Au risque de rater sa sortie. Pour un acteur qui a encore l’avenir
devant lui, ces constantes de la vie politique sont à méditer*. »

© CongoForum, le mercredi 18 mars 2009